Santé physique

Les femmes sont davantage exposées aux dangers des pesticides

Les femmes sont davantage exposées aux dangers des pesticides.

© Aldo Pavan

Si l'Atlas des pesticides, publié pour la première fois en langue française, révèle les cultures faisant le plus l'objet d'épandages, ce passionnant document pointe une autre problématique d'envergure internationale : les inégalités de genre en matière d'exposition aux dangers des pesticides.

Quand on parle d'agriculture, on a souvent à l'esprit l'image de l'homme qui cultive les champs et de sa femme qui gère la maison et la comptabilité. Or si les schémas de vie des couples agriculteurs sont bien plus nuancés que ce cliché, il y a une réalité face à l'usage des pesticides : les femmes sont davantage exposées aux dangers des produits chimiques quand on envisage la problématique à l'échelle de la planète.

La répartition des tâches et le manque d'alphabétisation les fragilisent

L'Atlas des pesticides, concocté par la Fondation Heinrich Böll, Friends of the Earth Europe, BUND, le Pesticide Action Network Europe et La Fabrique écologique, aborde cette épineuse question souvent peu relayée alors que près de 70% des femmes salariées en Asie du Sud et plus de 60% en Afrique subsaharienne travaillent dans l'agriculture. "Leur participation à ce secteur est sans doute sous-estimée", indique même ce document riche en chiffres clés et en infographies, ajoutant que "l’agriculture de subsistance, les tâches familiales non payées et le travail saisonnier, qui incombent souvent aux femmes et aux filles, ne sont généralement pas pris en compte".

Concrètement, on parle de plantations de café en Afrique du Sud, de bananeraies au Costa Rica ou de champs de culture de fleurs au Kenya. Dans ce dernier cas, l'Atlas donne un exemple très concret sur la façon dont les femmes sont exposées aux dangers des pesticides de manière insidieuse.

Elles s'occupent de désherber ou de préparer les fleurs en les coupant et en les emballant, sans protection.

Les femmes "présentent plus souvent des symptômes d’empoisonnement que les hommes, chargés de la pulvérisation des pesticides", révèle le document.

L'autre problématique, c'est le manque d'instruction. Au Népal, 75% des femmes qui travaillent dans l'agriculture ne peuvent ni lire ni comprendre la toxicité des produits signalée par les étiquettes. Pourtant, elles sont 66% à décider de l'utilisation de pesticides.

Elles sont plus vulnérables biologiquement

Cette inégalité de genre face aux dangers des pesticides est une sérieuse problématique de santé parce que le corps d'une femme n'est pas exposé de la même manière que celui d'un homme. "Les personnes de sexe féminin ayant généralement une plus grande proportion de masse grasse, elles sont plus susceptibles de stocker les polluants qui s’accumulent dans les tissus adipeux", révèle l'Atlas.

Par ailleurs, elles sont davantage vulnérables face aux produits repérés comme des perturbateurs endocriniens. Pourquoi ? Les femmes disposent "de plus de tissus sensibles aux hormones". Pour les associations écologistes et organismes de défense de l'environnement qui ont écrit ce rapport, l'usage de pesticides n'est pas étranger au développement de l'endométriose, cette maladie qui peut entraîner d'intenses douleurs durant les périodes menstruelles et l'infertilité.

Cette réalité est d'autant plus un problème que l'on estime à 385 millions le nombre d'intoxications aiguës et non intentionnelles par les pesticides chaque année. "Toutefois, les chiffres ne permettent pas d’estimer le taux d’incidence de ces empoisonnements chez les femmes car la recherche sur la santé au travail manque de données ventilées par sexe et de perspectives de genre", alerte l'Atlas.

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