Coronavirus

Les enfants plus sensibles à Omicron ? Plutôt une conséquence de la contagiosité élevée du variant, selon des premières observations

© Getty Images

Par Adeline Louvigny avec C. Biourge

Des certitudes autour d’Omicron, il n’y en a qu’une : sa contagiosité est plus élevée que ses prédécesseurs (la communauté scientifique doit encore déterminer à quel point il est plus transmissible que le variant Delta). Des tendances, quelques-unes : B.1.1.529, de son petit nom phylogénétique, serait à priori moins dangereux. Plusieurs études partagent des chiffres rassurants (de 50 à 70% moins de risque d’être hospitalisé sous Omicron que sous Delta, selon la dernière étude britannique), mais les incertitudes sont élevées, vu le nombre d’hospitalisations limitées sur lesquelles se baser.

Par contre, il serait capable d’éviter une immunité développée via les vaccins ou développée depuis une infection à un autre variant.

Des premières données, venant aussi du Royaume-Uni, laissent penser que l’efficacité du booster vaccinal s’estomperait de 10% à 25% déjà après dix semaines : des données à prendre avec prudence, qui doivent encore se confirmer (ou s’infirmer) dans les prochaines semaines.


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Conséquence de la prise de pouvoir de ce variant aux multiples mutations, le nombre de contaminations grimpe en flèche dans plusieurs pays. Avec cette fois une alerte particulière, venant des services pédiatriques de certains hôpitaux : une augmentation des hospitalisations des enfants, une tranche d’âge jusqu’ici relativement épargnée par le Covid-19.

Est-ce simplement un effet statistique, vu que le nombre de cas explose, ou le variant Omicron serait-il susceptible d’infecter plus sérieusement les enfants ? Tour d’horizon des données disponibles, en Afrique du Sud, États-Unis, Royaume-Uni, France, et Belgique.

L’envolée des contaminations sous Omicron

Avant d’analyser les données sur les tranches d’âge entre 0 et 17 ans, petit état des lieux de la situation épidémiologique dans ces pays.

  • Afrique du Sud, là où le variant a été identifié le 24 novembre. Omicron a généré une vague de contaminations plus importante que toutes les précédentes, et est devenu dominant en deux semaines à peine après son identification. Il a engendré une croissance exponentielle des cas, qui a atteint un pic vers la mi-décembre, tandis que les admissions à l’hôpital viennent d’atteindre un plateau.
  • En France, au Royaume-Uni et aux États-Unis les contaminations sont dans une courbe quasi exponentielle, atteignant des chiffres quotidiens records. L’Hexagone a ainsi passé le seuil symbolique des 100.000 contaminations par jour. Les hospitalisations françaises ont augmenté, depuis mi-octobre, pour atteindre récemment un plateau, tandis qu’Outre-Manche (où la vaccination est plus avancée), le nombre d’hospitalisations augmente légèrement, à partir niveau qui est resté plutôt élevé depuis fin juillet. Aux États-Unis, l’augmentation des admissions a commencé plus tard, début novembre, et est toujours dans une logique ascendante.
  • En Belgique, nous sortons à peine de notre quatrième vague que les experts prédisent l’arrivée imminente d’une cinquième due à Omicron, passé dominant durant le week-end de Noël.
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Afrique du Sud : une augmentation liée à la croissance globale des contaminations

Déjà fin novembre, les autorités sud-africaines avaient remarqué un nombre de cas plus importants qu’auparavant chez les jeunes enfants, tout spécialement les plus jeunes. Ainsi, dans le district de Tshwane, particulièrement touché par la vague Omicron, les moins de deux ans étaient le groupe d’âge comptant le plus d’admissions entre le 14 et le 28 novembre.

Pour expliquer cette prévalence importante des enfants plus jeunes, les spécialistes et pédiatres avancent alors plusieurs raisons.

On admet plus facilement un jeune enfant à l’hôpital qu’un adulte, pour des symptômes similaires. Waasila Jassat, spécialiste en santé publique, a ainsi déclaré à nos collègues de Bloomberg : "Les gens sont plus susceptibles d’admettre les enfants par précaution, car si vous les traitez à la maison, quelque chose peut mal tourner – surtout les très jeunes enfants, car la proportion de décès est plus élevée."

Le variant Omicron s’est tellement répandu dans la population qu’un nombre élevé de personnes admises à l’hôpital, pour d’autres raisons que le covid, se révèlent positives. Un pédiatre d’un hôpital de Soweto déclarait, début décembre au New York Times, que "ce qui est effrayant maintenant, c’est que la proportion de patients positifs parmi ceux qui sont admis est très élevée."

Enfin, les jeunes enfants sont la population la moins bien vaccinée, dont le système immunitaire est encore en pleine construction.

Une étude récemment publiée en preprint (donc en attente d’être relue par les pairs — peer-reviewed — et d’être publiée dans un journal scientifique) a analysé les chiffres et a conclu que la percée des hospitalisations chez les plus jeunes dans le district de Tshwane était "le reflet d’une transmission communautaire élevée". Plus les contaminations augmentent, plus la probabilité que les plus jeunes augmente, tout particulièrement dans une population peu vaccinée.

États-Unis : des symptômes proches du rhume, plutôt bénins

Du côté de chez l’Oncle Sam, où les hospitalisations sont encore en train de grimper, cet effet sur les plus jeunes se marque particulièrement dans les États de New York, d’Ohio et de Pennsylvanie. Ainsi, le nombre d’hospitalisations pédiatriques dans la ville de New York a quadruplé en deux semaines, dont la moitié des admissions pour des enfants de moins de cinq ans.

Ici, les pédiatres remarquent que les symptômes dus à Omicron se rapprochent de ceux de la grippe ou du rhume, alors qu’auparavant, les symptômes typiques chez les enfants étaient maux de ventre, de tête, et perte de goût et/ou d’odorat. Mais heureusement, ces symptômes sont très souvent légers : "ils ne semblent pas souffrir de maladies graves, ni avoir besoin d’interventions ou de traitements", commente un pédiatre d’un hôpital de Pennsylvanie dans un article du Washington Post. Et d’ajouter que le taux de positivé est extrêmement élevé dans de nombreuses écoles, "de 20% à 30%", et que donc la probabilité que ces enfants développent des symptômes est statistiquement plus élevée.

"Les hospitalisations d’enfants sont deux fois plus nombreuses qu’au pic précédent, l’hiver dernier, et le plus élevé de la pandémie, mais elles ne représentent encore qu’une petite fraction de toutes les personnes infectées" ajoute-t-il. Un effet des mesures sanitaires moins rigides autour des enfants et des écoles, par rapport à l’automne-hiver 2020, où les vaccins n’étaient pas encore commercialisés.

France : un appel à reporter la rentrée scolaire du 3 janvier

Ce dimanche 26 décembre, une cinquantaine de professionnels de la Santé ont demandé, dans une lettre ouverte, des mesures urgentes au gouvernement français pour réduire la circulation du virus parmi les enfants et adolescents, arguant que "les hospitalisations d’enfants en services conventionnels et en soins intensifs, ont dépassé les pics de toutes les vagues précédentes, avec plus de 800 enfants de moins de 10 ans et 300 adolescents de 10 à 19 ans hospitalisés en six semaines, et ces chiffres ne cessent d’augmenter". Ils veulent un report de la rentrée scolaire, et un recours massif à l’enseignement à distance.

Cette lettre ouverte illustre la tension actuelle sur le système de santé français, et l’impact de la vitesse circulation du virus au sein des jeunes, dans le milieu scolaire et familial.

Belgique : pas d’augmentation notable

En Belgique, les données nationales d’hospitalisation ne montrent aucun sursaut du côté des moins de 17 ans, mais les données mettent plusieurs jours à être consolidées.

Ce 26 décembre, l’AZ Damiaan d’Ostende a émis un signal d’alerte, ayant admis plus d’enfants que jamais pour Covid-19. Contactés par nos soins, différents pédiatres d’hôpitaux bruxellois et namurois n’ont quant à eux pas observé d’augmentation notable ces derniers jours. "On est passé d’1.8% à 3% chez les moins de 5 ans, c’est vrai que ça a un petit peu augmenté" détaille David Tuerlinckx, chef du service pédiatrie du CHU Dinant-Godinne. Ça reflète que le virus circule plus chez les enfants, car par rapport à l’année dernière, clairement on a plus de jeunes enfants. Mais ce n’est pas sévère : chez nous, aucun n’a dû aller en soins intensifs. Pour moi, ça ressemble très fort à la grippe du nourrisson." Il ne faut donc pas s’inquiéter dans notre pays, même si la vigilance rester de mise.

Extrait JT du 24 décembre :

Omicron : moins dangereux mais plus contagieux

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