Ces écrits-paysans de la période 1650-1850 nous éclairent sur les innovations dans le domaine agricole : nouvelles variétés céréalières, nouvelles techniques, comme la suppression de la jachère au profit de plantes oléagineuses telles que le lin, le colza, le trèfle.
Ils relatent aussi l’importante mobilité de la main d’oeuvre, parfois gênante pour les exploitations agricoles. C’est dû au fait que les salaires restent faibles au 18e siècle, et que les emplois de domestiques sont perçus comme temporaires, le temps de trouver quelque chose de mieux rémunéré. Les exploitants manifestent une forme d’empathie à l’égard de leur main d’oeuvre, dont dépendent la rentabilité et la bonne réputation de leur ferme.
Le fait de pouvoir suivre une exploitation agricole sur le temps long permet d’observer une augmentation sensible de la productivité et une ouverture au progrès au fil des décennies, sans qu’on puisse parler toutefois d’une véritable révolution agricole.
C’est le cas pour le domaine du Reposoir, dans le Genevois. Les Pictet, une famille patricienne, ont mis un grand soin dans la rédaction de ces registres, sur trois générations entre 1731 et 1812, avec la volonté de transmettre leur fonctionnement à leur descendance et de garder la mémoire d’événements personnels. Ils y mentionnent leurs activités : les céréales, la vigne, mais aussi l’élevage bovin, le lait devenant au 18e siècle un produit d’usage courant, et non plus uniquement réservé aux malades et aux enfants.
Ecoutez leur histoire racontée par Fulgence Delleaux.