Les éco-émotions : comment la crise environnementale affecte nos sentiments et nos actions

L’anxiété provoquée par les changements climatiques et la crise écologique est une réalité croissante.

Connue sous le nom d’Éco anxiété, elle peut avoir un impact considérable sur la santé mentale. Des recherches récentes ont établi un lien entre l’Éco anxiété et des problèmes tels que la dépression, le stress, l’anxiété et la toxicomanie.

Bien que ce concept soit de plus en plus reconnu, il est important de noter qu’il peut également avoir des limites.

Ce discours place la responsabilité de la pathologie sur l’individu lui-même. Pourtant, l’Éco anxiété n’est souvent qu’une réaction normale à la réalité d’un changement majeur qui menace le monde tel que nous le connaissons.

Il est important de rappeler que l’anxiété est un processus naturel qui permet aux êtres vivants de réagir efficacement face aux menaces potentielles. Cette capacité est vitale pour notre survie et a évolué au fil du temps pour devenir une réponse adaptative à notre environnement.

L’Eco- anxiété pourrait être considérée comme un catalyseur pour encourager des attitudes respectueuses de l’environnement. En fait, plutôt que de considérer l’anxiété comme un trouble, nous pourrions parler de clairvoyance environnementale – l’éco-clairvoyance.

Néanmoins, il convient de souligner que si l’anxiété est si forte qu’elle paralyse plutôt que de motiver, elle peut en effet entraîner des troubles de santé mentale.

En fin de compte, il existe une forme d’anxiété adaptative qui favorise des comportements de préservation de l’environnement (l’éco-clairvoyance), tandis qu’une anxiété mal adaptée, submergeante, peut en effet aggraver les troubles de santé mentale.

Comment pouvons-nous être motivés plutôt que paralysés par l’Éco anxiété ?

Pour répondre à cette question, il est essentiel d’aborder le concept d’éco-émotions, développé par le Finlandais Panu Pihkala. Les éco-émotions sont des émotions et des sentiments suscités par les problématiques environnementales, comme leur nom l’indique.

Selon les spécialistes, il existe quatre grands types d’émotions liées à la crise écologique, en fonction de leur polarité et de leur capacité à inciter à l’action ou à la paralysie mentale :

• Les émotions positives qui motivent à agir, telles que l’espoir et la combativité.
• Les émotions positives qui n’incitent pas à l’action, telles que l’apaisement et l’indifférence.
• Les émotions négatives qui motivent à agir, telles que l’anxiété, la culpabilité et la colère.
• Les émotions négatives qui ne motivent pas à agir, telles que le découragement, la tristesse, la résignation et le désespoir.

Il n’y a pas de réactions émotionnelles bonnes ou mauvaises en soi, mais il est essentiel de ne pas rester bloqué dans une seule émotion. Au contraire, il est préférable de naviguer entre ces quatre pôles en fonction de nos besoins et de notre niveau d’énergie.

Pouvoir canaliser ses émotions face à la crise environnementale peut être un véritable défi pour de nombreuses personnes.

Mais selon une étude australienne menée en 2022, certaines émotions peuvent être plus bénéfiques que d’autres. Ainsi, l’éco-colère serait liée à une réduction de la dépression, de l’anxiété et du stress, favorisant ainsi le bien-être de l’individu.

Les émotions motrices qui poussent à agir pour préserver l’environnement, tant à l’échelle individuelle que collective, sont également importantes. Il est cependant essentiel de souligner que la colère ne doit pas être confondue avec la violence ou le passage à l’acte.

Il est vrai qu’il est difficile de rester constamment en colère. L’idée est plutôt de naviguer entre les différentes émotions qui sont toutes utiles.

L’indifférence peut faire du bien car elle permet de se reposer, la colère pousse à l’action, l’espoir apporte de l’optimisme et la résignation permet de prendre du recul.

Cependant, rester coincé dans une seule émotion peut être contre-productif. Il est important de souligner que les émotions négatives qui paralysent sont celles qui ont le plus d’impact sur la santé mentale, comme les idées noires ou la dépression.

Voici quelques pistes à explorer :

• Verbaliser ses émotions en s’adressant à des amis, un professionnel de santé mentale ou des membres de sa famille ;
• Réguler ses émotions en pratiquant des activités sportives ou de méditation, qui permettent de libérer les tensions et de se reconnecter au présent ;
• S’engager dans des actions individuelles ou collectives pour l’environnement, afin de lutter contre le désespoir et de développer la résilience ;
• Se reconnecter à la nature et renouer avec ses bienfaits ;
• Reprendre le contrôle sur ce que l’on peut, tout en apprenant à lâcher prise sur ce qui échappe à notre contrôle ;
• Soutenir les jeunes et leur donner une place d’importance en écoutant leurs suggestions et en les impliquant dans des projets concrets ;
• Rendre visible ses comportements éco-responsables pour inspirer les autres, par exemple en affichant un message comme "Ici, on économise l’eau" sur une pelouse non arrosée en été ;
• Promouvoir l’équité en exigeant que les actions en faveur de l’environnement soient appliquées à toutes les classes sociales, y compris les plus aisées (par exemple, en interdisant les vols en jet privé).

Retrouvez "La Grande Forme" en direct du lundi au vendredi de 13 heures à 14h30 sur VivaCité. Vous avez manqué l’émission ? Nous vous invitons à la revoir sur Auvio ainsi que sur différentes plateformes de Podcast.