"Les Dragons" de Jérôme Colin : un cri d’amour et d’espoir pour les jeunes en détresse

L’obsession de l’auteur est bien de raconter une histoire d’amour. Mais c’est dans un cadre sensé qu’il a souhaité intégrer cette histoire. Interpellé par les terribles statistiques concernant la santé mentale des jeunes, Jérôme Colin a vu comme une urgence la nécessité d’en parler. "Depuis la pandémie, les tentatives de suicide des jeunes filles ont augmenté de 50%. Des statistiques qui ne peuvent pas laisser insensible et donc j’ai voulu m’y intéresser" souligne-t-il. Un intérêt poussé à son paroxysme puisque Jérôme ira jusqu’à plonger en immersion dans un centre de soin afin de comprendre au mieux le sujet qui le préoccupe. Une façon pour lui d’interroger les professionnels mais aussi de passer du temps avec ces ados et de comprendre ce qu’ils ressentent. "Questionner ces jeunes sur ce que ce monde leur fait".

Si le personnage de Jérôme s’inspire à plusieurs égards de l’auteur, celui de Colette s’est construit en grande partie grâce à une rencontre exceptionnelle, celle de Nell. Durant son immersion, l’auteur a partagé de nombreux moments avec cette jeune adolescente. Grandement inspirée par cette rencontre, l’écriture de ce livre a été réalisée dans son entièreté en sa présence. "Elle m’avait dit : tu raconteras que ce n’est pas juste à l’adolescence qu’on souffre vraiment et qu’il y a des raisons à cela et j’aimerais que tu les dises", confie Jérôme Colin. Cette jeune fille présente dans le centre de soin a malheureusement décidé de mettre fin à sa vie. C’est donc à sa mémoire que l’animateur dédie son livre qu’il juge "habité par elle".

Ce roman est pour Jérôme Colin l’occasion de soulever la question de notre responsabilité dans ce mal-être. Pourquoi existe-t-il tant de centres ? Pourquoi y a-t-il tant d’exclusion scolaire, de décrochage ? Il était plus que nécessaire pour lui de mettre ces sujets sur la table et de s’interroger sur le sens que l’on pourrait proposer à nos enfants pendant cet apprentissage de 15 années à l’école. Un roman dur, son auteur ne le cache pas. Mais qui ouvre surtout à l’espoir et à la réparation. La sienne, celle de l’enfant qu’il a été. Mais aussi celle de ces jeunes en mettant, par ce livre, le problème de la santé mentale sur la table des politiques.

Jérôme Colin le rappelle, comme John Steinbeck avant lui, l’important est d’avoir quelqu’un à qui parler et de ne pas s’isoler.

"Les Dragons", troisième roman de Jérôme Colin aborde donc un sujet important mis en lumière à travers une histoire poignante dont on ne sort pas indemne. Disponible depuis le 23 août aux éditions Allary.