Des milliers de personnes continuaient à fuir Palma, petite ville portuaire du nord-est du Mozambique tombée aux mains des jihadistes dans la nuit de vendredi à samedi, notamment par bateau, a-t-on appris dimanche auprès d’ONG et de témoins.
"L’attaque avait démarré mercredi 24 mars", explique Wassim Nasr, journaliste, à France 24. "Une centaine de jihadistes ont commencé à s’attaquer à des villages situés à côté de Palma, puis à l’ouest et au nord de la ville, provoquant une grande confusion chez les militaires, qui les attendaient au sud".
Depuis cette première attaque, dans laquelle les groupes armés jihadistes qui terrorisent la province majoritairement musulmane du Cabo Delgado depuis 2017 ont attaqué Palma sur trois fronts simultanés, ses habitants ont pris la fuite par tous les moyens possibles.
Victoire majeure des djihadistes
La situation est aujourd’hui inquiétante, car la ville, située dans le nord-est du Mozambique à seulement dix kilomètres du méga projet gazier piloté par le groupe français Total, est finalement tombée aux mains des jihadistes à l’issue de trois jours de combats. "Les forces gouvernementales se sont retirées de Palma" la nuit dernière, a affirmé une source sécuritaire. "Palma est tenue par les assaillants", a ajouté une autre source qui a requis l’anonymat.
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Pour certains analystes, il pourrait s’agir d’une victoire majeure des djihadistes dans la région.
Certains ont foncé vers les forêts environnantes pour s’y cacher, d’autres se sont dirigés vers les plages où ils sont montés à bord d’embarcations de toutes sortes. D’autres encore ont fui à pied ou en voiture vers le site gazier piloté par Total, situé à une dizaine de kilomètres. Là, ils ont frappé à la porte du périmètre ultra-sécurisé, situé sur la péninsule d’Afungi, pour y trouver un refuge temporaire.
Palma, petit port sur l’océan Indien situé quelques dizaines de km au sud de la frontière tanzanienne, s’est gonflé ces dernières années de plusieurs vagues de personnes déplacées, fuyant les violences jihadistes dans leurs villages du Cabo Delgado. Dernièrement, la ville comptait 75 000 habitants.
"Un bateau est parti du site d’Afungi samedi vers 18h00 (heure locale ndlr) à destination de Pemba", la capitale provinciale, distante d’environ 200 km. A son bord, quelque 1400 personnes, parmi lesquels des personnels non essentiels du site gazier mais surtout des habitants de Palma venus s’y réfugier.
Une panique à Palma visible surtout samedi depuis le ciel, comme le montre la récolte de données du think tank d’analyse des risques maritimes MIRS, relayée sur Twitter hier :