C’était il y a 3 ans. Cécile Ciccarelli obtenait de la justice une victoire importante : la reconnaissance de son père biologique. Elle avait longuement réfléchi avant d’entamer cette démarche, elle avait suivi une analyse au terme de laquelle elle s’était dit qu’elle avait besoin de cela pour avancer : "A l’âge de 40 ans, j’ai demandé à mon père une reconnaissance de paternité. Je lui ai laissé un an de réflexion. Au bout de cette année, il m’a dit non. Et donc j’ai décidé d’entamer cette démarche. C’est le fruit d’un long travail intérieur. Pendant 40 ans, c’est comme si je n’avais pas eu le droit d’exister."
Et l’affaire Delphine n’est pas tout à fait étrangère à sa décision : "La médiatisation de cette affaire a aidé à se rendre compte que c’était possible. Pour des gens lambda comme vous et moi, ça peut donner l’envie d’entreprendre cette démarche."
Entreprendre une telle démarche n’est pas évident, sur le plan personnel. C’est une épreuve, très dure "puisqu’on va remettre l’histoire familiale en mouvement. On va revoir les protagonistes, le père, la mère. Il y a tous les non-dits, il y a parfois des blessures à retraverser. On doit à nouveau expliquer ce qui s’est passé. On remue des choses."
Malgré tout, elle se dit heureuse d’avoir franchi le pas. Même si, nous confie-t-elle, ça n’a rien changé concrètement " mais intérieurement, ça a changé beaucoup de choses. C’est comme si j’étais née une deuxième fois." Elle pointe deux moments importants dans la procédure. Les résultats des tests ADN d’abord : "Ça a été une preuve irréfutable et donc il n’y a pas de mots pour décrire la sensation. On voit écrire noir sur blanc que votre père est votre père." Et puis il y a le moment du verdict, bien sûr : "Plein de sentiments m’ont traversée. De la joie. Un sentiment de justice. C’était comme si on avait réparé une erreur."