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Les deepfakes, une arme de désinformation massive ?

Les deepfakes, une arme de désinformation massive?

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Par Christian Rousseau

Nous avons tous en tête cette vidéo de Donald Trump affirmant qu’il avait vaincu le virus du SIDA. Bien évidemment, cette vidéo était fausse. Il s’agissait d’un deepfake d’une ONG pour renforcer sa campagne de communication. Mais doit-on avoir peur des deepfakes ? Est-il possible de les débusquer ?

Décrypatge qvec Yves Collard, Expert et Formateur en éducation aux médias à Média Animation et Professeur à l'IHECS et Charles Cuvelliez, Professeur à l'Ecole Polytechnique de Bruxelles, Université Libre de Bruxelles.

French charity publishes deepfake of Trump saying 'AIDS is over'

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Quand on parle de deepfake, on parle, bien sûr, de détournement de vidéos. Elles peuvent se présenter sous plusieurs formes :

 

- On réalise ce que l’on appelle un face swapping. On remplace le visage par un autre.

- On modifie le discours sur une vidéo déjà connue

- On crée le personnage et le discours est créé de manière virtuelle. C’est le genre de chose très difficilement détectable parce que l’on dispose d’aucun point de comparaison.

A quoi servent les deepfakes ?

Dans l’esprit de beaucoup d’entre nous, les deepfakes serviraient à nous désinformer et pourraient s’inscrire dans une stratégie de propagande. Pour le moment, la plupart des deepfakes créés sont utilisés à des fins humoristiques. On est plus dans le détournement et la dérision. C’est de la dérision, de l’humour, du détournement.

Au-delà de l’humour, c’est la question de l’éducation aux médias qui se pose. Pour les spécialistes, il faut démontrer que la vérité de l’image n’est plus. Les journalistes ont donc un rôle important à jouer dans la remise en contexte de l’information. Certains émettent aussi l’idée d’éduquer les jeunes à ce genre de communication et à leur permettre de manipuler les images afin de mieux les décoder.

Cela dit, ces vidéos détournées circulent et se propagent à travers les réseaux sociaux à une vitesse hallucinante. Et les motivations des personnes qui postent ces vidéos sont différentes. Certains le fond pour dénoncer des faits ou juste par plaisanterie. D’autres savent que ce sont des faux mais font circuler l’info parce qu’elle conforte leur opinion.

C’est l’exemple du deepfake de Barack Obama où il affirme que Donald Trump est un abruti. On sait que c’est faux mais on croit vraiment que Donald Trump est un crétin.

Bref, un processus difficile à arrêter

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Peut-on détecter une deepfake ?

Il y a encore quelque temps, on pouvait les détecter à l’œil nu. Le clignement des yeux ne correspondait pas au discours, le mouvement des lèvres était imprécis. Aujourd’hui, avec les logiciels et les nouvelles plateformes en ligne, c’est de plus en plus compliqué.

Les algorithmes sont devenus plus élaborés. On doit utiliser des outils techniques qui vont permettre de confronter les différentes couches de l’image. On parle même aujourd’hui d’utiliser nos signatures biométriques pour vérifier l’info.

La signature biométrique tend à démontrer que, même si le message est identique, nous avons des manières différentes de nous exprimer suivant les contextes. Mais ce sont des machines qui peuvent décrypter ce genre de comportement.

Le citoyen peut vérifier l’info sur des sites de fact checking mais cela demande le " courage " de la faire.

Faut-il légiférer ?

A l’heure actuelle, seule la Chine à la volonté de légiférer et s’apparente à de la censure. La discussion a eu lieu au sein des institutions européennes mais aucune décision n’a été prise.

Personne ne veut instaurer un ministère de la vérité

Pour nos spécialistes, on surestime le pouvoir de nuisance des deepfakes. Le public sait que cela existe, il arrive à le démasquer mais certains se disent qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que l’on nous manipule.

Il faut toutefois relativiser. Ce genre de manipulation est une vieille histoire. La propagande soviétique retirait certaines personnes sur des clichés officiels. De même, la propagande chinoise effaçait la cigarette de Mao sur les photos publiées.

Un seul conseil : Cessez de croire en la toute-puissance de l’image

Les deepfakes, une nouvelle arme de désinformation massive ?

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