Les critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "El Buen patron", impérial Javier Bardem

« El Buen patron », impérial Javier Bardem

© DR

Par Hugues Dayez

Que connaît-on du cinéma espagnol aujourd’hui ? Pas grand-chose : les films de Pedro Almodovar, bien sûr, et quelques films de genre ou les séries comme "La casa del papel". C’est donc avec joie qu’on voit débouler en salles une comédie sociale, "El buen patron", ("Le bon patron") avec un Javier Bardem au sommet de son art.

El Buen Patron

L'affiche de "El Buen Patron"

Dans ce film, Bardem incarne Juan Blanco, patron d’une entreprise familiale qui fabrique des balances de précision. L’homme est à la veille d’une semaine cruciale, sa boîte est bien placée pour remporter le Prix de l’Excellence décernée par les pouvoirs régionaux. Mais dans la dernière ligne droite, les problèmes s’amoncellent : un ancien employé de l’entreprise, récemment licencié, s’installe en face des bureaux pour un sit-in avec calicots injurieux. A cela s’ajoute que le bras droit de Blanco est en train de perdre pied, plus préoccupé par l’infidélité supposée de sa femme que de veiller à la bonne exécution des commandes. Enfin, dans la dernière fournée des stagiaires, est arrivée une étudiante en marketing bien décidée à faire chavirer les cœurs… Comment, dans ce contexte, Juan Blanco va-t-il arriver à garder le cap ?

Il faut l’immense talent de Javier Bardem pour composer ce personnage, avec toutes ses ambiguïtés, ses gestes tantôt chevaleresques tantôt minables et hypocrites. Il faut que le spectateur l’aime, ce Juan Blanco, et le déteste en même temps. Seuls les grands acteurs peuvent réussir cette performance, et celle-ci a valu à Bardem le Goya (le César espagnol) du meilleur acteur. Ce n’est que justice, et d’ailleurs, le film de Fernando Leon de Aranea a raflé au total six Goyas, récompensant la mise en scène et le scénario de cette comédie qui, sans jamais pousser le curseur trop loin dans la caricature, livre un portrait acéré de notre époque. Un régal.

Buzz l’Eclair

L'affiche de "Buzz l'Eclair"

L’ouverture du film éclaire le postulat de ce spin of de "Toy Story" : "En 1995, Andy a reçu un jouet, Buzz L’Eclair, inspiré par un de ses films favoris. Voici ce film". Voilà l’entourloupette imaginée par les Studios Pixar : Buzz n’a pas surgi de nulle part, c’est un produit dérivé, c’est un objet de merchandising né d’un blockbuster. Soit. Admettons.

On découvre donc dans ce film un cosmonaute très Ricain de base qui atterrit sur une planète hostile et qui, lorsqu’il s’agit de redécoller vers la Terre, commet une embardée qui cloue son vaisseau au sol et l’endommage durablement. Rongé par le remords, Buzz n’aura alors de cesse de multiplier les vols expérimentaux à bord d’une mini-fusée pour trouver le moyen de ramener son équipage à bon port. Mais ce faisant, Buzz évolue dans un autre espace-temps : alors qu’il ne passe que quelques minutes en vol, ses camarades vieillissent pendant ce temps-là de plusieurs années…

Il y a des bonnes idées de scénario dans "Buzz Lightyear", des trouvailles amusantes, des rebondissements ingénieux. Mais fallait-il faire du personnage principal le Buzz de "Toy story" ? Sans doute que non, parce que cela banalise, cela détruit le mystère autour de ce jouet fanfaron, crétin au grand cœur, qui illumine le chef-d’œuvre de John Lasseter. Seulement voilà, "Buzz l’Eclair" est une marque, et Pixar entend bien faire fructifier cette marque. L’époque où le studio de San Francisco mettait l’Art avant le Commerce semble aujourd’hui, hélas, bien lointaine.

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Incroyable mais vrai

L'affiche de "Incroyable mais vrai"

Un couple (Alain Chabat/Léa Drucker) achète une villa en banlieue, qui possède une particularité unique : une trappe dans la cave, qui recouvre un mystérieux tunnel. L’agent immobilier les a prévenus : ce tunnel possède un pouvoir mystérieux qui va changer leur vie…

Tel est le point de départ de cette nouvelle comédie surréaliste de Quentin Dupieux. Le musicien réalisateur, qui jouit d’une cote incroyable en France, part une fois de plus sur une bonne idée, mais l’exploite très paresseusement. C’est l’éternel problème avec Dupieux : le garçon est content de lui, peut se reposer sur des acteurs en vogue pour produire son film, et exploite son argument sans se fouler pendant septante minutes. Dommage que le film manque d’exigence, car s’il prenait la peine de structurer ses scénarios, Dupieux pourrait devenir le Terry Gilliam ou le Charlie Kaufman français… Mais à l’heure actuelle, on en est très, très loin.

 

INCROYABLE MAIS VRAI

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