L’action se déroule dans les années 20 à Los Angeles, et le film démarre par une très longue séquence sur une soirée hollywoodienne où tous les excès sont permis… Une jeune starlette à l’ambition dévorante, Nellie LaRoy (Margot Robbie), entend bien profiter de cette ambiance de folie pour faire des rencontres déterminantes pour sa carrière… Et peut-être même attirer l’attention de la star du cinéma muet Jack Conrad (Brad Pitt) ?
Grandeur et décadence de Hollywood lors de l’avènement du cinéma parlant : le sujet n’est pas neuf. Il est au cœur d’un classique, "Singin’in the rain" – que Chazelle va volontiers citer dans "Babylon" – et d’un film plus récent, "The artist". Comment, dès lors, sortir ici des sentiers battus, d’un sentiment de "déjà-vu" ? En montrant la démesure, le sordide côtoyant le sublime, la folie le talent. Il y a des scènes d’anthologie dans "Babylon", mais le jeune cinéaste de 37 ans est parfois happé par les sirènes de la virtuosité : certes, ce film-fleuve de trois heures flirte avec l’"hénaurme", mais il le fait au détriment de l’émotion. Et le film souffre d’erreurs de casting : Brad Pitt, en copie de Douglas Fairbanks, est trop âgé pour le rôle, et Margot Robbie a une dégaine bien trop moderne pour nous faire croire à une vedette des twenties…
Néanmoins, malgré ses défauts, malgré ses longueurs, "Babylon" mérite d’être vu, car c’est une forme de cinéma en voie de disparition : une superproduction rétro, ultra-référentielle, esthétiquement très enlevée. C’est l’anti-Avatar : pas d’effets spéciaux tonitruants, pas de manichéisme… Mais des personnages souvent veules et ambigus, dans une mise en scène stylisée. C’est ce qui explique sans doute que "Babylon" ait été un flop magistral au box-office américain, hélas.