Les critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "Anatomie d’une chute", une grande Palme d’Or

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Par Hugues Dayez via

Si la cinéaste française Justine Triet a réussi à crisper une partie du public en livrant un discours sincère mais maladroit sur les menaces qui pèsent sur la subsidiation du cinéma d’auteur en France, la sortie de son film "Anatomie d’une chute", dégagée de cette polémique, impose une réalité incontestable : c’est un très grand film.

Anatomie d’une chute avec Sandra Hüller
Anatomie d’une chute avec Sandra Hüller © DR

Anatomie d’une chute

Anatomie d'une chute

Le décor : un chalet de montage assez isolé, où vit un couple avec un enfant, malvoyant depuis un accident. Elle, Sandra, est une romancière réputée. Lui, Samuel, se partage entre l’enseignement et l’écriture. Un jour, leur fils Daniel découvre le corps de son père gisant dans la neige… Accident ? Suicide ? Meurtre ? Très vite, les soupçons vont se porter sur l’épouse, et l’enquête va aboutir, un an plus tard, à un procès d’assises avec Sandra dans le box des accusés. Parmi les témoins, Daniel. Car s’il voit mal, il n’est pas sourd et a entendu ses parents se livrer à des disputes parfois violentes…

"Anatomie d’une chute", un énième film de procès ? Certes, mais c’est bien plus que ça : Justine Triet se sert du genre pour livrer une radioscopie d’un couple en crise, vue à travers le prisme d’un enfant qui doute. Et tout est remarquable dans ce drame psychologique. D’abord, la structure du scénario – coécrit avec son compagnon Arthur Harari (le réalisateur des excellents "Diamant noir" et "Onoda") – qui arrive à bien faire exister tous les personnages, et à maintenir un suspense sans avoir recours à des coups de théâtre artificiels. Ensuite, la qualité des dialogues : un film a le droit d’être "bavard" si, justement, il ne sombre pas dans le papotage mais propose des échanges verbaux qui éclairent les enjeux et la psychologie des protagonistes. Enfin, le brio du casting : l’actrice allemande Sandra Hüller ("Toni Erdmann") est inoubliable, Swann Arlaud ("Petit paysan") en avocat de la défense et Antoine Reinartz ("120 battements par minute") en avocat général jouent à merveille leur partition, et le jeune Milo Machado Graner ("En thérapie") impressionne par sa justesse…

Vous aviez envie de vous réconcilier avec le cinéma français, qui trop souvent vous laisse un goût d’inachevé ou d’amateurisme ? "Anatomie d’une chute" est LE film de cette réconciliation, et d’ores et déjà un des titres phares de 2023.

Anatomie d'une chute

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The Equalizer 3

The Equalizer 3

Après le succès des deux premiers films, Denzel Washington reprend pour la dernière fois le rôle de Robert Mc Call, mercenaire meurtrier en relation avec la CIA. Victime d’une méchante blessure, l’homme est recueilli pour sa convalescence dans un petit village de Sicile. Rapidement, il va s’attacher au charme du lieu et à la bienveillance de ses voisins. Mais lorsqu’il réalise que certains d’entre eux sont des jouets impuissants aux mains de la mafia locale, il décide de défier la puissante organisation criminelle…

"The Equalizer 3", c’est un film d’action hollywoodien d’un autre âge. Le film cumule les clichés du village italien "pittoresque" vu par les Américains, les clichés sur la Mafia – où chaque membre roule ostensiblement des mécaniques comme un vulgaire gangster, alors qu’on sait depuis belle lurette que l’organisation italienne agit la plupart du temps en sous-main, d’où sa puissance tentaculaire – et enfin, les clichés du "vigilante movie", où un justicier solitaire, en deux coups de cuillère à pot, affronte avec succès une meute surpuissante.

Le réalisateur afro-américain Antoine Fuqua, plus réputé pour son efficacité commerciale que pour sa subtilité narrative, reste fidèle ici à son (non) style. Et Denzel Washington, entre une pièce de Shakespeare filmée par un frère Coen et la réalisation d’un drame racial, vient toucher son chèque.

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Talk to me (La Main)

Talk to me (La Main)

Modeste film d’horreur australien signé par deux frères, Danny et Michael Philippou, "Talk to me" démarre de façon intrigante : une bande de jeunes hérite d’une main sculptée, qui se révèle un sésame pour pénétrer le monde des esprits. Deux règles à respecter : prononcer la phrase "talk to me" et ne pas tenir ladite main pendant plus de 90 secondes… Le tandem de cinéastes montre alors les adolescents entrer en transe, les yeux exorbités, en ayant l’intelligence de montrer le moins possible ce qui provoque leur effroi.

Pendant toute cette première partie, le film tient ses promesses et génère un climat réellement inquiétant. Hélas, après ce démarrage en trombe, les deux frères ne savent pas trop comment conclure et livrent une fin brouillonne et ésotérique… Sans doute pour préparer le public à un "Talk to me 2", puisque le film a été un succès outre-Atlantique.

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