Gray n’est pas rancunier : il a beau avoir présenté des films aussi réussis que "The yards", "La nuit nous appartient" ou encore "Two lovers", il est toujours reparti bredouille. Après un détour dans les étoiles avec "Ad Astra" (produit par Brad Pitt et montré à la Mostra de Venise en 2019), il revient sur terre, et plus précisément dans son quartier de prédilection, le Queens.
L’action d’"Armageddon Time" nous reporte en 1980. Ronald Reagan s’apprête à renverser le démocrate Jimmy Carter, et déjà, le quartier où se déroule le film est dominé un puissant promoteur immobilier : Fred Trump, le père de Donald. On suit Paul, le benjamin d’une famille juive, élève indiscipliné qui épuise ses parents, qui rêve de devenir artiste mais qui ne peut compter que sur la complicité de son grand-père qu’il adore – incarné par un Anthony Hopkins aussi sobre qu’émouvant. Avec subtilité, James Gray parsème cette chronique familiale de piques acides contre les Républicains les plus conservateurs, qui sont alors en train de changer le cours de l’histoire. Il crée surtout une galerie de personnages attachants, terriblement humains, terriblement vrais. Teinté d’un humour aigre-doux, talentueusement mélancolique, "Armageddon time" mériterait que James Gray figure enfin au palmarès d’un Festival de Cannes.