Philippe Van Leeuw est inconnu du grand public. Et pourtant, ce chef opérateur belge basé à Paris – il a travaillé avec Claire Denis et Bruno Dumont - , quand il décide de passer à la mise en scène, signe des films non négligeables : en 2008, il évoquait le génocide rwandais dans un film magnifique, "Dieu est parti en voyage", aujourd’hui, il aborde la guerre en Syrie dans "Insyriated", "Une famille syrienne".
Une famille syrienne
Dans un appartement d’une ville en guerre, une famille vit cloîtrée pour tenter de se protéger des bombes et des snipers qui encerclent le quartier. Par solidarité, cette famille héberge un jeune couple de voisins qui prépare sa fuite à l’étranger. Un matin, le mari sort pour tenter de régler les derniers détails de leur voyage… Illico, il se fait abattre par un sniper dans la cour de l’immeuble. De sa fenêtre, Oum (Hiam Abbas), la maîtresse de maison, assiste impuissante au drame : impossible d’aller chercher le corps en plein jour, sous peine de se faire abattre à son tour. Alors Oum décide de cacher la terrible réalité à la veuve de cet homme, au moins pendant cette journée…
Philippe Van Leeuw a eu envie de montrer la guerre au quotidien. Alors que le conflit en Syrie est évoqué régulièrement dans les media, le cinéaste voulait parler autrement de cette réalité, en choisissant le point de vue d’une famille ordinaire qui tente de survivre au quotidien. "Insyriated" est donc mis en scène comme un huis-clos, où seuls les sons évoquent la menace de la guerre environnante. Avec intelligence, le réalisateur belge évite le piège du théâtre filmé et parvient à créer une vraie tension cinématographique dans cet appartement où sont confinés les différents protagonistes. Mais sa volonté d’éviter de s’appesantir dans trop d’explications sur ses personnages, sur leur passé et leur parcours, est parfois frustrante pour le spectateur : difficile de se sentir complètement bouleversé par des hommes et des femmes dont on sait si peu…