Les critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d'Hugues Dayez : "Un métier sérieux", le monde de l’école vue du côté des profs

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Par Hugues Dayez via

Après avoir consacré trois excellents longs-métrages à l’univers médical ("Hippocrate", "Médecin de campagne", "Première année") , Thomas Lilti, médecin de formation, change d’univers et raconte la vie d’un lycée vue par ses enseignants.

Un métier sérieux, avec Vincent Lacoste
Un métier sérieux, avec Vincent Lacoste © DR

Un métier sérieux

L'affiche d' "Un métier sérieux"

Benjamin (Vincent Lacoste), qui prépare son doctorat en physique, trouve un boulot alimentaire comme prof de mathématique intérimaire dans un lycée. Il n’a absolument aucune expérience dans le monde de l’enseignement, et va tenter de profiter des conseils de ses confrères, Fouad, prof d’anglais (William Lebghil), Meriem (Adèle Exarchopoulos) mais aussi les vétérans comme Pierre, prof de français (François Cluzet). Il y a aussi Sandrine, fragile et timide prof de science (Louise Bourgoin)… Tout ce petit monde se retrouve le midi à la cantine, parfois le soir autour d’un verre, pour décompresser mais aussi partager les expériences de la journée.

On savait, depuis le succès d’"Hippocrate", le talent de Thomas Lilti pour réussir des chroniques réalistes d’un univers professionnel. Son regard est empreint d’une vraie humanité, ses dialogues ne manquent jamais d’humour, et au fil du temps, il a su se constituer une vraie troupe d’acteurs complices (Lacoste, Cluzet, Bouli Lanners ici en simple participation) qui trouvent dans son cinéma des rôles consistants et touchants. En filigrane d’ "Un métier sérieux", Lilti pointe évidemment du doigt le manque criant de moyens de l’école publique, mais sans jamais tomber dans un militantisme lourdingue. Sans prétendre au chef-d’œuvre, il réussit avec son nouveau film une tranche de vie, bien observée et très attachante.

Un métier sérieux

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Yannick

Yannick

Dans un théâtre parisien, trois comédiens (Blanche Gardin, Pio Marmaï, Sébastien Chassagne) jouent "Le cocu", une énième pièce de boulevard avec le triangle classique femme/mari/amant. Soudain, un spectateur se lève et interpelle bruyamment les acteurs. Il se présente : Yannick (Raphaël Quenard), vigile, qui vient de banlieue, et qui estime perdre stupidement un soir de congé en s’ennuyant ferme en subissant cette pénible comédie… Le problème, c’est que Yannick est armé d’un revolver.

Quentin Dupieux, sorte de Chapelier fou du cinéma français, réalisateur aussi prolifique qu’inégal, avant de présenter "Daaaali !" à la Mostra de Venise, a surpris tout le monde cet été en sortant "Yannick", comédie en huis-clos assez brève ( une heure et des poussières ) et tournée… en six jours ! Pour les fans du cinéaste, cette nouvelle production se rapproche un peu de "Au poste !", face-à-face entre Benoît Poelvoorde et Grégoire Ludig : même décor unique, même humour absurde… Et même fin en queue de poisson.

C’est le talon d’Achille de Dupieux : il imagine souvent des points de départ délicieusement délirants,  mais il peine à conclure de manière satisfaisante. Néanmoins, "Yannick" a le mérite de confirmer le charisme du nouveau venu de 2023 : Raphaël Quenard, révélé au printemps par "Chien de la casse" et au début de l’été par "Cash" (sur Netflix). Difficile de ne pas être impressionné par son abattage.

Yannick

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Les filles d'Olfa

Les Filles d'Olfa

Olfa, mère de famille tunisienne, a quatre filles. Les deux aînées, Rahma et Ghofrane, l’ont quittée pour rejoindre Daech. Comment en est-on arrivé là ? Devant la caméra de Kaouther Ben Hania, elle et ses deux filles cadettes racontent. Pour compléter ce témoignage, la cinéaste a convié trois comédiennes pour incarner Olfa et ses deux filles absentes, et reconstitue avec elles les scènes les plus cruciales du destin de cette mère. Le puzzle de cette existence bouleversée se reconstitue progressivement : Olfa a grandi dans un univers de violence – violence imposée par un mari qu’elle n’aimait pas, par un divorce, par un nouveau compagnon sorti de prison. Et lorsque ses filles entrent dans l’adolescence et conteste son autorité, Olfa ne sait rien faire d’autre que les frapper… Alors Rahma et Ghofrane vont se détourner d’elle, jusqu’à rejoindre une autre autorité morale, à savoir l’intégrisme religieux.

A travers son procédé de reconstitution, annoncé d’emblée (car les comédiennes rencontrent Olfa et ses deux filles), Ben Hania arrive à insuffler un certain souffle cinématographique, qui rend le film assez interpellant, et incitant à la réflexion sur le sort des femmes en Tunisie. Interpellant, mais jamais émouvant, tant la personne d’Olfa accumule les erreurs de jugement et les comportements contradictoires qui suscitent, au final, peu d’empathie chez le spectateur.

Les filles d'Olfa

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Luka

Luka

Luka, jeune soldat ambitieux, arrive au fort de Kairos, perché au milieu de nulle part, où des troupes obéissant au doigt et à l’œil à une mystérieuse Générale (Géraldine Chaplin) attendent depuis des lustres l’attaque d’un hypothétique ennemi

La réalisatrice d’origine américaine Jessica Woodworth ("King of Belgians" réalisé avec Peter Broosens) livre une adaptation libre d’un des chefs-d’œuvre de la littérature du XXème Siècle, "Le désert des Tartares" de Dino Buzzati, fable sur l’absurdité de la guerre et questionnement ontologique sur la destinée et le ses de la vie.

Image en noir et blanc, décors proches de l’abstraction : Woodworth accentue dans "Luka" la dimension symbolique du roman… C’est esthétiquement très réussi, mais parfois un peu abscons et inutilement lent. Il est vrai que "Le désert des Tartares" (déjà adapté en 1976 avec Jacques Perrin) est une prouesse littéraire sur l’attente et le vide existentiel… Des thématiques à peu près impossibles à transposer dans un long-métrage de fiction sans générer un certain ennui.

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