Comme chaque semaine, découvrez les critiques ciné de Hugues Dayez. Au programme ce mercredi: "Three billboards", "La Belle et la meute" et "Laissez bronzer les cadavres".
"Three billboards"
Quatre Golden Globes, et non des moindres, ont couronné "Three billboards" ce dimanche à Hollywood : meilleur film dans la catégorie dramatique, meilleur scénario, meilleur second rôle masculin (Sam Rockwell), meilleure actrice (Frances McDormand)… Une belle moisson pour une œuvre exceptionnelle.
Le titre complet du film est "Three billboards outside Ebbing, Missouri". Or donc, à l’entrée de la petite ville d’Ebbing, Mildred, mère divorcée très en colère, découvre trois grands panneaux publicitaires à l’abandon. Elle décide de les louer pour un usage très personnel : écrire dessus un message agressif envers le shérif local, qui selon elle mène mal l’enquête sur le meurtre de sa fille, survenue sept mois plus tôt. Ce message provocateur divise alors la population d’Ebbing : si une partie d’entre elle comprend Mildred, l’autre soutien le shérif, d’autant plus que celui-ci se débat contre un cancer…
A travers ce faux polar, le scénariste et réalisateur anglais Martin McDonagh ("In Bruges") dresse le portrait d’un patelin de l’Amérique profonde dans toutes ses facettes, en ce compris les moins reluisantes. Son écriture, qui évite tout manichéisme, est brillante : tous les personnages, même les plus secondaires, sont passionnants, et les dialogues sont empreints d’un humour noir d’une férocité réjouissante. Un tel matériel est du caviar pour les acteurs : Frances McDormand (Oscar pour "Fargo" des frères Coen) est impériale dans ce rôle de femme à poigne, Woody Harrelson dans celui du shérif est impeccable, et Sam Rockwell, dans celui de son adjoint raciste, trouve là le rôle de sa vie.
"Three billboards" est d’une telle richesse qu’on en parlerait pendant des heures… Mais n’en faisons rien, car ce serait gâcher le plaisir de la découverte d’un scénario qui regorge de trouvailles… Quel régal !