Présenté il y a une semaine à la Mostra de Venise, "Mother !" a été autant sifflé qu’applaudi, et le film de Darren Aronofsky est reparti bredouille du Lido… Dans la foulée, il sort aujourd’hui en salles.
Une grande et vieille demeure isolée. Elle, Jennifer Lawrence, termine les travaux de rénovation par amour pour Lui, Javier Bardem, écrivain en panne d’inspiration… Lui veut tellement éviter de se retrouver devant la page blanche que lorsqu’un de ses admirateurs (Ed Harris) sonne à sa porte, il l’accueille à bras ouverts et lui propose de rester loger – au grand dam de sa jeune épouse qui se méfie de ce parfait inconnu. Or, quelques heures plus tard, la femme (Michelle Pfeiffer) de ce mystérieux invité débarque à son tour…
Dans la première partie de Mother !, Aronofsky parvient à créer un climat de malaise intéressant, qui rappelle un peu ce dont Polanski était capable dans Rosemary’s baby ou dans Le locataire. Hélas, lorsque le film va crescendo vers un paroxysme, le cinéaste s’emballe et verse dans un symbolisme aux accents christiques particulièrement indigeste. Mother !, dans un grand hochepot, brasse une foultitude de thèmes en vrac : le sacrifice de la mère, la suprématie de l’art sur la vie, la soif de reconnaissance de l’artiste… Et même l’avenir de notre monde ! Car à la conférence de presse vénitienne, Darren Aronofsky, très engagé dans le combat pour l’environnement, expliquait aussi combien les agressions faites par l’homme à notre planète l’avaient inspiré pour l’écriture de Mother! Dommage que, emberlificoté dans toutes ces thématiques, le cinéaste livre un film de plus en plus lourdingue… Dommage, car son talent de metteur en scène est réel, quelques séquences réussies du film le prouvent. En réalité, le cinéaste devrait avoir l’humilité de s’adjoindre les services d’un scénariste, mais il veut hélas rester l’auteur complet de ses films.