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Les coulisses du pouvoir : Charles Michel, président coûteux et polluant ?

Les coulisses du pouvoir

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Par Nicolas Vandenschrick via

"Charles Michel voyage trop. C’est trop cher, trop polluant et peut-être même pas vraiment nécessaire". Les critiques pleuvent ces jours-ci sur le Président du conseil européen. Fondée ?

Le premier à avoir tiré, c’est le média européen, Politico. Plutôt bien informé et même très bien introduit dans le microcosme européen, le site pointe l’inclinaison de Charles Michel à voyager en jet privé. Sur 112 missions, 72 en jet, 18 seulement en vol commercial. A sa suite, Le Monde se procure les factures de voyages du Président du conseil européen. Quelques montants donnés à titre d’exemple : le voyage à Vienne, en janvier 2022, 20.500€. Celui à Berlin, le mois qui suit, 37.500€. A Paris, quelques jours plus tard, 35.750€. Le titre du quotidien français est sans appel : "Charles Michel, un président du Conseil européen aux voyages coûteux et polluants."

Présidence polluante ? L’exemple le plus évocateur est sans aucun doute celui de la Cop27, à Charm el-Cheikh (Egypte), en novembre 2022. Et Charles Michel et Ursula von der Leyen avaient fait valoir qu’ils avaient voyagé ensemble (!) jusqu’à cette Cop. Comme s’il s’agissait là d’un effort considérable et non d’une mesure assez logique d’économie. Voyage ensemble, peut-être mais à bord d’un jet de la compagnie Luxaviation, et pour aller dire là-bas : "Un pistolet climatique est braqué sur notre tempe. Nous vivons en sursis. Nous – en Europe – sommes et devons rester des champions du climat."

L’exemplarité du politique mise en cause

L’objection est assez facile à saisir. Fallait-il vraiment utiliser autant de kérosène pour aller souligner la menace climatique ? C’est l’éternelle question de l’exemplarité – ici – du personnel politique et plus largement de l’autorité qui est posée. Les critiques autour de ce recours fréquent à des taxis aériens en est à un point tel que le Parlement européen demande des explications.

Pour autant, l’Union n’interdit pas à ses représentants de prendre l’avion et Charles Michel ne peut se permettre de disparaître 15 jours pour se rendre à Pékin en train. Mais une règle européenne tout de même existe qui veut que, dans la mesure du possible, les vols commerciaux soient préconisés.

Pour Charles Michel, à Charm el-Cheik, son équipe l’affirme, ils ont cherché. A rentrer avec l’avion d’Alexander De Croo, ou prendre un vol commercial, comme la plupart des délégués présents à la Cop, mais l’avion du Premier ministre belge rentrait trop tôt et les vols commerciaux trop tard, par rapport à l'agenda du Président du conseil européen.

S’agissant du déplacement à Pékin en décembre, le prix du billet a lui aussi de quoi étonner : 460.000€ (Le Monde). L’Union Européenne pour ses transports a signé un accord-cadre avec la compagnie d’aviation d’affaire, Luxaviation (entreprise cofondée par un ancien du KGB, et qui a bénéficié du prêt d’un investisseur clef dans la construction du gazoduc Nord Stream2.) Ici, à la question de l'exemplarité s'ajoute celle de l'opportunité. 

Qui doit incarner l’Europe ?

Avant Charles Michel, les Présidents du conseil européen voyageaient moins. Donald Tusk, Herman Van Rompuy bénéficiaient d’un budget d’un million d’euros (frais de mission inclus.) Charles Michel, aujourd’hui, utilise près du double et demande que ce budget soit porté à 2,6 millions. Pour ses voyages, la Commission – dans son ensemble, Présidente et Commissaires, dépensent 3,7 millions. Charles Michel – accompagné de sa délégation prévoit d’utiliser l’an prochain 1,985 million d’euros (soit plus que la moitié de ce que la Commission a dépensé.) L’inflation – note le Monde – ne peut expliquer à elle seule cette envolée.

Sans doute est-ce en partie une des faiblesses de l’Union européenne. Ne pas fixer clairement qui est censé l’incarner à l’étranger. Ils sont ainsi plusieurs à s’estimer en droit de pouvoir parler au nom de l’Europe : la Présidente de la commission, le Président du conseil européen et le monsieur diplomatie, Josep Borel, dont c’est finalement l’unique tâche.
La Commission ayant plaidé pour que l’Europe devienne un acteur géopolitique plus conséquent, Charles Michel a beau jeu d’invoquer un rôle international croissant dans sa fonction.

Au-delà de ces considérations financières, des voix s’élèvent, discrètes ou plus bruyantes pour critiquer le travail même de Charles Michel.

Exemple cité par le Courrier International : la visite du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, auprès des institutions européennes à Bruxelles. C’était la pagaille, et c’est un peu normal, admet le Courrier. Mais ce qui a énervé quelques dirigeants européens, c’est qu’après le départ de l’Ukrainien, la pagaille s’est prolongée. Mette Frederiksen, la Première danoise l’a signifié clairement. Emmanuel Macron – aussi, aurait manifesté son agacement.

En somme, Charles Michel serait trop souvent en voyage et pas suffisamment présent dans son rôle de préparateur des sommets.
Le Courrier ajoute une ligne de reproche : le Président serait de plus en plus accaparé, non par son poste actuel mais par le suivant. De quoi se poser des questions non seulement sur son bilan, mais également sur son avenir.

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