Les usagers du rail ont été pris au dépourvu ce jeudi matin suite à la grève du rail wallon. La plupart ont attendu en vain leur train sur les quais. Comme pour chaque grève qui affecte le transport public, les passager ont l'impression d'être les dindons de la farce.
Et il n'y a pas que les cheminots wallons qui sont en grève, en France aussi le trafic ferroviaire est fortement perturbé par un mouvement de grogne social. Même l'Allemagne, pourtant réputée pour sa concertation sociale, a connu plusieurs grèves sur le rail tout au long de l'année dernière. Et à chaque fois, ce sont les usagers du rail qui sont les premières victimes de ces arrêts de travail.
Les transports publics pourraient perdre leur position avantageuse
Coïncidence du calendrier, la Fédération européenne des Passagers, qui regroupe toutes les associations nationales de navetteurs, tenait son congrès annuel ce jeudi. Pour Christopher Irvin, l'un des responsables de cette fédération, les situations sont très différentes au niveau des transports publics européens : "Les situations de grève varient de pays à pays. La France, la Belgique connaissent des conflits du travail lié à des objectifs politiques. Dans d'autres pays, il y a eu des tentatives de légiférer pour limiter les grèves dans les transports publics. Ces grèves sont toujours un défi pour les passagers qui veulent avant tout que le transport public soit fiable".
Alors, la Fédération européenne des Passagers a-t-elle une solution au niveau européen ? La question est délicate pour Christopher Irvin : "Il faut qu'on fasse attention à ne pas se laisser entraîner dans des conflits politiques ou des conflits sociaux entre patrons et salariés. Personnellement, je pense que seules les entreprises qui ont des conflits de part et d'autre de la table des négociations connaissent des grèves. C'est pourquoi je demande aux employés et aux patrons d'aller de l'avant pour que les passagers aient un service public de transport fiable. Sinon, il ne pourra plus se prévaloir de la position avantageuse qu'il connaît aujourd'hui".
Terrorisme et sécurité: il faut des mesures proportionnées
Lors de son congrès ce jeudi, la Fédération européenne des Passagers a également évoqué la sécurité dans les transports publics : "En ce qui concerne la sécurité des passagers, notamment en matière de terrorisme, il faut veiller à ce que la réponse des pouvoirs public soit proportionnée. Un attentat, c'est toujours quelque chose de profondément perturbant, tragique pour les personnes impliquées, c'est très frustrant, cela rend les déplacements moins agréables, et ils le sont souvent déjà peu. Alors, ce que nous demandons, c'est que les voyageurs soient suffisamment informés et que les réponses soient proportionnées à la menace".
Christopher Irvin regrette aussi la récupération populiste qui est faite après chaque attentat : "Regardez le transport terrestre par exemple. Pendant près de 10 ans, de 2005 à 2015, personne n'est mort dans un attentat terroriste dans un train ou un métro. Il faut le rappeler. Il y a bien plus de chance de se faire tuer dans un accident de la route. Les motos sont particulièrement dangereuses. Peut-être devrions nous mettre notre énergie à lutter contre ces menaces plutôt que de laisser les politiciens se répandre en réaction populiste dans la presse populaire".
Quant à l'efficacité de certaines mesures de sécurité, sans toutefois évoquer directement la façon dont la Belgique a géré la question aux lendemains des attentats, Christopher Irvin dénonce l'absurdité de certaines situations : "Je crois qu'il y a un vrai problème avec certaines mesures qui peuvent effectivement nuire à la sécurité plutôt que la renforcer. Un simple exemple : ça n’a pas de sens de rassembler les gens en grand nombre aux entrées des gares en fermant la plupart des accès de ces gares à un moment donné. Cela crée juste une cible facile pour les terroristes. Et ça ne peut pas être dans l’intérêt du public".