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Les chiens de Tchernobyl ont muté depuis la catastrophe nucléaire

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Les chiens vivant dans la zone d’exclusion de Tchernobyl ont génétiquement muté, selon une nouvelle étude.

Publiée dans Science Advances, une étude menée par une équipe internationale de chercheurs a analysé les groupes canins de la région de la zone d’exclusion autour de la ville ukrainienne de Pripyat et sa centrale à quelques kilomètres, Tchernobyl.

Ce n’est pas la première fois que les scientifiques se demandent quels effets des décennies de faibles doses de rayonnement radioactif ont pu avoir sur la faune de la région. En 30 ans, on sait que les espaces boisés ont augmenté de 50 à plus de 70% dans la zone qui est désormais recouverte d’arbres. On sait également que la zone d’exclusion de 30 km de rayon abrite de nombreux animaux dont les populations ont été fortement touchées comme les insectes et les oiseaux.

Dans cette étude, les chercheurs se sont posé la question de l’hérédité des impacts de la radiation : est-ce que les animaux sont impactés par les faibles radiations qu’ils reçoivent tous les jours ou ont-ils hérité des différences déjà relevées sur les générations qui ont vécu et suivi la catastrophe ?

Les chiens de Tchernobyl sont répartis en 3 meutes principales

Les scientifiques expliquent leur choix d’étudier les grands mammifères comme les chiens et les chevaux car les effets sur leur santé pourraient donner une meilleure idée de ce qui se passerait si un retour de l’humain dans la région était envisagé un jour.

Les animaux qui ont été étudiés pouvaient se déplacer librement et il est presque certains qu’ils ont dû aller et venir en dehors et dans la zone d’exclusion radioactive. Cependant, les scientifiques soutiennent que leur étude est une bonne base pour comparer les animaux qui ont vécu de près ou de loin les radiations avec ceux qui n’y ont jamais été confrontés.

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Malgré la radioactivité qui continue d’émaner de la centrale, le nombre de chiens sauvages a augmenté, ce qui a incité la création de la Chernobyl Dog Research Initiative (CDRI), qui fournit des soins vétérinaires à ces chiens depuis 2017. On estime à presque un millier les chiens de Tchernobyl et des environs. Ils seraient divisés en trois meutes distinctes mais qui se mélangent régulièrement :

  1. une première meute vit dans la zone de la centrale elle-même (132 chiens analysés)
  2. une deuxième meute occupe la ville de Tchernobyl, une zone résidentielle abandonnée à une quinzaine de kilomètres de la centrale (154 chiens analysés)
  3. une troisième meute vit à 45 kilomètres à Slavutych, une ville moins contaminée où résident encore certains ouvriers de la centrale électrique (16 chiens analysés)

Pendant deux ans, les vétérinaires du CDRI ont prélevé des échantillons de sang de 302 chiens errants dans les trois meutes, que Gabriella Spatola, doctorante à l’Université de Caroline du Sud, a ensuite analysés. Leurs génomes indiquent "que les chiens existent dans la région de Tchernobyl depuis longtemps, potentiellement depuis la catastrophe, ou même avant", écrivent les chercheurs dans leur étude.

Les différences avec les chiens non contaminés

Les analyses comparatives ont montré que les chiens de Tchernobyl sont également génétiquement distincts des chiens reproducteurs libres en Europe de l’Est, en Asie et au Moyen-Orient. Cependant, les chercheurs ont trouvé du matériel génétique sain qui a été mélangé avec des animaux contaminés. Ils soupçonnent que des chiens errants d’en dehors de la zone s’y sont rendus pour explorer un espace sans Hommes.

L’équipe aimerait pousser ses recherches plus loin pour comprendre et analyser les variations génétiques qui ont été accumulées en 30 ans d’exposition à la radioactivité. "L’expérience que nous voulons faire ensuite, est de découvrir comment [les chiens de Tchernobyl] ont survécu dans cet environnement hostile de radiations, de températures froides et de nourriture limitée", a déclaré Elaine Ostrander, co-auteur de l’étude et généticienne à l’Institut national de la santé qui étudie les génomes des chiens, au New Scientist.

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