L’ASBL Malogne, constituée de géologues et de passionnés de spéléologie, est la seule à pouvoir se promener sur le site. Ferméau public pour des raisons de sécurité, il offre pourtant un éclairage passionnant sur notre passé. "Il permet d’abord de découvrir un pan du passé industriel du bassin montois: ici, entre 1873 et 1920, des dizaines d’ouvriers travaillaient treize heures par jour pour extraire du phosphate qui servait ensuite à la fabrication d’engrais", précise Thierry Mortier, coordinateur de l’ASBL. Plus tard, le site fut utilisé comme champignonnière mais aussi comme repère de résistants pendant la seconde guerre mondiale.
Mais au-delà de l’intérêt historique, cet immense labyrinthe regorge de surprises. Ainsi, un tiers de sa surface est en fait sous eaux, une eau turquoise recouverte d’une fine couche de calcaire. "Les eaux sont remontées quand l’exploitation a cessé et elles constituent l’une des ressources de la région en eau potable", explique Lucianne Licour, chercheuse en géologie à l’UMons.
Un peu plus loin, quelques chauves-souris terminent leur nuit. Ces 260 kilomètres de labyrinthe leur offrent un peu tranquillité. Mais ce qui intéresse surtout les scientifiques de l’Université de Mons, ici, ce sont les roches, les failles et les fossiles. "On a retrouvé des restes fossilisés d’un Mozazaure, un grand reptile marin qui était un super prédateur il y a 66 millions d’années", raconte Thierry Mortier. "La Malogne nous permet de découvrir une partie de notre passé et de mieux comprendre l’histoire de la terre et des continentsainsi quele va-et-vient des mers", ajoute-t-il.
Tout le paradoxe, c’est que ce site est classé Patrimoine Exceptionnel de Wallonie mais que l’accès n’y est pas autorisé par la ville de Mons, qui craint pour la sécurité des visiteurs.L’ASBL Malogne souhaiterait pouvoir en sécuriser une partie pour y développer du tourisme scientifique et accueillir les curieux.
Fiona Collienne - RTBF