Les Grenades

Les Bobines du Cinéma : Paloma Garcia Martens, aux limites de l’intime

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Par Elli Mastorou pour Les Grenades

Elles tournent, jouent, montent. Elles font, regardent, racontent. Elles sont dans la fiction, le documentaire, l’animation. On les croise en festivals, en plateau ou dans leur bureau. Tous les 15 jours, dans la série Les Bobines du Cinéma, Les Grenades tirent le portrait d’une professionnelle de l’audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un entretien en profondeur, pour découvrir une personnalité, une passion, un métier – mais aussi pour aborder le cinéma sous l’angle du genre, et réfléchir collectivement à plus d’inclusivité. Pour ce deuxième épisode, on a rencontré Paloma Garcia Martens, habilleuse et coordinatrice d’intimité en formation.

En collaboration avec Elles Font Des Films.


FICHE TECHNIQUE

Nom : Garcia Martens

Prénom : Paloma (elle/iel)

Né·e le : 11/10/1987

Profession : Habilleuse, coordinatrice d’intimité

Formation : Sciences Politiques

Filmographie : Torpedo (2011), Cloclo (2012), Suite Française (2014), Kursk (2018), ZONE BLANCHE (2017)…

Femmes inspirantes : Ovidie ("pour sa façon de créer le lien entre l’intime et le politique avec autant d’humilité"), Adèle Haenel ("pour son courage d’avoir dénoncé son agresseur et les systèmes de domination inhérents au cinéma"), Aïssa Maïga ("pour son intégrité et son audace lors de son discours des Césars 2020")


Partie 1 – "J’ai fait le choix de ne plus rien laisser passer"

On lui avait donné rendez-vous dans un café pas loin de la rue de la Victoire à Saint-Gilles. Mais il y a eu malentendu sur les heures d’ouverture, et quand Paloma nous rejoint sur le trottoir, l’endroit n’est pas encore officiellement ouvert. "Google vous ment !", rigole le gérant sympathique, qui nous laisse quand même nous installer, tandis qu’il passe les derniers coups de serpillière.

Deux tasses de thé fumant, une table en bois entre nous, une ambiance calme, cosy et calfeutrée : le cadre est assez idéal pour parler d’intimité. Car c’est une des raisons qui nous ont amenées à rencontrer Paloma. Cette jeune femme est en train de se former à un nouveau métier de l’audiovisuel : celui de coordinatrice d’intimité.

Encore inconnu il y a quelques années, ce poste suscite de plus en plus d’intérêt, et Paloma est invitée régulièrement à des rencontres et conférences professionnelles pour parler de sa formation. Son éloquence à une de ces conférences, sa façon de poser des mots en mêlant rigueur, conscience politique et bienveillance, c’est ce qui nous a donné envie de la rencontrer. On avait envie d’en savoir plus – sur elle, son parcours, et aussi ce nouveau métier du cinéma.

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Même si le cinéma n’est pas nouveau pour Paloma : "J’ai voulu faire une école de cinéma à la sortie de mes secondaires, mais mes parents ont exigé une formation universitaire. J’ai donc fait Sciences Politiques pour avoir la paix", sourit-elle derrière sa tasse de thé. "J’ai entre-temps tenté le concours de l’INSAS en réalisation mais je me suis fait recaler au dernier tour. Je me suis dit que ce métier-là n’était peut-être pas fait pour moi, mais qu’il devait sans doute y en avoir d’autres dans ce milieu qui me correspondent. Et puis un jour par hasard, en regardant les photos de tournage de mon compagnon, je suis tombée en admiration du travail d’une équipe costumes. J’y retrouvais une façon d’allier mon désir de raconter des histoires, à ma fascination pour l’observation sociologique." Ni une, ni deux, elle décroche un stage non rémunéré qui lui a permis d’apprendre sur le tas, et de se lancer. Voilà comment Paloma est devenue habilleuse de cinéma.

Quand toute l’équipe retient son souffle devant un moment de magie cinématographique, je me sens vibrer

Pendant plus de 12 ans, elle a fait partie de ce qu’on appelle dans le jargon technique du ciné le ‘HMC’ (Habillage-Maquillage-Coiffure). Elle a été parmi celles et ceux qui arrivent tôt le matin dans les loges du tournage, pour préparer les costumes pour les comédien·nes et figurant·es ; qui vérifient et ajustent accessoires et autres détails vestimentaires ; qui accompagnent les comédien·nes sur le plateau quand il faut tourner ; qui ajustent les patines (traces de vieillissement ou salissure) sur les vêtements, supervisent les changements de costumes ou encore assurent la continuité, c’est-à-dire vérifier que chaque petit détail du costume n’ait pas bougé entre deux prises… sans parler de l’entretien, rangement et remise des costumes à la production quand le tournage est terminé. "Ce que je préfère dans ce métier, c’est quand toute l’équipe retient son souffle et ses larmes face à un moment de magie cinématographique : je me sens vibrer. Ce sont des instants suspendus dans le temps, où tout d’un coup l’agitation du tournage s’évapore, et nous nous évadons ensemble", explique-t-elle, les yeux rêveurs derrière ses lunettes bicolores.

"Par contre, ce que j’aime le moins, c’est quand la pression du temps et de l’argent pousse cet environnement et les personnes qui s’y trouvent à la maltraitance et la déshumanisation." Une pression qu’elle dit avoir ressentie d’autant plus avec la crise sanitaire, qui a frappé le milieu du cinéma de plein fouet. La jeune femme mesure la chance qu’elle a d’avoir le fameux statut d’artiste, qui donne droit à des indemnités en période de ‘vaches maigres’ – quasiment un privilège aujourd’hui tellement il est difficile à obtenir.

A côté du risque de précarité et d’autres inconvénients structurels du métier qu’on abordera plus bas, ce qui a été un atout pour Paloma sont ses compétences relationnelles naturelles : "Elles m’ont aidé à vite comprendre les enjeux sous-jacents d’une situation et à en anticiper les besoins, ainsi qu’à mieux communiquer avec les autres départements. Ce qui est particulièrement utile quand on travaille de près avec des comédien·nes et des réalisateur·ices sous pression." Une pression qui a parfois été trop forte, donnant envie à la jeune femme de prendre du recul et explorer d’autres voies. Songeant un temps à être comédienne, puis à lancer une boutique de sex-toys féministe et inclusive à Bruxelles, elle a suivi une formation EVRAS et a considéré le Master en sciences de la famille et sexualité de l’UCL…

"Et puis juste à ce moment-là, Thomas Vinterberg est venu en Belgique pour tourner Kursk, et mon compagnon a été engagé sur le tournage. Comme on est tous les deux méga fans de Vinterberg, je ne pouvais pas rater l’occasion de bosser sur un tel plateau ! J’avais déjà travaillé avec Léa Seydoux, je parle anglais, du coup j’ai été engagée." Paloma revient donc au cinéma… mais avec un regard plus acéré. "J’ai fait le choix de ne plus rien laisser passer. J’ai demandé à la production de respecter mes besoins, aux comédiens de ne pas laisser trainer leurs slips par terre (rires). C’était important de réconcilier mes valeurs, mon besoin de me respecter, avec mon métier."

Des valeurs qui incluent le féminisme, qui a une grande importance dans sa vie perso comme pro. "Le milieu du cinéma est très masculin, et le sexisme, le racisme, l’homophobie ordinaires y sont particulièrement présents. Les métiers du cinéma considérés comme féminins sont moins bien payés et moins reconnus, ce qui fait qu’on doit en permanence se battre contre le syndrome de l’imposteur, à qui s’ajoute le mépris par autres corps de métier considérés comme masculins. De plus, il arrive souvent que des collègues de nos propres départements intériorisent cette dévalorisation, ce qui rend le combat autrement plus épuisant et aliénant."

Oser s’affirmer et poser ses limites ont ainsi permis à Paloma de trouver dans le cinéma une place qui lui correspondait : "Un jour, je feuillette un article à propos d’une série, et ça parlait de la coordinatrice d’intimité. En le lisant, ça a vraiment fait ‘tilt’. C’était au croisement du cinéma, de la sexualité, du jeu d’acteur : tout ce qui me touchait !"

Kursk (2018)
Kursk (2018) © Tous droits réservés

Partie 2 – "L’intimité, c’est pas que le nu, le sexe et le toucher"

Issu du théâtre, le métier de coordinateur·ice d’intimité s’est développé surtout au Royaume-Uni et aux États-Unis. "Chez les Anglo-Saxons, la culture du théâtre, c’est énorme. C’est comme le vin en France, quoi (rires). Et l’idée de développer des outils pour se protéger émotionnellement est venue du théâtre politique, celui des opprimés…" Du coup comme il n’existe pas encore de formation en Belgique, Paloma s’est formée en ligne, auprès d’organismes de l’autre côté de l’Atlantique. "J’ai commencé début de l’an dernier, et j’ai prévu ensuite d’aller me former auprès d’une coordinatrice d’intimité aux USA. Mais il faut savoir que les places sont très chères, et qu’elles partent vite – que ce soit le cursus principal, ou des formations plus spécifiques, comme la prise en compte du traumatisme, l’approche décoloniale, le validisme, la gestion de conflits… Beaucoup d’organismes estiment que c’est important pour compléter la formation, et je suis d’accord."

En termes pratico-pratiques, le travail de coordination d’intimité commence bien avant le tournage. "C’est la production qui te contacte à la base, et t’envoie le scénario en amont, pour que tu puisses le lire et faire l’inventaire de toutes les séquences où il y aura peut-être besoin de ton soutien." Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas uniquement les scènes de sexe, de nu ou de toucher : "Par exemple, une personne noire qui doit jouer une scène de violences policières avec des policiers blancs qui lui crient des insultes racistes… c’est de l’intimité aussi. Parce que c’est potentiellement traumatisant. Le but du coordinateur·ice, c’est d’arriver au résultat voulu à l’image sans dépasser les limites de la personne qui joue."

Donner aux gens le pouvoir de prendre soin d’eux-mêmes

Un des enjeux centraux du coordinateur·ice d’intimité, et qu’on sent fondamental dans la vision de Paloma, c’est le rapport au jeu d’acteur. "Acteur, c’est un vrai métier, c’est pas parce que ça a l’air naturel qu’il n’y a pas derrière un outil qui a été travaillé." Et dans ce métier, Paloma explique que ce n’est pas forcément nécessaire de faire appel à son intimité pour que ça fasse ‘plus vrai’ : "Une comédienne qui joue une scène de bagarre, elle n’est pas censée avoir peur de se prendre une droite. Elle doit savoir exactement ce qui se passe, que chaque geste soit chorégraphié, pour qu’elle puisse se sentir en sécurité, et jouer. Parce que quand on joue, le cerveau ne fait pas la différence : les mêmes zones sont activées, il y a des études là-dessus. D’ailleurs quand on regarde un film et qu’on est ému·e, on pleure pour de vrai ! Alors qu’on sait bien qu’on est devant notre écran, ou au cinéma, avec des inconnus autour de nous qui mangent des chips (rires). Les liens entre le corps et les émotions sont évidents."

On sent, à sa façon de mêler dans ses paroles informations, émotions et faits, que ce nouveau métier, bien qu’il touche à l’intime, s’appuie énormément sur des rapports scientifiques et des études chiffrées. Et tout ça n’est pas uniquement destiné à celles et ceux devant la caméra. "Si on tourne une scène avec une personne en situation de handicap, il faut veiller à ce que tout le tournage soit accessible. Mais aussi à comment faire en sorte qu’il y ait peut-être d’autres personnes en situation de handicap dans l’équipe, pour éviter que la personne puisse se sentir instrumentalisée. Autre exemple, le tournage d’une scène violente, pour un·e ingénieur·e du son qui entend des pleurs dans son casque toute la journée, ça a un impact. Donc mon travail c’est comment aider tout le monde sur le plateau, à gérer une situation, ou à se faire remplacer si besoin… . En fait, c’est donner le pouvoir aux gens de prendre soin d’eux -mêmes."

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On se dit qu’en un sens, Paloma aide les gens à trouver leurs limites après avoir trouvé les siennes. Et son expérience d’habilleuse pendant toutes ces années l’a, heureusement ou malheureusement, préparé déjà un peu à ça : "Le HMC fait énormément de travail émotionnel invisible. Je me souviens d’un tournage américain où l’acteur principal devait incarner une personne connue dans la vraie vie. Il recevait tous les jours des e-mails de cette personne, qui le suppliait de ne pas faire le film. Il arrivait le matin dans la loge plein de doutes, angoissé… Je l’écoutais et j’essayais de le rassurer, de rationaliser… Finalement tout s’est bien passé, mais la production n’était bien sûr au courant de rien, alors que le gars était en panique, et que le film aurait pu capoter…"

Le plateau de cinéma, c’est une reproduction miniature des dominations de la société

Mais au-delà des rapports intimes, la coordination d’intimité implique aussi – et surtout ? – de se pencher sur les rapports de pouvoir : "C’est important de savoir quels sont les rapports de pouvoir interpersonnels sur un plateau, mais aussi les rapports de domination dans la société en généralParce que le plateau de cinéma, c’est une reproduction en miniature des dominations à l’œuvre dans la société." Et ces rapports de pouvoir peuvent influer sur le résultat à l’écran. Comment fait-on quand le comédien était d’accord d’être nu mais change d’avis le jour J ? Comment être sûr qu’une personne dit vraiment ‘oui’sans que ça vienne d’une pression de sa hiérarchie ?

"Notre idée du consentement se base beaucoup sur les mots. On entend tout le temps cette idée que le consentement doit être un 'oui enthousiaste’. Or, dans la communication, les mots ne comptent que pour 7%. Le non-verbal prend beaucoup plus de place ! Donc mon rôle, c’est aussi de décortiquer ce qui se dit autrement que par les mots." Autant devant comme derrière la caméra, et des deux côtés du prisme de domination : "C’est pour protéger tout le monde, au final : un homme qui joue un agresseur, par exemple, ça peut le perturber aussi. Tout le monde a des limites à des endroits différents."

Blessures invisibles

Au fil de notre échange avec Paloma, on réalise qu’en fait, ce métier de coordinateur·ice d’intimité n’est pas si nouveau que ça : le poste de coordinateur·ice de cascades, bien connu dans le milieu, repose sur exactement la même idée de protection et de prévention. "Absolument", abonde-t-elle. "La différence, c’est que les blessures physiques, elles sont d’emblée visibles. Alors que les blessures intimes, pas forcément – et le pire c’est que souvent elles mettent plus de temps à guérir. Parfois même jamais. Donc c’est d’autant plus pernicieux."

Au final, derrière les questions pratiques de comment tourner telle scène ou pas, la coordination d’intimité amène des questions plus larges : quelles sont les histoires qu’on raconte, pourquoi les raconte-t-on, et comment. "Il y a encore des peurs et des mythes autour de ce job, mais c’est important de comprendre que l’idée n’est absolument pas de policer ou de censurer quoi que ce soit", insiste Paloma. "Au final, on peut raconter toutes les histoires qu’on veut, mais c’est important de (se) donner les moyens de le faire correctement. C’est dans l’intérêt du film ! Et ça ne veut pas dire que tu faisais les choses mal : chacun fait du mieux qu’il peut avec les informations qu’il a. Et vu que les traumatismes sont un énorme tabou dans nos sociétés, qu’on voit ça souvent comme un truc extrême, on a du mal à se mettre à la place. Mais quand on explique que 70% de la population a déjà vécu un traumatisme dans sa vie, ou qu’en Belgique 1 femme sur 5 est victime de viol, on se rend compte que c’est énorme."

Pas besoin d’avoir fait la guerre pour souffrir de stress post-traumatique… Chacun·e autour de nous porte sans doute beaucoup plus de blessures invisibles qu’on le croit. "Janet Mock, une actrice activiste trans noire américaine, a dit cette phrase : "Nothing about us without us" (‘Rien sur nous sans nous’, NDLR)  : c’est vraiment cette idée de se rendre compte de nos angles morts." Inclure les personnes concernées par les histoires qu’on veut raconter permet aussi un cinéma novateur, pertinent… et in fine meilleur, non ? "J’ai souvent vu des films qui étaient magnifiques – mais avec des scènes de sexe complètement ratées !", rigole Paloma buvant une gorgée de son thé. "Au lieu de faire un amalgame de clichés, on peut se donner l’occasion de raconter des histoires autrement."

Partie 3 – "Mon grand rêve Euromillions ? Une maison de production communiste !"

Une heure plus tard, le calme s’est dissipé, et un joyeux brouhaha de client·es sirotant leur bière ou leur café autour de nous accompagne la fin de notre discussion. En parlant de raconter des histoires autrement, on se demande quelle film ou série a selon elle, pour le coup bien réussi ses scènes d’intimité. Paloma répond du tac au tac : "La série ‘Normal People’, sans hésiter. Le travail de la coordinatrice Ita O’Brien est absolument incroyable. Un véritable point de vue sur la sexualité, le plaisir et le consentement. Une déconstruction totale sans artifice, sans pédagogie maladroite, avec une douceur et un naturel inédits. Je la conseille vivement !"

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Et en attendant de terminer sa formation et de se lancer bientôt à plein temps comme coordinatrice de son côté, Paloma accepte encore quelques contrats d’habilleuse, comme dernièrement sur la série française ‘Mauvaise Pioche’ – mais que des petits contrats journaliers, histoire de voir son enfant grandir : "Si je pouvais changer une chose dans mon métier, je rendrais les horaires compatibles avec la vie, la vraie. C’est très difficile d’avoir une vie personnelle épanouissante quand on travaille 13 à 14h par jour loin de chez soi. Mon grand rêve Euromillions c’est de fonder une maison de production communiste avec des tournages à taille et valeurs humaines, avec des équipes et des histoires qui représentent la véritable diversité de notre société. Allez, on y croit !", conclut-elle avec son grand sourire, à la fois déterminé et bienveillant. On ne peut que lui souhaiter de décrocher le ticket gagnant.


Les autres épisodes de la série Les Bobines du Cinéma


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