Les libéraux francophones ont décidément l’art de se compliquer la vie. Mais cela semble une tradition. Des colères de Jean Gol à faire trembler les murs ou effrayer Louis Michel lui-même, aux grondements ensuite de ce dernier ou au putsch fomenté par Charles Michel et consorts contre le président en place Didier Reynders, en passant par les querelles picrocholines de la présidence bicéphale Antoine Duquesne – Daniel Ducarme ou la dernière élection présidentielle à couteaux tirés, le récent psychodrame bleu ne pourrait être que détail.
Mais c’est visiblement dans l’ADN du parti, là bien plus qu’ailleurs.
L’île wallonne
Le MR a connu un trou d’air. Entre le départ vers les cieux européens de ses deux principales figures, Didier Reynders et Charles Michel et l’arrivée chaotique de Georges-Louis Bouchez, qui s’est magistralement pris les pieds dans le tapis dès sa première désignation de ministres, le parti a connu quelques flottements.
Le nouveau président s’est repris, tente d’imposer sa marque, comme notamment lors des négociations fédérales ou dans les postures qu’il impose à sa formation, désormais.
Dans cette nouvelle stratégie, Wallonie et Fédération Wallonie-Bruxelles font figure d’exception. Les rapports entre partenaires sont beaucoup plus détendus qu’au fédéral, alors que l’on y retrouve les mêmes partis francophones. Toutefois, il faut se rappeler que les accords à ces niveaux de pouvoir ont été conclus avant l’arrivée de Georges-Louis Bouchez à la présidence, et à une époque où le président Charles Michel avait déjà la tête ailleurs. La touche libérale dans ces accords de gouvernement n’est pas celle de Georges-Louis Bouchez et les ministres concernés y conservent une certaine marge de manœuvre.
Rappel à l’ordre
Homme de conviction et de parole, Jean-Luc Crucke a déposé son projet de fiscalité plus juste. Le texte n’a longtemps pas suscité de remous. Question de principe, il devait donc achever son parcours politique. Mais il a aussi in extremis suscité des remous dans une partie de l’électorat bleu, côté donation et surtout semble-t-il 4x4. Colère et claquement de porte version retenez-moi ou je fais un malheur !
Difficile de déjuger un ministre sans se déjuger soi-même, il a donc finalement été décidé d’un simple rappel à la règle : quand un texte est déposé, le président donné doit avoir donné son aval. Ce qui se pratique dans toutes les formations politiques belges. Ce pays reste une particratie.
Mais plus globalement, le parti se prépare aussi à une nouvelle mue initiée par son jeune président. Il est question d’un changement de nom et de ton. Ce n’est donc pas le moment de se diviser entre chapelles différentes du libéralisme, de prendre des coups entre soi.