Les Belges rêvent de vacances, malgré l’inflation et le ralentissement de l’économie

Retour donc aux bonnes vieilles habitudes, et pas seulement pour le moment de la réservation car, selon Sarah Saucin, "que ce soit au niveau des destinations ou des moyens de transport, le budget vacances reste globalement stable et, chez certains clients, il a même un peu augmenté par rapport au budget d’avant la crise sanitaire. 58% des personnes que nous avons interrogées indiquent en tout cas qu’elles dépenseront autant ou même plus qu’avant".

En toute logique, les autres comptent dépenser moins, mais avec la ferme intention de partir en vacances de toute façon cet été, quitte à faire des économies ailleurs car, avance Sarah Saucin, "ce sont d’autres postes de dépenses qui passent à la trappe, notamment les sorties, le shopping ou les restaurants. Donc on s’est vraiment rendu compte que les vacances restaient un besoin fondamental, que l’envie était là et que l’envie se concrétisait. "

Les destinations préférées des Belges varient peu. Chez TUI, la première place revient à l’Espagne, évidemment, devant la Grèce. Idem chez Neckerman. Gros succès aussi pour les destinations hors Europe réputées pour les séjours "all inclusive", la Turquie et la Tunisie par exemple. "Les destinations connues pour les séjours tout compris sont effectivement très demandées, souligne Sarah Saucin. Il est vrai qu’elles offrent un rapport qualité prix vraiment excellent. Clairement, le touriste belge veut se faire plaisir tout en laissant son portefeuille dans la chambre d’hôtel une fois arrivé et ne plus avoir de dépenses sur place."

Pour rejoindre leur lieu de villégiature, au moins un tiers des vacanciers belges prendront l’avion. "Notre enquête, elle, montre que près de 40% des Belges vont partir en vacances en avion, indique Sarah Saucin. Ils reconnaissent que le changement climatique n’a aucun effet sur leur manière de voyager."

Les statistiques publiées récemment par Eurocontrol (Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne) ne laissent aucun doute sur ce point : le trafic aérien a fortement rebondi en Europe en 2022. Ce n’est sans doute pas fini puisque le trafic aérien n’a pas encore retrouvé son niveau de 2019 – avant la crise sanitaire donc – mais se situe au-delà des 80%. Du reste, la première compagnie low cost européenne, l’irlandaise Ryanair, a déjà "oublié" le Covid puisqu’en 2022, elle a enregistré 9% de vols de plus qu’en 2019 et transporté 160,4 millions de passagers, à comparer aux 148 millions de voyageurs transportés en 2019.

L’avion pour les destinations lointaines, c’est une évidence. Une évidence qui ne doit pas faire oublier que la majorité des vacanciers belges (60%) prendront la voiture pour rejoindre leur lieu de vacances. Logique : la France et… la Belgique restent les deux destinations préférées des Belges, comme l’indique l’enquête annuelle que vient de publier l’institut belge des statistiques Statbel sur les voyages et les vacances des Belges.

Environ 5% des vacanciers belges choisissent le train pour leurs vacances. Facile et pas trop cher pour une journée dans les Ardennes ou à la Mer du Nord. Mais pour les séjours plus longs, en famille, c’est une autre histoire, surtout quand il s’agit de partir vers le sud de la France, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal. "On a l’impression qu’aujourd’hui, si on veut descendre par exemple dans le sud de la France en train, ça va être long et compliqué, il va falloir changer de TGV, et ce sera plus cher qu’un billet d’avion. Prendre le train pour aller en vacances, ça reste très cher ", constate Julien Danneau, district manager Namur-Liège chez Neckermann Belgique.

De son côté, le directeur du salon des vacances Frédéric François perçoit néanmoins un regain d’intérêt pour les vacances en train, en lien avec le souci chez beaucoup de pratiquer un tourisme plus durable. "L’offre de voyages en train augmente un peu partout en Europe, dit-il, regardez les trains de nuit vers Berlin ou Vienne par exemple, c’est super confortable et, en effet, plus durable que l’avion."

L’an dernier, Statbel a recensé 8,4 millions de voyages de 4 nuits et plus. Mais tous les Belges n’ont pas pu en profiter. Selon Statbel, 21% des Belges sont tout simplement incapables de se payer une semaine de vacances chaque année hors de leur domicile. Il s’agit là d’une moyenne nationale car les écarts sont importants entre la Flandre d’un côté, la Wallonie et Bruxelles de l’autre. En effet, plus de 34% des Bruxellois ne sont pas en mesure de s’offrir une semaine de vacances hors de chez eux, en Wallonie, c’est le cas pour 32% des gens alors qu’en Flandre, la proportion de personnes privées de vacances faute de moyens financiers tombe de 12,3%.