Ils ont beaucoup fait parler d’eux lors du récent congrès contre le cancer de Chicago : plus de vingt ans après leur première commercialisation, les anticorps thérapeutiques sont plus que jamais porteurs de promesses, suscitant aussi l’intérêt des investisseurs.
Lors du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), qui regroupe les spécialistes mondiaux du cancer, une étude a particulièrement suscité l’attention : la présentation d’un essai clinique sur Enhertu, un anticorps développé par les groupes pharmaceutiques japonais Daiichi Sankyo et anglo-suédois AstraZeneca.
Ce traitement était déjà autorisé chez des patientes souffrant d’un cancer du sein présentant de fortes quantités d’une protéine appelée HER2. Il s’est montré efficace aussi chez les malades ayant cette protéine, mais en plus faible quantité, ce qui accroît donc le nombre de patientes qui pourraient en bénéficier.
Un progrès important, selon le professeur William Jacot, de l’Institut du cancer de Montpellier, dans le sud de la France, qui a participé à cet essai clinique.
"On n’avait pas vu une telle avancée en termes de survie, avec un traitement utilisant de la chimiothérapie, depuis des dizaines d’années", dit-il.
"Il s’agit d’un anticorps 'armé' avec de la chimiothérapie : l’anticorps se colle à la surface de la cellule cancéreuse dont les récepteurs ne fonctionnent plus. La cellule 'digère' alors les récepteurs pour les recycler : c’est là que la chimiothérapie est libérée", explique l’oncologue.
Les annonces se succèdent et suscitent aussi l’engouement des investisseurs : récemment, la biotech française ImCheck a ainsi levé près de 100 millions d’euros pour un anticorps en développement. Et les gros laboratoires ne sont pas en reste, prêts à payer cher. Le français Sanofi avait ainsi acheté en 2018 la biotech belge Ablynx pour près de 4 milliards d’euros, mettant la main sur ses nanocorps (des mini anticorps).