Les agriculteurs flamands demandent une adaptation du plan azote : 2700 tracteurs à Bruxelles selon la police

A Tielt, en Flandre orientale, les colonnes de véhicules agricoles se sont formées vers huit heures ce matin. Des rassemblements comme ceux-là, il y en avait des dizaines partout en Flandre. Quatre grands convois ont ainsi roulé vers Bruxelles le long des nationales 1, 2, 8 et 9. Normalement, ils ne peuvent pas emprunter l’autoroute mais au total, le cortège devrait faire 15 à 20 kilomètres de long une fois arrivés à Bruxelles.

Vers 11 heures, le cortège se trouvait chaussée de Louvain, à Kortenberg en direction de Meiser.

D’autres étaient déjà arrivés devant le siège de l’administration flamande, à Tours et Taxis.

L’an dernier, les partis de la majorité flamande avaient trouvé un accord. Mais il est aujourd’hui contesté par le CD&V, poussé dans le dos par son pilier traditionnel, le Boerenbond, l’alliance agricole. Il faut dire que le projet défendu par la ministre N-VA de l’Environnement, Zuhal Demir, menace des centaines d’exploitations agricoles.

C’est le cas de la famille Moors à Riemst : 15 générations d’agriculteurs et d’éleveurs. Thomas, le fils de 26 ans explique : "J’ai commencé en 2018, après mon père, qui avait lui-même commencé 30 ans plus tôt. La ferme de mon grand-père est aussi dans le village".

Il y a des cultures de betteraves, de froment, de maïs, de pommes de terre et des étables pour 440 truies de reproduction. Elles portent 7 ou 8 fois et donnent naissance à 15 porcelets à chaque portée. Avec – moins glamour – son lot de déjections récupérées pour servir d’engrais. Et l’air est purifié dans ces porcheries dernier cri. "A l’arrière de l’étable il y a un purificateur d’air pour réduire de 90 à 95% l’ammoniac qui est produit ici", explique Thomas.

Sauf que la ferme classée "verte" devrait encore s’adapter si le texte de Zuhal Demir passait, avec deux purificateurs, deux laveurs d’air de plus (150 à 200.000 euros pièce), d’ici 2030. C’est insoutenable financièrement. "On doit réduire la quantité d’ammoniac qui arrive dans l’air, il n’y a pas de question là-dessus", estime Renaat, le père : "Il n’est pas nécessaire de fermer tellement de fermes. Laissez-nous investir, laissez-nous prouver qu’on est capable de diminuer l’effet sur l’environnement. Je crois qu’on irait beaucoup plus loin en respectant tout ce que nous demandons".

Ces agriculteurs demandent, si pas le retrait total du projet Zuhal Demir, en tout cas du temps pour s’adapter, rappelant notamment qu’ils font vivre près de 120.000 personnes dans le secteur de la production alimentaire. Un vrai match, on l’a compris, environnement contre agriculture et économie.