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Les agriculteurs face aux dégâts de sanglier : "C’est très difficile d’être indemnisé"

© Clément Glenser

Par Clément Glesner

Dans leur champ, Marc et Anne Tack sont dépités : "Tout est retourné ici. Labouré. À mon avis, rien ne va pousser." Depuis quinze ans, cette tendance ne fait que s’accentuer, avec des populations de sangliers en croissance exponentielle. "Il y a de plus en plus de dégâts dans nos cultures. Ici, cela ne portera pas à conséquence. Il s’agit d’un tapis vert qui doit servir à couvrir le sol pour l’hiver. Mais dans les champs de blé, la perte est de 5 tonnes cette année !", confie Marc, agriculteur à Ragnies dans la commune de Thuin.

Des dégâts pour plus de 1.000 euros sur une seule culture et pourtant, il ne percevra aucun dédommagement. "La procédure veut que nous fassions expertiser nos pertes avant la récolte. Or, nous ne les avons constatées qu’une fois la moissonneuse dans le champ." Mais même si la procédure avait pu être suivie, rien n’aurait été simple.

Une fois le constat fait, l’expert désigné doit tracer sur la carte un périmètre de 1 à 5 kilomètres autour de la zone touchée. Toutes les chasses inscrites dans ce cercle doivent être répertoriées. Puis il faut encore contacter l’ensemble des propriétaires du droit de chasse, car finalement ce sont eux qui sont responsables des dégâts de gibier dans les cultures. "Mais beaucoup ne paient pas… Il y en a qui ne sont pas corrects", nous confie un chasseur de la région.

Si le règlement à l’amiable n’est pas possible, il reste alors la procédure judiciaire. Mais elle est longue et coûteuse. Dans de nombreux cas, les agriculteurs préfèrent ne pas poursuivre les procédures. "Si vous avez des petits dégâts, en nombre, mais dispersés sur plusieurs parcelles, c’est autant de dossiers qu’il faudra porter devant la justice. Financièrement, ça n’en vaut pas la peine alors que le préjudice peut être important", assure Marc Tack.

Les chasseurs en sont bien conscients, et certains en profitent. C’est alors que règne l’impunité ou la grande négociation. Comme des marchands de carpettes, chasseurs et agriculteurs tentent de trouver un ultime accord. "Il me dit que ses dégâts sont à 1.000 je lui dis que selon moi ils sont à 500. Finalement on s’accorde sur 750", poursuit un chasseur.

Si certains agriculteurs se satisferont de ces arrangements de dernière minute, Marc et Anne Tack redoutent cette année encore de n’obtenir aucun dédommagement.

Difficile pour les agriculteurs d'être dédommagés des dégâts de sanglier

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