Belgique

Les agents parachutistes, ces véritables James Bond belges formés au Royaume-Uni lors de la Seconde Guerre mondiale

Des agents en pleine formation pour infiltrer les pays envahis par l'occupant allemand.

© Tristan Bourlard : 'La maison de verre'

Par Lucie Dendooven avec Maurizio Sadutto

Ce dimanche 28 mai, on commémorait le jour de la capitulation de la Belgique en 1940. A l'époque, de nombreux Belges ont alors rejoint le Royaume-Uni et certains ont été recrutés par les services secrets anglais.

Ce secret était bien gardé dans une maison à Ixelles. Ceux qui franchissent le seuil de ce club privé aux allures très "British" le connaissent. Luc Penninckx, le Secrétaire général de la Fraternelle des Agents parachutistes nous souhaite la bienvenue en ce lieu très particulier et chargé d’histoire. Mais qu’est-ce qui se cache sous ce nom ?

Une ambiance cosy, propice aux confidences.
"Fraternelle des agents parachutistes".
Luc Penninckx, secrétaire général de la Fraternelle des agents parachutistes.
Luc Penninckx, secrétaire général de la Fraternelle des Agents parachutistes.

"Vous êtes ici dans un lieu un peu secret.", nous raconte Luc Penninckx. "C’était le lieu de réunion des agents secrets belges qui avaient été formés par Londres pour Sa Majesté durant la guerre 40-45."

L'histoire de ces James Bond belges remonte à 1940. A l’époque, le SOE, les services secrets britanniques, décide de recruter des civils volontaires de pays occupés. Ils sont triés sur le volet, car le SOE craint l’infiltration d’espions allemands. Chaque détail compte, y compris leur sommeil.

Les candidats agents étaient éliminés lors de leur sélection s’ils avaient une propension à parler pendant leur sommeil.

L’hôte des lieux nous explique pourquoi : "On les observait la nuit et on voyait s’ils rêvaient tout haut. Beaucoup ont été éliminés parce qu’ils pourraient parler sans le savoir et révéler des secrets."

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Pendant deux mois, les candidats agents suivent un entraînement physique et technique très spécial : filature, faux papiers, crochetage de serrures et leurs formateurs sont pour le moins inattendus.

"Les Anglais ont sorti de prison des gens qui avaient été condamnés pour vol dans des maisons, pour ouverture de coffres-forts.", raconte Luc Penninckx. "Et ces gens-là, ces Anglais-là, moyennant remise de peine, donnaient des cours aux futurs agents pour pouvoir ouvrir des coffres !"

Entraînement physique mais aussi technique très particulier : filature, faux papiers et crochetage de serrures.
Entraînement physique mais aussi technique très particulier : filature, faux papiers et crochetage de serrures.
Entraînement physique mais aussi technique très particulier : filature, faux papiers et crochetage de serrures.
Entraînement physique mais aussi technique très particulier : filature, faux papiers et crochetage de serrures.
Entraînement physique mais aussi technique très particulier : filature, faux papiers et crochetage de serrures.

Une infiltration très risquée

Des agents munis d’une combinaison de parachutiste qu’ils vont devoir faire disparaître lors de l’arrivée au sol.

Une fois formés, ils sont parachutés en zone occupée. Marie Marchand, fille de Georges Marchand, membre du groupe G de Résistance, nous explique comment se déroulait l’infiltration par parachutage en nous décrivant l’équipement des agents lors du largage :

Marie Marchand, fille de Georges Marchand, membre du groupe G de Résistance.

"C’est une combinaison qui est rembourrée. Et en dessous de cette combinaison, ils étaient en civil.", décrit-elle, "Et aussitôt qu’ils atterrissaient, ils devaient enterrer immédiatement leur parachute et leur équipement de parachutiste pour qu’on ne sache pas ce qui s’était produit."

Munis de faux papiers, ils se fondent alors dans l’anonymat. Ils exécutent des opérations de sabotage ou communiquent des infos par radio avec Londres.

Saboter des endroits clés pour l’occupant était l’une des missions de ces agents.
La communication par ondes radio en territoire occupé était une activité particulièrement dangereuse, car facilement détectable.
Patrick Guerisse, président de la Fraternelle des Agents parachutistes.

Patrick Guérisse est le président de la Fraternelle des Agents parachutistes. Il nous explique le plus grand danger couru par les agents : "Les agents les plus exposés étaient les opérateurs radio, étant donné que dès qu’ils émettaient, l’émission était captée par les Allemands et en une quinzaine de minutes, les Allemands parvenaient à les localiser."

Eugène Toussaint, l’un des agents malheureusement démasqués et exécutés.
Galerie de portraits d’agents.

Et s’ils se faisaient capturer en tant qu’espions, ils pouvaient être fusillés sur-le-champ. Certains, comme Eugène Toussaint, ont été décapités à la hache. Près de la moitié des volontaires sont morts en mission. Le grand-père d’Elena Penninckx, lui, a survécu.

Elena Penninckx, petite-fille de Albert Penninckx.

"J’ai du mal à m’imaginer ce que c’est, à mon jeune âge, de faire ce qu’ils ont fait, de risquer ce qu’ils ont risqué, de s’engager comme ils l’ont fait, mais aussi d’être un peu fou comme ils l’ont été !"

Peut-être fous pendant la guerre, mais très discrets après… Patrick Guérisse nous confie qu’il découvre encore régulièrement des secrets bien gardés de l’époque : "Aujourd’hui, moi je découvre encore, par des documents que je reçois, certaines activités de mon père pendant la guerre."

Tous décédés aujourd’hui, c’est au tour de leurs descendants d’entretenir ce lieu de mémoire et, petit à petit, le faire connaître au public.

"Ce qu’il se passe ici reste ici."
Des descendants passeurs de mémoire.

Séquence JT du 28 mai 2023

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