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Les 50 ans Tubular Bells de Mike Oldfield

Tubular Bells de Mike Oldfield a 45 ans!

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Par Laurent Rieppi

Le 25 mai 1973, il y a 50 ans, sortait un album ovni, "Tubular Bells", composé de 2 plages instrumentales de plus de 20 minutes signées Mike Oldfield, l’œuvre géniale d’un jeune musicien britannique âgé de 19 ans.

Fin des années 60, alors qu’il est encore adolescent, le jeune Mike Oldfield se fait remarquer sur les scènes des clubs de folk britannique. Après avoir joué dans des groupes de cover (qui reprenaient essentiellement la musique des Shadows Hank Marvin restera d’ailleurs une énorme influence pour Oldfield durant toute sa carrière), le jeune musicien se lance donc dans l’aventure folk.

En 1967, il forme "Sallyangie" avec sa sœur Sally Oldfield. Ensemble, ils sortent un seul album, "Children of the Sun" en 1968, un disque qui n’est pas sans rappeler la musique d’une autre formation folk de l’époque : Pentangle.

Malheureusement, le succès n’est pas au rendez-vous et l’aventure Sallyangie est de très courte durée.

Sallyangie - Children of the Sun

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En 1970, Mike Oldfied rejoint le groupe de Kevin Ayers (ex-Soft Machine). Il devient alors le guitariste et bassiste officiel d’Ayers l’espace de deux albums : "Shooting At The Moon" (1970) et "Whatevershebringswesing" (1972)

Oldield et Ayers deviennent rapidement très amis. Cependant, après ces deux années de travail en commun, les routes des deux musiciens se séparent. Alors qu’Ayers continue son aventure en solo avec d’autres musiciens, Mike Oldfield a, lui, de plus en plus envie de créer sa propre musique et de lancer sa carrière solo.

Un concept mûrement réfléchi…

Depuis de nombreuses années, Mike Oldfield a une pièce musicale en tête. L’idée d’une structure, de mélodies, mais il n’a encore rien écrit, rien enregistré. Mike emprunte alors un enregistreur à bande et un orgue à Kevin Ayers et commence à travailler sur un projet portant le nom d' "Opus 1" (l'"ancêtre" de Tubular Bells).

La démo enregistrée, il la propose à différentes maisons de disques (CBS, Harvest, Mercury ou encore Warner). Tout le monde trouve son travail intéressant mais personne ne veut investir de l’argent dans un projet si ambitieux et si risqué. Seul Mercury Records est prêt à tenter l’aventure mais uniquement si Mike accepte d’ajouter du chant à l’ensemble. Pour Mike, il n’en est pas question, son album il le veut purement instrumental.

Mike Oldfield redevient pendant quelque temps musicien de session. On le voit notamment accompagner la comédie musicale "Hair" ou encore Alex Harvey lors de quelques concerts. Un peu plus tard, lors d’une session d’enregistrement pour un groupe, il se rend dans un studio flambant neuf : "The Manor" situé à Oxfordshire. Equipé d’une nouvelle table 16 pistes, le studio est au top de la technologie de l’époque… Mike Oldfield profite de cette visite pour faire écouter sa démo à Tom Newman, l’ingénieur du son des lieux. Newman trouve le projet passionnant et en parle à Richard Branson, le propriétaire du studio "The Manor". Branson tente, depuis quelque temps, de lancer son propre label Virgin mais malheureusement le projet est reporté puisque le businessman a alors quelques problèmes financiers ainsi que des soucis avec la justice.

Branson est à la recherche d’un album phare pour lancer son label. Enfin débarrassé de ses préoccupations pécuniaires, Branson décide alors de laisser une chance au jeune Mike Oldfield et de tout miser sur lui en lui offrant, notamment, un accès quasi illimité à son studio afin qu’il puisse y enregistrer ce disque dont il rêve depuis si longtemps…

Mike Oldfield 'Tubular Bells' Live at the BBC 1973 (high quality / remastered)

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Un travail minutieux…

Le travail débute en septembre 1972. En studio, Mike Oldfield est assisté par l’ingénieur du son Tom Newman, qui devient rapidement son mentor. La première partie du disque (la face A : "Tubular Bells" - part One, d’une durée de plus de 25 minutes) est enregistrée très rapidement en l’espace d’une semaine à peine.

La seconde partie prend, elle, beaucoup plus de temps et son enregistrement s’étale sur plusieurs mois (avec de nombreuses interruptions). Mike Oldfield va pratiquement enregistrer seul l’album, jouant lui-même de plus de 15 instruments différents (basse, guitare, percussion, mandoline, piano, guitare espagnole… et bien entendu de la Tubular Bell – autrement dit du carillon tubulaire ou de la cloche tubulaire).

Tubular Bells

Quelques mots sur cet instrument particulier qui donne le nom à cet album. La cloche tubulaire est en fait un instrument de musique issu de la famille des percussions. L’instrument est constitué d’une série de cloches : chaque cloche constitue une sorte de tube métallique, habituellement fait de laiton. Si Mike Oldfield joue pratiquement tous les instruments que l’on entend sur l’album, il bénéficie également de l’assistance de quelques musiciens.

On retrouve ainsi le batteur Steve Broughton, la chanteuse Mundy Ellis (ex-copine de Richard Branson et également responsable du studio "The Manor"), Lindsay Cooper à la contrebasse (musicien des Strawbs, le groupe de Rick Wakeman), Sally Oldfield, la sœur de Mike aux chœurs, ainsi que Vivian Stanshall, le leader du déjanté "Bonzo Dog Doo Dah Band", qui annonce, complètement saoul, chaque instrument joué sur l’album à la fin de la première face du disque.

Vivian Stanshall qui décédera en 1995 et qui, pour l’anecdote, sera "remplacé" par John Cleese des Monthy Python pour la version 30e anniversaire de Tubular Bells en 2003.

Impossible d’évoquer Tubular Bells sans le lier au film "L’Exorciste" (1973) du réalisateur américain William Friedkin. En effet la célèbre introduction de l’album "Tubular Bells" (cette section de piano intrigante) est utilisée au tout début du film.

Tubular Bells (The Original Remastered)

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Un album légendaire

Richard Branson aura eu raison d’investir dans ce jeune talent. En effet, grâce à ce disque, le 23 mai 1973, Branson peut enfin lancer officiellement "Virgin Records". Les critiques dithyrambiques de la plupart de la presse britannique et américaine vont véritablement propulser le label et lui donner une importante crédibilité.

Même si, à la suite de cette aventure, Mike Oldfield sortira d’autres très bons albums, "Tubular Bells" restera une véritable obsession pour le musicien.

En effet l’album sera décliné sous différentes formes musicales voire informatiques à de très nombreuses reprises : "The Orchestral Tubular Bells" en 1975, une version "Commodore 64" (le légendaire micro-ordinateur des années 80) en 1986, "Tubular Bells II" en 1992, "Tubular Bells III" en 1998, "The Millenium Bell" en 1999… (on ne pourrait citer toutes les différentes déclinaisons de l’album, tant il en existe et ce dans toutes les formes possibles et imaginables).

En 2003, pour le 30e anniversaire de l’album, Mike Oldfield réenregistrera seul l’ensemble de l’album aidé seulement par son Mac. Il jouera même, sur cette version, de plus de 40 instruments différents. Plus un défi qu’un véritable album, cette version 30e anniversaire mérite quand même d’être écoutée par ceux qui ont apprécié la version de 1973.

Si Oldfied décide de réenregistrer son œuvre, 30 ans plus tard, c’est parce que tout au long de sa carrière, il la jugera imparfaite. C’est vrai qu’il y a quelques petits défauts, comme quelques différences de niveaux parfois un petit peu dérangeantes pour l’oreille ou encore quelques sons dépassés (qui témoignent d’un côté parfois trop "excentrique" du son 70’s), mais, "Tubular Bells" reste une œuvre majeure de l’histoire du rock, une œuvre qui a passé brillamment l’épreuve du temps et qu’on prend toujours autant de plaisir à écouter aujourd’hui…

Mike Oldfield - Tubular Bells Ver 2

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Mike Oldfield - Tubular Bells part 1 (Live at Knebworth 1980) HQ Video

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