Dossier

Les 50 ans d’un des plus grands albums des Rolling Stones

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Avant le passage très attendu du groupe le 11 juillet prochain au Stade Roi Baudouin, Classic 21 célèbre les 50 ans de l'album Exile On Main Street avec une séquence spéciale dans Les Classiques de Marc Ysaye ce dimanche 15 mai et un dossier complet à découvrir ci-dessous.

Exile On Main Street est un double album ambitieux des Rolling Stones. Considéré aujourd’hui comme l’un des chefs-d’œuvre du groupe, il montre une formation revenir en profondeur à ses racines blues, gospel et country.

En route vers Villefranche-sur-mer

On lie toujours ce double album ambitieux des Rolling Stones à la localité de Villefranche-sur-mer près de Nice et principalement à la villa Nellcôte, louée pour l’occasion par le guitariste Keith Richards. Si une bonne partie de celui-ci sera enregistrée là-bas, l’album Exile on Main Street comporte également quelques titres provenant des sessions d’albums précédents tels que Let It Bleed et Sticky Fingers réalisés à Londres (Olympic Studios) ainsi qu’à Stargroves, un manoir appartenant à Mick Jagger et situé à East Woodhay (Hampshire).

Cependant, l’album est profondément ancré dans l’ambiance très particulière qui régnait dans cette villa et qui a été une source d’inspiration pour le groupe.

Un peu d’histoire…

La ville Nellcôte a été bâtie en 1890 par un banquier et portait alors, à l’origine, le nom de "Château Amicitia". En 1919, le "château" est racheté par la famille Bordes, des armateurs spécialisés dans le transport de nitrate entre la France et le Chili, et est rebaptisé "Nellcôte".

En 1940, la villa est réquisitionnée et devient l’un des QG de la Gestapo locale. Bref, cette demeure est chargée d’un passé particulièrement sombre…

Lorsque les Rolling Stones enregistrent sur place dans le début des années 70 la villa reste luxueuse mais elle commence à se dégrader sérieusement.

Le guitariste Mick Taylor se souvient :

Elle possédait une qualité sonore intéressante, on y retrouvait ce son cru unique. La raison a cela était que le sous-sol était particulièrement sombre et humide. A un moment le toit s’est écroulé et il y a eu des pannes de courant. Nous avons dû faire avec ces conditions parfois difficiles

Keith Richards et sa compagne Anita Pallenberg dans la villa de Nellcote (Villefranche-sur-Mer) en compagnie de leur fils, Marlon en mai 1971.
Keith Richards et sa compagne Anita Pallenberg dans la villa de Nellcote (Villefranche-sur-Mer) en compagnie de leur fils, Marlon en mai 1971. © Kent Gavin/Mirrorpix/Getty Images
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Happy ?

Si le cadre de la villa Nellcôte est idyllique, les membres des Stones traversent alors une période quelque peu perturbée.

Keith Richards et sa copine de l’époque, Anita Pallenberg, sont alors complètement accros à l’héroïne et difficile à gérer. Mick Jagger, lui, vient juste d’épouser Bianca de Macias. C’est le premier mariage pour Jagger, premier d’une longue série. Bianca de Macias attend alors leur premier enfant, Jade, et l’album ne semble plus être la véritable priorité de Jagger…

Bill Wyman, lui, ne figure pratiquement pas sur l’album. Ce dernier n’appréciait pas trop l’ambiance "festive", quelques fois "destroy" et désordonnée qui régnait sur place.

Quelques célébrités se joignent à la fête et font des allers-retours dans la villa. C’est le cas des écrivains William Burroughs et Terry Southern ou encore de Graham Parsons (qu’Anita Pallenberg priera très vite de quitter les lieux à cause de son comportement "autodestructeur").

Avec ce va-et-vient, l’absence de certains musiciens, Keith Richards va enregistrer ici un titre qui ressemble plus à une production en solo qu’à un véritable morceau des Rolling Stones : "Happy".

Il se souviendra, bien plus tard, en 2002 :

Ce morceau a été réalisé en France pour l’album Exile. J’avais le riff et les autres membres des Stones étaient en retard pour l’une ou l’autre raison. Il n’y avait que Bobby Keys qui était là, ainsi que Jimmy Miller, qui produisait. J’ai dit à un moment : ‘J’ai une idée ; essayons d’en faire quelque chose avant que les autres arrivent. J’ai commencé à jouer de la guitare et à chanter, Bobby jouait du saxophone baryton et Jimmy était à la batterie. On a écouté le résultat et j’ai dit ‘Je peux encore ajouter un peu de guitare et de la basse‘. Quand les Stones sont arrivés, on avait terminé le morceau. J’étais assez satisfait, heureux du résultat, c’est pour ça que je l’ai appelé ‘Happy’.

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L’album de Keith ?

C’est en tout cas ce qu’en dira le regretté Jimmy Miller, qui produira quelques-uns des meilleurs albums du groupe entre 1968 et 1973.

Je trouve que c’était l’album de Keith. Mick n’arrêtait pas de se rendre à Paris parce que Bianca était sur le point d’accoucher. Je me souviens de nombreuses matinées après avoir passé la nuit à enregistrer. Je rejoignais Keith pour manger, et, en quelques minutes à peine, je voyais que quelque chose n’allait pas. Il me disait 'Mick s’est encore barré à Paris'. Je sentais un certain ressentiment dans sa voix…

Jimmy Miller qui, sur l’album, en plus d’assurer à la production, remplacera sur plusieurs titres le batteur Charlie Watts. Notamment sur ce titre "Shine a Light".

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Mick Jagger mécontent…

Si Keith Richards se déclare plutôt satisfait de l’album, tout comme de très nombreux fans des Stones à travers le monde, Mick Jagger, lui, critiquera ouvertement l’album. Richards, à cette époque, est heureux d’être débarrassé de leur ancien manager, Andrew Loog Oldham, et de l’image de "hit makers" qui leur imposait. Le guitariste prend ici le temps, sort tous les titres enregistrés pendant la session sous forme de double album sans trop se soucier de la présence d’un "tube". Ce qui ne plaît pas trop à Jagger. Ce dernier expliquant en 2003 :

Exile n’est pas l’un de mes albums favoris, même si je trouve qu’il y a un certain feeling présent sur celui-ci. Je ne suis pas convaincu que les titres présents ici soit particulièrement géniaux, mais, vu comme un ensemble, c’est plutôt une belle pièce. Cependant, lorsque j’écoute Exile, je trouve qu’on y retrouve un des pires mixages que j’ai entendu. J’adorerais pouvoir remixer l’album, pas seulement pour les pistes vocales, mais parce que, de façon générale, il ne sonne pas très bien. A l’époque, Jimmy Miller n’était plus fonctionnel. J’ai dû terminer l’album moi-même, parce que tout le monde était drogué et saoul. Bien sur, du coup, je suis responsable de cet album, mais ce n’est pas très bon…

Mick Jagger au volant sa Morgan Plus 8 roadster jaune à St. Tropez en France le 9 mai 1971.
Mick Jagger au volant sa Morgan Plus 8 roadster jaune à St. Tropez en France le 9 mai 1971. © Reg Lancaster/Daily Express/Hulton Archive/Getty Images

Tumbling Dice

Finalement, le seul titre qui se rapprochera d’un "tube" sur l’album est "Tumbling Dice". Il se classera dans le TOP 20 singles à sa sortie. Fait plutôt rare chez les Stones, Mick Jagger joue ici de la guitare en compagnie de Keith Richards. Ce n’est pas Bill Wyman à la basse mais bien le guitariste Mick Taylor. Si Charlie Watts est bien à la batterie ici, il est cependant "doublé" par Jimmy Miller pour certaines sections.

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