Dossier

Les 50 ans de Meddle de Pink Floyd

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Par Laurent Rieppi via

À l’occasion des 50 ans de cet album pilier de la carrière de Pink Floyd sur lequel on retrouve notamment l’atmosphérique "Echoes", nous revenons sur sa réalisation…

Définition du son 70s de Pink Floyd

6e album de Pink Floyd, il sort le 30 octobre 1971. Pour beaucoup de fans du groupe ainsi que pour les membres de Pink Floyd également, Meddle marque réellement le véritable début de la nouvelle époque de Pink Floyd (celle dirigée donc par le duo Waters/Gilmour). Certes, les quelques albums précédents présentaient déjà un grand changement depuis l’époque Syd Barrett, mais ce n’est qu’à partir de Meddle que se concrétise réellement le son de ce que sera Pink Floyd pendant les années 70.


Meddle, qui est notamment un album particulièrement cher au guitariste David Gilmour, suit d’un an la sortie d’Atom Heart Mother, le précédent album de Pink Floyd.
A peine après avoir bouclé la tournée américaine et britannique d’Atom Heart Mother (jusqu’à la fin 1970), Pink Floyd se remet au boulot pour travailler à un nouvel album au mois de janvier 1971.

Le groupe n’a pas de nouveaux titres en stock et, pour accélérer le processus créatif, Pink Floyd s’impose une technique de travail plutôt particulière.


Nick Mason se souviendra bien plus tard :

Il s’agissait entre autres de jouer sur des pistes séparées, sans tenir compte de ce que le reste du groupe faisait. Nous convenions d’un accord de base, mais laissions le tempo au hasard. Nous ne faisions que suggérer des ambiances, comme 'romantique les deux premières minutes, rapide les deux suivantes'. Nous baptisâmes ces notes 'Nothings 1-24' (Riens 1-24), ce qui se révéla fort à propos. Au bout de quelques semaines, rien de valable n’était sorti, ni chansons complètes, ni idées de travail. Après les 'Nothings', nous produisîmes les 'Son Of Nothins' (Fils des Riens), suivis par les 'Return Of The Son Of Nothings' (Retour du Fils des Riens), qui devint même le titre provisoire de notre nouvel album

C’est dans ces conditions plutôt particulières qu’est élaboré le "squelette" des différents titres présents sur l’album.

Il est enregistré entre le mois de janvier et d’août 1971. Si les sessions s’éternisent quelque peu, c’est pour la simple et bonne raison que Pink Floyd enregistre l’album et continue à donner de très nombreux concerts.

L’enregistrement, à proprement parler, se déroule dans 3 studios différents : l’EMI Studio de Londres (ex-Abbey Road) ainsi que l’Air Studios et le Morgan Studios (tous deux également à Londres).


La plupart des albums et projets précédents de Pink Floyd avaient été bouclés essentiellement à l’EMI Studio mais cette fois, les choses sont différentes.
En effet, EMI, très conservatrice, refuse de prêter ses nouveaux enregistreurs 16 pistes à Pink Floyd. Les musiciens sont très vexés pas cette décision et son convaincu qu’ils ont besoin de cette nouvelle technologique. C’est pourquoi ils se rendent notamment aux Airs Studios de Londres, un studio conçu et appartenant à George Martin, producteur des Beatles, studio qui est équipé du meilleur matériel disponible à l’époque.


Nick Mason à propos de l’Air Studio :

Air était le studio de George Martin, situé dans Oxford Street. Après des années de collaboration, George s’était séparé d’EMI, pour créer son propre studio, prenant avec lui Ken Townsend, le directeur des studios d’Abbey Road, gage d’une qualité maximale. Il régnait dans ses studios, à la pointe du progrès, une atmosphère très différente de celle de studios d’Abbey Road, qui avaient grand besoin d’être rénovés et modernisés. Les locaux étaient spécialement conçus pour les groupes de rock, une nouvelle clientèle à cette époque…

 


 

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"One of These Days", la plage quasi instrumentale qui ouvre l’album, met directement l’auditeur dans l’ambiance de l’album Meddle.

Nick Mason précise dans "Inside Out" son ouvrage consacré à la carrière de Pink Floyd :

One Of These Days fut construit autour d’un son de basse que Roger avait créé en branchant son instrument sur une chambre d’écho Binson. Le Binson a caractérisé notre musique pendant des années, dès la période Syb Barrett – notamment dans Interstellar Overdrive, Astronomy Domine et Pow R. Toc H. Le Binson utilisait un tambour rotatif en acier entouré de têtes de lecture. En choisissant différentes têtes, on obtenait une gamme d’effets répétitifs selon les signaux envoyés

On précisera que le seul passage "parlé" (et non chanté) : "One of these days I’m gonna cut in tiny pieces" est prononcé non pas par Roger Waters ou David Gilmour mais bien par Nick Mason.

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Pink Floyd au Japon en 1971 (de gauche à droite Roger Waters, Nick Mason, David Gilmour et Rick Wright.
Pink Floyd au Japon en 1971 (de gauche à droite Roger Waters, Nick Mason, David Gilmour et Rick Wright. © Koh Hasebe/Shinko Music/Getty Images

Une oreille sous l’eau ?

Pour la pochette de l’album, Pink Floyd fait appel, comme sur la plupart de sa discographie, à Storm Thorgerson de la boîte de production graphique Hipgnosis.

L’idée du groupe est de représenter la forme d’une oreille sous l’eau. Thorgerson trouve l’idée un peu bizarre, d’autant plus que les membres de Pink Floy lui annoncent ceci lors d’une halte à Honk-Kong via des lignes téléphoniques au son plutôt mauvais.

Thorgerson s’exécute et crée cette très belle pochette, intrigante, une des plus marquantes de la carrière du groupe (aux côtés bien entendu de The Dark Side Of The Moon et de Wish You Were Here).


Si Meddle s’articule essentiellement entre la plage d’ouverture "One Of These Days" et la plage de fermeture, le superbe "Echoes", on y retrouve également quelques autres bonnes compositions tels que le très soft "San-Tropez" de Roger Waters, "A Pillow of Winds" de Gilmour, "Fearless" ou encore "Seamus" de Gilmour, un titre qui évoque le chien de Steve Mariott des Small Faces/Humble Pie.

Echoes : une plongée dans les abysses


Le titre phare de l’album reste celui qui occupe l’ensemble de la deuxième face du disque : "Echoes".
Le groupe, sur cette longue plage atmosphérique se lance dans une grande jam musicale durant laquelle, comme à leur habitude, ils expérimentent différentes techniques.


Ainsi, par exemple, le son de guitare que l’on entend au milieu du morceau a été obtenu par David Gilmour en inversant le branchement de sa pédale wah-wah.

Pour l’enregistrement du titre, Pink Floyd applique également les différentes techniques qu’ils ont expérimentées en compagnie de Ron Geesin, directeur musical de l’album précédent Atom Heart Mother.
A propos d' "Echoes", Nick Mason précise ceci dans son livre :

Notre point de départ était un son, une note jouée au clavier et modulée par une enceinte acoustique à effet Leslie. Cet étrange appareil, utilisé généralement avec un orgue Hammond, se compose d’une enceinte rotative qui amplifie un son particulier. Le haut-parleur, tournant à une vitesse variable, crée un effet Doppler, tout comme une voiture passant à une vitesse constante semble changer de note en s’éloignant. En faisant passer le clavier par le Leslie, la note de Rick évoquait un sonar. Comme nous n’arrivions jamais à recréer la personnalité de cette note en studio, notamment la résonance particulière qui existait entre le clavier et le Leslie, c’est la version de démonstration que nous avons utilisée pour l’album, l’intégrant en fondu enchaîné dans le reste du morceau. Conjuguée à une phrase nostalgique exécutée à la guitare par David, cette note nous donnait suffisamment d’inspiration pour achever un morceau complet ; ce fut Echoes

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