Toute bande dessinée est adaptable en film. C'est en tout cas ce que semblent penser les producteurs français. Sinon on ne se taperait pas toutes ces daub... belles transpositions sur grand écran. Mais pour être certain de mettre toutes les chances de votre côté, pensez à respecter trois critères essentiels dans le choix de votre sujet de départ.
Critère numéro un : choisissez une bande dessinée belge.
Le Belge est gentil, c'est bien connu. Vous pouvez donc adapter un Gaston ou un Boule et Bill en piétinant joyeusement tout ce qui faisait le sel de l'oeuvre originelle, le Belge n'en fera pas un drame. Car le Belge, contrairement au Français, ne fait pas de polémiques avec tout et n'importe quoi. Il sait que la vie est courte, et qu'il faut mieux la passer autour d'une bonne bière en terrasse avec des amis rigolards plutôt que sur un plateau télé à défendre ta bouse de film face à Christine Angot, dont la joie de vivre équivaut au niveau de démocratie d'une élection en Egypte.
Critère numéro deux : adaptez un dessinateur mort.
On a tendance à l'oublier, mais le dessinateur mort se plaint rarement quand on détruit allègrement son oeuvre en la transposant sur grand écran. A-t-on entendu Franquin rouspéter quand PEF a fait caca sur son génial Gaston ? Non. Et pour cause : il est mort. Alors certes, sa fille s'est plainte ouvertement du massacre. Mais vous aurez anticipé le problème en vous assurant que ce n'est pas elle qui détient les droits d'adaptation de la bande dessinée, mais des personnes dont la vision artistique s'arrête là où commence celle de leur compte en banque.
Critère numéro trois : ne transposez pas un album original.
Pourquoi vous contenter d'adapter un seul album génial quand vous pouvez faire tellement mieux ? Pensez donc à mélanger différents ingrédients puisés de-ci de-là dans l'ensemble des albums parus, afin d'obtenir un résultat bien plus riche, plus foufou, plus original. Prenez le film "Les aventures de Spirou et Fantasio". Il n'est pas directement tiré d'un album épatant comme "Spirou et les héritiers", "Le dictateur et le champignon", "Z comme Zorglub" ou "QRN sur Bretzelburg". Non, non, non. Le producteur a eu la bonne idée de faire un film tout nouveau, avec plein de trucs pris à gauche à droite dans les albums. Et on voit le résultat : le film est formid... le film est un film. Ça s'appelle le talent. Ça s'appelle le génie...