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Les 15 BD incontournables de 2022 !

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Quelles sont les quinze BD incontournables de l’année ? L’exercice est périlleux ! D’emblée, il m’en vient vingt-cinq en tête. Mais la liste serait trop longue. Alors, commençons par…

Le trio gagnant

La Dernière Reine, de Jean-Luc Rochette, Casterman

Une histoire d’ours, de montagne, de destin. Un très grand récit porté par un souffle épique, qui parle des gueules cassées, de l’histoire de l’art, de la préservation de la nature, de l’insoumission et de l’amour. Le meilleur livre d’un auteur qui avait pourtant déjà plusieurs chefs-d’œuvre à son actif (Ne citons que Le Transperceneige, Le Loup et Ailefroide).

L’Arabe du Futur, Tome 6, de Riad Sattouf, Allary

On ne peut pas considérer ce livre seul, il est la conclusion d’un récit de plus de mille pages qui renouvelle le rapport entre littérature autobiographique et bande dessinée et qui s’est déjà écoulé à 3 millions d’exemplaires. Sans aucun pathos, Sattouf offre une conclusion pleine de sens, d’émotion et d’universalité à son histoire personnelle et familiale avec le Moyen-Orient. Cet ultime volume se lit d’une traite !

Spirou, L’Espoir malgré tout, Tome 4, d’Émile Bravo, Dupuis

En quatre livres empreints d’une humanité rare, Émile Bravo a su transformer Spirou et Fantasio pour en faire des héros touchants, drôles, sensibles, faillibles, aux prises avec les pages les plus noires de l’Occupation. Une œuvre d’une incroyable densité et d’une finesse absolue qui place la barre très haut.

Après ce tiercé de tête, voici 12 titres qui ont tous leur place dans votre bibliothèque, dans des genres très variés :

Le Poids des héros, de David Sala, Casterman

L’auteur part à la rencontre de ses grands-parents maternels et paternels, héros de la résistance au franquisme. Et s’interroge sur le poids de ces figures héroïques tout en revisitant son propre itinéraire artistique. Entre éclairage historique et autobiographie ouverte sur le monde, une perle graphique éclaboussante de couleurs qui touche au cœur !

Céleste, Bien sûr Monsieur Proust !, de Chloé Cruchaudet, Noctambule

La vie de Marcel Proust revue et corrigée par celle qui fut à son service jusqu’à sa mort, Céleste Albaret. Sous le crayon et l’œil de la surdouée Chloé Cruchaudet, ça donne un récit survitaminé, bourré d’inventions graphiques, tantôt touchant tantôt cocasse, loin de l’image qu’on se fait de Proust. Quand la bande dessinée dialogue en toute liberté avec la littérature, on atteint un plaisir rare.

La Couleur des choses, de Martin Panchaud, ça & Là

C’est le livre le plus audacieux dans sa forme et pourtant c’est bien plus qu’un titre expérimental qu’on oublierait très vite une fois la performance digérée. Martin Panchaud parvient à nous tenir en haleine dans une sorte de cluedo-polar dont tous les personnages sont vus d’en haut, à l’état de points de couleur posés sur un plan des lieux où se déroule l’histoire. Redoutable !

Les Pizzlys, de Jérémie Moreau, Delcourt

Jérémie Moreau parvient de livre en livre à renouveler sa curiosité pour le monde et pour les zones froides, désertiques, où l’homme est peut-être un peu plus près de la vérité. Dans un festival de couleurs, il emmène une fratrie défaite en Alaska et confronte chacun à ses démons, ses espoirs, ses faux-semblants. On en ressort transformé.

Amalia, d’Aude Picault, Dargaud

La charge mentale peut-elle être le sujet d’une comédie ? La réponse est oui, grâce à l’humour savoureux d’Aude Picault et grâce à son observation affûtée des mécanismes d’asservissement de notre monde moderne. Dans Amalia, l’autrice se fait sociologue et livre une critique acerbe d’un monde qui est sans pitié pour les cadres par ailleurs mères de famille.

Melvile, L’Histoire de Ruth, de Romain Renard, Le Lombard

Conclusion d’une série de trois histoires indépendantes imaginées dans un coin reculé de l’Amérique du Nord, L’Histoire de Ruth, c’est une plongée en bande dessinée dans tout ce qui fait la grande littérature américaine d’aujourd’hui. La nature est omniprésente, et plus encore la forêt. Elle peut se déchaîner en un immense incendie, comme pour reprendre le pouvoir sur les âmes perdues d’un monde post-capitaliste livré à ses démons.

La Bibliomule de Cordoue, de Lupano et Chemineau, Dargaud

La fable la plus délicieuse de l’année ! À la fois drôle et terriblement actuelle, pour une histoire qui se situe en 976. La Bibliomule de Cordoue raconte la folle cavale d’un eunuque qui tente de soustraire quelques centaines d’ouvrages au plus grand autodafé du monde. Un roman graphique qui traite le sujet de la connaissance sous un angle neuf et (faussement) léger.

Mattéo, Sixième époque, de Jean-Pierre Gibrat, Futuropolis

Commencée il y a plus de quinze ans, la saga de Mattéo s’achève avec brio en pleine Débâcle durant la Seconde Guerre mondiale. Dialoguiste hors pair, magicien du pinceau qui parvient à rendre les nuits aussi lumineuses que les jours, Gibrat aura réussi le tour de force de mêler son héros imaginaire à tous les combats de la première moitié du XXe siècle sans jamais oublier de se poser cette question : " Et moi, qu’aurais-je fait à sa place ? "

Nettoyage à sec, de Joris Mertens, Rue de Sèvres

En deux albums, le dessinateur flamand Joris Mertens s’est imposé dans le paysage. Sa touche graphique est unique, il exploite ici dans des scènes de pluie un mélange de décors liégeois et parisiens pour créer une ville pleine de vie autour d’une histoire tendue comme un arc. Cadrages, effets de lumière et narration sans faille.

1629, de Xavier Dorison et Timothée Montaigne, Glénat

C’est à la fois un récit de marine partant d’une situation authentique et un huis clos oppressant. Dans ce premier volet (il y en aura deux), les auteurs nous embarquent sur un bateau de la Compagnie des Indes Orientales, le plus inhumain des employeurs du XVIIe siècle. La destination, c’est l’Indonésie. Mais les trois cent et quelques âmes montées à bord n’y arriveront jamais. Pas de place pour les sentiments ! Ici, tout est question de survie, de convoitise, de bassesses et de trahisons.

Le Petit Frère, de Jean-Louis Tripp, Casterman

Lorsqu’il avait dix-huit ans, l’auteur a perdu son petit frère durant les vacances en famille. C’est lui qui lui tenait la main au moment où un chauffard l’a fauché. À plus de soixante ans, Jean-Louis Tripp revient sur cet événement qui a marqué la vie de sa famille. Il enquête, cherche à comprendre, interroge ses propres sentiments et bouscule les nôtres. Impossible de lire ce livre distraitement !

Hypéricon, de Manuele Fior, Dargaud

Quelle grâce, dans le dessin de Manuele Fior ! Ce roman graphique délicat s’intéresse aux amours naissantes et contrariées d’une jeune archéologue et d’un fils de bonne famille fâché avec les conventions. Tous les deux sont Italiens et vivent à Berlin à la fin des années 90. Leur histoire, qui interroge parmi d’autres les questions de la liberté et de l’indépendance, se confond avec l’expédition d’Howard Carter dans la Vallée des Rois, près de quatre-vingts ans plus tôt, à la recherche du tombeau de Toutankhamon. Lumineux, intelligent, inventif.

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