Les Grenades

Les 10 moments qu’on retient des Magritte 2022

Teodora Ana Mihai

© MCD 2022

Par Elli Mastorou pour Les Grenades

Ce samedi 12 février au Square à Bruxelles avait lieu la 11ème édition Magritte du cinéma. Première cérémonie depuis le début de la pandémie, puisqu’en 2021 elle avait été annulée, elle récompensait les talents belges de ces deux dernières années, dans un format ‘covid safe’ adapté, avec distances et jauge limitée. Les Grenades y étaient : retour sur 10 moments marquants de la soirée.

1. Les drag-queens

Perchées sur leurs talons, elles ont ouvert la cérémonie sur ‘Womanizer’de Britney Spears avec une chorégraphie digne des meilleurs cabarets de Bruxelles ; elles ont délicatement ouvert les enveloppes contenant le nom des lauréat·es avec leurs ongles parfaitement manucurés… et on ne va pas se mentir, leurs costumes hauts en couleurs ont brillé davantage que ceux de la plupart des invité·es.

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Cette année, les drag-queens ont apporté une touche queer à la cérémonie : "Mesdames, messieurs… et les autres" fut une des expressions les plus entendues de la soirée.

© MCD 2022
© MCD 2022

2. Les maîtresses de cérémonie

Après avoir été présentés par Héléna Noguerra, Fabrizio Rongione, Anne-Pascale Clairembourg ou encore Kody en 2020, cette année les Magritte n’avaient pas un·e maître·sse de cérémonie… mais cinq. Une démultiplication pour varier les plaisirs, l’humour et le ton… ou pour se répartir le poids de cet exercice périlleux, qui navigue habituellement entre moments de malaise et blagues réussies.

Costume blanc et air malicieux, c’est la légendaire Laurence Bibot qui a ouvert le bal, dans un décor ‘covid-safe’qui ressemblait plus à un café-théâtre chic qu’une remise de prix. Après un discours d’ouverture caustique – même si toutes les références humoristiques n’ont visiblement pas percuté dans le public, elle a dédié la cérémonie "à tous-tes les professionnel·les de la culture, jugés non-essentiels… alors que s’il y a un truc qui nous a aidés à ne pas devenir dingues pendant la pandémie, c’est la culture… et les apéros Zoom".

Lui ont ensuite succédé la comédienne Ingrid Heiderscheit, le comédien Achille Ridolfi… mais nos moments favoris de la soirée vont à l’humoriste bilingue Dena Vadhani (et son hilarant ‘sourire flamand’) et aux tacles acérés mais bienveillants de la comédienne Bwanga Pilipili (‘Unité 42’, ‘Black’).

Laurence Bibot
Laurence Bibot © MCD 2022

3. Marion H par Jane B

Le Magritte d’honneur cette année était décerné de manière posthume à Marion Hänsel. L’Académie Delvaux a rendu hommage à cette réalisatrice "féministe sensible et solitaire" qui avait débuté actrice chez Agnès Varda (‘L’une chante l’autre pas’) avant de passer à la réalisation avec ‘Le Lit’en 1982 et de se faire connaître à l’international avec ‘Dust’, Lion d’Argent à Venise en 1985, ou encore ‘Between The Devil And The Deep Blue Sea’.

Décédée en juin 2020, son dernier film ‘Il était un petit navire’ tourné en convalescence après une maladie, revenait avec tendresse et poésie sur les étapes majeures de sa vie. "J’ai eu le bonheur de l’avoir connue" : émue, Jane Birkin, héroïne de ‘Dust’, était à Bruxelles pour recevoir le prix. A ses côtés, Jan Ackermans, le fils de Marion (dont Ackermans était le vrai nom de famille), portrait craché de sa maman, a noté ce doux-amer hasard du calendrier : "Elle était née un 12 février : elle aurait eu 73 ans aujourd’hui…"

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4. La rafle de ‘Un Monde’et Laura Wandel meilleure réalisatrice

Premier long-métrage de la réalisatrice Laura Wandel, ‘Un Monde’ était parmi les films les plus nommés. Pas étonnant quand on sait que depuis sa première à Cannes en juillet dernier, ce film à la fois fort et délicat, racontant le harcèlement scolaire à hauteur d’enfant, enchaîne les nominations et les prix. Résultat des courses : 7 Magritte, dont meilleur espoir masculin et féminin, meilleur premier film… et aussi celui de la meilleure réalisation, faisant de Laura Wandel la première femme à recevoir un Magritte dans cette catégorie.

"Merci à l’Académie Delvaux de rappeler que la culture est essentielle" a déclaré la jeune femme – dans ce qui fut une des rares allusions à la situation désastreuse que le milieu a endurée pendant la pandémie Covid-19.

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5. Le sacre de ‘Une Vie Démente’

C’était un des autres grands favoris avec ‘Un Monde’ : le premier long-métrage décalé et pétillant de Ann Sirot et Raphaël Balboni sur un couple qui doit faire face à la sénilité d’une membre de leur famille, remporte lui aussi 7 prix. Notamment, meilleure actrice pour la géniale Jo Deseure, comédienne issue du théâtre incarnant une femme qui perd la mémoire et le rapport au réel, et meilleur acteur pour Jean Le Peltier, dans le rôle son fils déboussolé par cette nouvelle réalité…

Mais également le prix le plus important s’il vous plaît : sacré meilleur film de l’année, ‘Une Vie Démente’a triomphé devant des habitués comme Joachim Lafosse (‘Les Intranquilles’) ou Fabrice Du Welz (‘Adoration’) qui sont repartis quasi bredouilles. D’autres façons de raconter le monde, d’autres façons de voir la vie : totalisant 14 Magritte entre eux, ‘Un Monde’et ‘Une Vie Démente’apportent un vent de fraicheur et de renouveau au palmarès des Magritte, et à notre cinéma national en général.

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6. Titane, le retour

Comment oublier que cette année, la Palme d’Or était belge aussi ? Coproduit par Cassandre Warnauts et Jean-Yves Roubin de Frakas Productions, ‘Titane’de Julia Ducournau a remporté, sans surprise, le Magritte de la meilleure coproduction… Mais également celui de la meilleure image, signée par le Flamand Ruben Impens. Julia Ducournau était présente pour recevoir les deux trophées, qui s’ajoutent à sa collection : elle avait reçu en 2018 le Magritte de la coproduction pour son premier film ‘Grave’, déjà coproduit par Frakas et tourné à l’université de Liège.

"Qu’est-ce que je ferais sans la Belgique !", a déclaré en riant celle qui est déjà en train d’écrire son prochain film – elle n’en dévoilera rien, mais on devine qu’il sera sans doute un peu belge, lui aussi… ?

© MCD 2022

7. Lisa Etienne, meilleure décoratrice… et consœur

Sacrée meilleure décoratrice pour son travail sur ‘Une Vie Démente’, Lisa Etienne a eu des jolis mots de reconnaissance pour les deux autres femmes nommées à ses côtés, et qu’elle connaît. Laurie Colson, cheffe décoratrice sur ‘Titane’ (et lauréate du même Magritte en 2018 pour ‘Grave’), "une des personnes qui m’ont donné envie de faire ce métier", et Anna Falguères (décoratrice et réalisatrice) "dont j’admire le travail". Un joli moment de sororité.

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8. La victoire de ‘Mother’s’

Prenant pour décor le célèbre cabaret bruxellois transformiste ‘Chez Maman’, et pour héroïnes plusieurs de ses drag-queens (mais aussi celles du Cabaret Mademoiselle), le court-métrage ‘Mother’s’de Hippolyte Leibovici a remporté le Magritte du meilleur court-métrage documentaire.

Ayant déjà connu un joli parcours en festivals, le réalisateur, ému et extatique, a tenu à remercier, entre autres "Daniel Day-Lewis et Elton John… pas les vrais, je parle de mes chats !". Entre performances drag et confessions pleines d’émotion, ce joli film est à découvrir en accès libre sur Vimeo.

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9. Corinne Dubien : les femmes sont aussi au son

Si on les retrouve régulièrement dans des postes de coiffure, costumes, décors ou maquillage, les femmes sont souvent moins représentées dans les catégories techniques. Mais elles ne sont pas absentes pour autant !

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Seule femme nommée parmi 10 noms, la réalisatrice et monteuse sonore Corinne Dubien remporte, aux côtés de Mathieu Cox, Thomas Grimm-Landsberg et David Vranken, le Magritte du meilleur son pour ‘Un Monde’. Un peu de visibilité, ça fait Dubien (pardon).

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10. Le regard féminin en force

Outre ‘Une Vie Démente’et ‘Un Monde’, le reste du palmarès a lui aussi reflété ce renouveau du cinéma belge à travers des regards frais, jeunes… et plutôt féminins. Lia Bertels remporte le meilleur court-métrage d’animation pour ‘On est pas près d’être des super-héros’, le meilleur documentaire est allé à Paloma Sermon-Daï pour son multi-primé ‘Petit Samedi’, et le prix du meilleur film flamand est allé à ‘La Civil’, remarqué à Cannes, de la réalisatrice belgo-roumaine Teodora Ana Mihai.

Lia Bertels
Lia Bertels © MCD 2022

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

Préparation des Magritte 2022: sujet JT 12/02/2022

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