La passion selon...

Léonard de Vinci, musicien et compositeur ?

A gauche : peinture de Cesare Maccari représentant Léonard de Vinci peignant Mona Lisa – A droite : codex de Leonard de Vinci, dessins d’instruments de musique

© DeAgostini/Getty Images – The Print Collector/Getty Images

Par Xavier Falques via

Il est difficile de parler d’art, d’histoire et de musique sans aborder celui que l’on considère comme l’archétype du génie universel, un homme qui était à la fois ingénieur militaire, concepteur de machines de scène, peintre, philosophe, astronome et tant d’autres choses : Léonard de Vinci. Mais une question demeure, était-il également compositeur ?

Portrait de Leonardo da Vinci, par Lattanzio Querena

D’après La vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Vasari, Léonard était un improvisateur talentueux qui jouait particulièrement bien la Lira da Braccio. On sait également qu’il conçoit plusieurs instruments de musique, notamment la viola organista qui devait combiner les possibilités dynamiques des instruments de la famille des violes aux capacités polyphoniques des instruments à clavier ; en somme, une version plus développée de la vielle à roue. Cet aspect de son travail est d’ailleurs loin d’être négligeable, puisque le même Vasari nous explique que notre génie aurait quitté Florence pour Milan avec l’objectif d’offrir au Duc Sforza un instrument de sa création : un luth en argent ayant une forme de tête de cheval. Et bien que de nombreux doutes subsistent sur la véracité de cette anecdote, il semble d’après ses cahiers qu’il ait bien pensé un instrument de ce type.

À Milan, Léonard va être lié au milieu des arts du spectacle (il y conçoit plusieurs machines de théâtres), mais également au milieu musical, dans lequel on retrouve le célèbre Josquin des Prés. À la même période, il écrit dans ses cahiers plusieurs rébus musicaux. En voici un qui ne manque pas d’intérêt : sur une portée, il dessine un hameçon, que l’on traduit amo en italien, s’ensuivent les notes ré sol la mi fa ré mi et enfin en lettres rare. Il continue avec les notes la sol mi fa sol et le mot lecita. Tout cela nous donne Amore sol la mi fa remirare, la sol mi fa sollecita ou en français "l’amour seul me fait souvenir, lui seul me stimule".

Léonard de Vinci, Un ange jouant de la vielle

Voilà donc ce qui nous est parvenu de la main du génie. Mais que faire de ce matériau ? Si plusieurs ensembles se sont positionnés sur le traitement de ces mélodies en forme de rébus, l’Ensemble Alta, dans son dernier disque, en offre une version particulière. Premièrement, en se basant sur le texte de Vasari, l’ensemble a tenté de respecter l’idée générale de l’improvisation et du genre du Cantar ad lyram dans lequel De Vinci aurait excellé. Deuxièmement, ils se sont associés au pianiste et luthier polonais Sławomir Zubrzycki qui a réalisé une viola organista capable de s’adapter au concert. Il faut savoir que depuis la conception théorique de De Vinci, cet instrument n’avait pas encore été fabriqué de manière concluante. Depuis 2012, nous pouvons donc entendre ce qu’avait imaginé De Vinci plus de 500 ans plus tôt.

Évidemment, avec ce genre d’œuvre, il faut faire abstraction de notre besoin de véracité historique et privilégier notre imagination, se laisser emporter pour quelques instants dans un monde différent, celui de l’imaginaire de De Vinci. Mais une fois revenu à la réalité, nous ne pouvons que regretter qu’un génie qui a tant innové dans de nombreux domaines, n’ait pas poussé plus loin le génial potentiel mélodique qui ressort d’un simple jeu.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous