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L’ego au travail… et si on arrêtait l’arrogance ?

Par RTBF La Première via

L’ego, c’est cette croyance déplacée en sa propre importance. Quel impact a l'ego dans nos vies et dans la vie en entreprise, plus particulièrement ? Comment le vaincre ? Faut-il le vaincre ? Analyse avec Jean-Olivier Collinet, de Jobyourself.

L'ego dépasse nos capacités de talents, de manière générale. C’est cette voix qui nous fait croire que nous meilleurs que ce que nous sommes, qui nous empêche d’être en contact direct avec le monde autour de nous. L’ego nous dit ce que nous voulons entendre, quand nous voulons l’entendre.

L’ego, une histoire d’homme ou de femme ?

Dans le monde de l'entreprise, il s'avère que l'ego est beaucoup plus une caractéristique masculine que féminine. 

On donne souvent une promotion à une personne qui 'se la ramène' beaucoup plus, qui crie plus fort, qui a effectivement un ego plus important. On observe par ailleurs que, 8 fois sur 10, les personnes qui ont le plus d'ego acceptent plus facilement une promotion.

Une femme a beaucoup plus d'humilité, elle ne se met pas suffisamment en avant, elle s'excuse trop, elle négocie mal, pour son salaire notamment, elle dit souvent 'nous' au lieu de 'je', elle est souvent trop bonne élève. Bref, les femmes sont moins prises au sérieux professionnellement, on parle de fossé de l'autorité.

© Getty Images

L’ego, une question d’âge ?

Il y a bien sûr des egos incurables, mais il semblerait que l'ego diminue avec l'âge. C'est une question de maturité.

Quand on est jeune, on nous pousse tout de suite à réussir. Mais, avec les années, on prend conscience que la réussite n'est pas toujours le matériel, la fonction, la carte de visite, la voiture de société, mais qu'elle est aussi un bien-être personnel, un équilibre privé et professionnel.

On choisit souvent, au départ, une fonction par ego, puis plus tard, on préfère un métier qui donne du sens, un métier plus naturel et plus complet. 

L’ego est-il héréditaire ?

Deux théories s'affrontent.

Une étude montre que l'homme a été éduqué à se battre, à être chef de meute, de tribu, et que cela reste dans les gènes. Le taux d'incarcération le confirme, avec une population carcérale à 96% masculine, un taux de condamnation en justice de 90%.

Certains pensent que c'est plutôt une affaire d'éducation, de transmission, de reproduction de comportements observés.

Ego = leadership ?

On favorise souvent les personnes qui manquent d'humilité, c'est l'effet Dunning-Kruger ou effet de surconfiance. On est intimement convaincu qu'on sait, qu'on est supérieur à l'autre mais on se fait parfois avoir, parce qu'en réalité, c'est un leurre.

On donne trop l'importance au côté alpha de la personnalité, ou encore à l'auto-publicité, qui consiste à se mettre en avant, à montrer qu'on va toujours bien.

Dans le monde du travail, la valorisation de l'ego est souvent assimilée au leadership, ce qui est totalement faux. Heureusement, les choses sont en train de changer mais il reste marquant que l'accessibilité à des postes à responsabilité concerne les personnes qui crient le plus. Toutefois, on a toujours un peu d'ego quand on choisit d'être leader, mais c'est l'excès qui pose problème : "L'ego peut tuer le leader que l'on est".

Pour Jean-Olivier Collinet, l'humilité n'est pas suffisamment enseignée dans l'entreprise, on y travaille beaucoup plus sur le dépassement de soi. Pourtant, mieux vaut parler bien que parler fort. Et cela permet d'être beaucoup plus écouté.

Aujourd'hui, les sociétés travaillent de plus en plus en auto-gestion, sans managers. Les discours dans les grandes écoles ne sont plus les mêmes, on travaille beaucoup plus le sens, la logique de l'économie sociale, de l'économie au service de l'humain, du vivant.

"On commence à planter des graines grâce auxquelles l'humilité personnelle peut primer sur l'arrogance. On peut faire preuve d'ego sans faire preuve d'arrogance, tout est question de dosage. Ce qui est dangereux c'est l'excès.

On peut avoir des pointes d'ego dans la vie. Il est important d'être conscient de cet ego et d'intégrer dès le plus jeune âge que l'humilité n'est pas une faiblesse, mais une capacité d'écoute et d'apprentissage tout au long de la vie."

Le complexe de Dieu

Le complexe de Dieu ou syndrome d'Hubris se rencontre souvent en politique. C'est la personne qui se sent totalement puissante, qui refuse la possibilité d'erreur ou d'échec, qui a une vision distordue de la réalité, sans que plus personne n'ose la confronter.

Cela se traduit par plus de narcissisme, une perte d'empathie et d'intérêt pour les autres, un isolement qui empêche de prendre les bonnes décisions.

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