L’habitat alternatif, davantage respectueux de l’environnement, connaît un succès croissant. L'"earthship" (ou "Géonef" en français), c’est l’art d’associer architecture bioclimatique, autonomie et recyclage. Pour en parler, les invité.e.s du dossier de Tendances Première sont Pauline Massart qui, avec son compagnon Benjamin Adler, a bâti une maison avec les techniques de l’earthship et a publié “La Maison magique. Earthship, l’habitat autonome du nouveau monde” (éd. Massot), ainsi que Tanguy Euben du bureau d’études Pointzero Building Nature qui soutient ce genre de projets.
L’earthship, c’est quoi ?
Conceptualisé dans les années 1970 par l’Américain Michael Reynolds, l’earthship – qui signifie littéralement "vaisseau de la terre"- se veut un genre d’habitat durable, qui utilise des ressources recyclées pour bâtir au lieu d’aller chercher des matériaux neufs. On ne parle pas seulement de récupérer des éléments de bâtiments ou des matériaux de constructions déjà utilisés, mais surtout de détourner des "déchets" courant. Ainsi, bouteilles en verre, canettes ou vieux pneus deviennent des briques, des isolants ou des stabilisants.
Une façon de vivre différente
Le mouvement de l’habitat durable et l’auto-construction (le fait de construire soi-même son bâtiment) sont en pleine évolution. La maison "earthship" n’est pas le seul type d’habitat alternatif. Tiny house, ossature bois, kerterre, habitat léger sont également de plus en plus courants. Pourtant, en Belgique, comme en France, les autorités régionales et communales sont encore assez frileuses pour habiliter des projets de la sorte.
Habiter une maison earthship, c’est aussi accepter de vivre autrement, c’est mieux comprendre les ressources qui nous entourent. Pas de lessive quand il pleut, pas d’interrupteur pour tout allumer, pas d’électricité sans soleil, il faut récupérer les eaux de pluie et les eaux usées.
La vie semble moins facile, et pourtant ce changement est essentiel pour Pauline Massart. "Tant qu’on n’est pas face à nos limites, c’est très difficile de changer de comportement. On sait tous qu’il faut réduire, et c’est très difficile quand on a accès à tout, à l’infini. On a cette impression d’accès à l’infini, qui est complètement fausse à l’échelle de tous les humains […] C’est en changeant nos habitudes qu’on se rend compte que le vrai confort c’est d’être maîtres de nos ressources, de pouvoir les gérer, et de ne pas être dépendants d’un système qu’on ne soutient pas et qui détruit".
L’earthship fera-t-il partie des habitats de demain ? Nos deux intervenant.e.s en sont convaincus.