Alors que le Tour de France commence dans une semaine, Sophie Creuz nous présente un roman sur le vélo d’Olivier Haralambon. "Le versant féroce de la joie" paraît aux éditions Premier Parallèle, une biographie romancée du cycliste Franck Vandenbroucke, qui donne à entendre les gouffres intérieurs de ces athlètes au sommet.
Un roman sur le cyclisme, uniquement destiné aux mordus de deux roues ? Certainement pas, car Olivier Haralambon, qui fut coureur semi-professionnel pendant dix ans, raconte avec une vérité, une profondeur et une sensibilité inédites cette expérience aussi métaphysique que sportive. Il faut dire qu’en plus d’être un magnifique écrivain, il est philosophe. En descendant de vélo, il a embrayé avec l’étude de Merleau-Ponty et planché sur le corps comme caisse de résonance de la perception.
Et depuis, il balance des articles de philosophie aux lecteurs de L’Equipe – qui doivent être un peu surpris tout de même d’entendre parler de Léviathan plutôt que du Critérium – et sur ce monstre dévorant qu’est la compétition.
Et c’est bien de ça dont il est question dans le roman Le versant féroce de la joie. Ce roman nous plonge dans la destinée de quelqu’un que nous connaissons bien ou croyons connaître : Franck Vandenbroucke, pas le Ministre de la santé, mais ce champion belge, troisième coureur mondial, enfant terrible du cyclisme qui meurt en 2009, à 34 ans seulement, d’une overdose. Et cette biographie romancée, bien loin de l’aspect people, est à l’écoute de la fragilité de ces demi-dieux aux pieds d’argile qui atteignent des sommets, réussissent des exploits surhumains au prix d’une souffrance qu’on ne mesure pas. C’est cette fragilité qu’Olivier Haralambon touche du doigt avec une finesse et une pudeur qui n’a d’égale que la vivacité, la présence de son style.