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Le vermicompostage, une valorisation des déchets verts encore peu connue

On valorise les déchets verts grâce au vermicompostage

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Par Luc Noël via

Des milliers de vers transforment en compost des déchets végétaux. Ce processus étonnant peut se dérouler dans un coin de la cuisine comme dans un hall industriel.

En région de Bruxelles-Capitale, à partir du 15 mai 2023, il ne sera plus autorisé de placer des déchets alimentaires dans les sacs-poubelles. Ces matières devront idéalement être compostées à la maison ou dans un compost de quartier. A défaut, elles seront récoltées dans des sacs orange destinés à la bio méthanisation. Déjà effectif en Flandre, ce tri sélectif sera bientôt également d’application en Wallonie puisque la directive européenne qui l’impose entre en vigueur le 1er janvier 2024. Comment contribuer à cette réduction des biodéchets quand on vit en appartement ? Le vermicompostage constitue une solution à découvrir.

Étape n° 1 : une vermicompostière

Si de nombreux modèles sont disponibles sur des sites de ventes en ligne (consultez aussi les petites annonces pour dénicher une unité en seconde main), il est parfaitement possible de fabriquer soi-même une vermicompostière. Le principe consiste à empiler quatre contenants en plastique (seaux de récupération ou boîtes de rangement) dont les couvercles intermédiaires que l’on troue permettent l’empilement étanche. Les fonds des trois éléments supérieurs sont troués afin d’assurer la circulation des vers et la transition du compost ainsi que du percolat vers les volumes où ils seront récoltés. Le site de l’association WORMS présente un mode d’emploi pour cette réalisation DIY.

Durant la belle saison, une vermicompostière peut séjourner à l’extérieur. Mais attention sur les terrasses inondées de soleil. Les vers ne supportent pas une température supérieure à 30 °C. Leur population risque d’être anéantie.
Durant la belle saison, une vermicompostière peut séjourner à l’extérieur. Mais attention sur les terrasses inondées de soleil. Les vers ne supportent pas une température supérieure à 30 °C. Leur population risque d’être anéantie. © Getty Images

Etape n°2 : dénicher des vers

Le ver à compost (Eisenia fetida) est présent dans la nature. Contrairement au lombric qui peut descendre en profondeur, il vit dans la partie supérieure du sol où il se nourrit de déchets organiques. Il migre spontanément dans les fumiers, les tas de compost et même dans les silos de compostage où il peut vivre en grand nombre, se concentrant dans la partie où les déchets tendres entament leur dégradation. Rougeâtre, long de 5 cm, ce ver qui fuit la lumière apprécie la tiédeur produite par la fermentation. Voilà pourquoi la vermicompostière séjourne idéalement à l’intérieur, à une température comprise entre 15 et 25 °C.

Ces vers qui consomment au moins la moitié de leur poids par jour et se reproduisent rapidement doivent être introduits dans la vermicompostière lors de sa mise en œuvre. Entre 1000 et 2000 individus sont nécessaires pour décomposer un apport journalier de 250 g de déchets organiques. Comment se les procurer ? Ils peuvent être prélevés dans le compost d’une connaissance. Sur internet, une plate-forme européenne rassemble 3600 particuliers offrant des vers. Plusieurs centaines d’adeptes du lombricompostage en Belgique sont inscrits en tant que donateurs.

Les vers se reproduisent rapidement, un individu adulte produisant 1 œuf par jour. Ce processus qui compense dans la nature la prédation importante par les oiseaux constitue des populations permettant le partage. Le don de vers est largement pratiqué.
Les vers se reproduisent rapidement, un individu adulte produisant 1 œuf par jour. Ce processus qui compense dans la nature la prédation importante par les oiseaux constitue des populations permettant le partage. Le don de vers est largement pratiqué. © Getty Images

Etape n°3 : bien gérer sa vermicompostière

Les déchets à vermicomposter (couper en tronçons de 5 cm)

  • Restes de fruits et légumes crus
  • Marc de café avec le filtre
  • Thé avec le sachet
  • Fleurs fanées (pas du fleuriste car présence de pesticides)
  • Carton incolore (pour assurer un bon rapport du carbone par rapport à l’azote des déchets verts).

Les matières à éviter

  • Pelures d’ail et d’oignon
  • Feuilles de rhubarbe
  • Zestes d’agrumes
  • Restes de repas cuits
  • Pain
  • Matières grasses

Une difficulté fréquente : les matières sont trop humides. Il faut ajouter du carton et vérifier que l’écoulement du percolat s’effectue normalement.

Plus d’informations sur le site internet de Worms asbl.

Pourquoi faut-il éviter les zestes d’agrumes dans la vermicompostière ? S’ils ne sont pas bio, les fruits ont été pulvérisés avec des fongicides. Par ailleurs, les agrumes contiennent des huiles essentielles qui peuvent incommoder les vers.
Pourquoi faut-il éviter les zestes d’agrumes dans la vermicompostière ? S’ils ne sont pas bio, les fruits ont été pulvérisés avec des fongicides. Par ailleurs, les agrumes contiennent des huiles essentielles qui peuvent incommoder les vers. © Getty Images

Le lombricompost pour un jardin au sol vivant

Le processus de transformation de matières organiques végétales par les vers a été développé à grande échelle en Wallonie par la société Pur Ver. Au départ de ressources locales, c’est dans le cadre d’une exploitation agricole que le lombricompost est produit. Enrichi de bactéries et de champignons par le processus de digestion des matières par les vers, ce lombricompost doit être considéré comme un fertilisant augmentant l’activité biologique du sol auquel il est ajouté.

Les micro-organismes favorisent la transformation des éléments nutritifs pour les rendre assimilables par les végétaux. Les études scientifiques confirment depuis longtemps l’impact favorable sur la croissance des plantes et l’amélioration de leur résistance aux maladies. L’apport des micro-organismes est maintenant aussi possible via une forme liquide obtenue par extraction du lombricompost, à diluer dans l’eau d’arrosage.

Le lombricompost, autorisé en agriculture et jardinage bio, est particulièrement intéressant pour restaurer les sols des serres qui se dégradent rapidement suite à un arrosage insuffisant.
Le lombricompost, autorisé en agriculture et jardinage bio, est particulièrement intéressant pour restaurer les sols des serres qui se dégradent rapidement suite à un arrosage insuffisant. © Getty Images

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