Il faut au préalable définir un concept important: le coût marginal. Prenons un exemple : une entreprise investit dans une ligne de production prévue pour fabriquer au maximum 1000 réveils par jour. Pour produire un réveil de plus, elle devra soit travailler de nuit, soit acheter de nouvelles machines. Le coût de ce réveil est clairement prohibitif.
Le raisonnement identique pour la SNCB comme l’explique Axel Gautier, professeur économie à l’Université de Liège et chercheur à l’Université Catholique de Louvain : "Le tarif devrait en partie refléter le coût du service et on parle bien du coût marginal. Quand c’est cher de prendre le train en heure de pointe, le tarif devrait ou pourrait être relativement plus élevé que pendant les heures creuses quand c’est moins cher de prendre le train".
Trop de passagers
En résumé, plus de passagers cela peut devenir trop de passagers. Il faut alors des capacités supplémentaires ce qui augmenter sensiblement le coût d’exploitation. Le principe serait donc le suivant: on relève le prix du ticket aux heures de pointe ce qui, dans le cadre d’une évolution idéale, permettrait de rééquilibrer le flux des passagers sur une plus longue période de temps.
Mais en pratique rien ne dit que cela va se passer ainsi. On ne sait pas comment les passagers vont réagir, pas plus d'ailleurs que leurs employeurs qui peuvent être concernés. Axel Gautier : "Si les usagers réagissent en reprenant la voiture de manière importante, changer la tarification est tout à fait contreproductif. Cela devient intéressant si une partie des usagers réagit en décalant ses heures de transport, soit plus tôt, soit plus tard de manière à rééquilibrer le nombre de passagers entre les heures de pointe et les heures creuses".
Il faudrait au minimum mener une enquête pour mesurer la manière dont les passagers, les navetteurs vont ou non modifier leurs habitudes avant de prendre une telle décision. En outre, il faudrait aussi que la SNCB respecte rigoureusement ses obligations en matière de ponctualité des trains.
Un choix politique
Mais augmenter les tarifs de manière discriminante entre les passagers, n'est-ce pas contraire à la mission de service public de la SNCB? La question se pose et elle mérite d’être discutée. Mais, le service public à un coût et, comme le rappelle Axel Gautier, il est de moins en moins assumé par l'Etat : " La tendance lourde avec les mesures qui ont été prises récemment, c’est de réduire la dotation de l’Etat, donc il faut compenser par des recettes supplémentaires et ces recettes ne peuvent venir que des clients. La question se pose alors de savoir comment on doit répartir les coûts du service entre les différentes catégories de clients. Avec la tarification supérieure aux heures de pointe, le but est de refléter en partie les coûts induits ".
Au-delà du raisonnement économique, il s’agit d’un choix politique. Quel service public voulons-nous et quels moyens sommes-nous prêts à y mettre?
Michel Visart