Le Giro en Israël ? Une réalité depuis ce vendredi midi. La première étape est terminée mais la polémique est encore bien présente. C’est la première fois qu’un des trois grands tours démarre en dehors de l’Europe. Pour quelles raisons ? Est-elle historique, financière, diplomatique ou sportive ? Voici les réponses de Jean-Michel De Waele, professeur en sciences politiques et actuel Doyen de la Faculté des Sciences sociales et politiques de l'Université libre de Bruxelles.
Officiellement, il s'agit de rendre hommage au champion Italien Gino Bartali, reconnu "Juste parmi les nations". L’Italien a sauvé au moins 800 juifs pendant la guerre. L’homme, trois fois vainqueur du Giro, cachait de faux papiers dans son cadre de vélo pour permettre aux juifs de ne pas se faire arrêter. Gioia Bartali, sa petite-fille est présente dans l’Etat hébreu pour l’occasion : "Gino Bartali était un grand champion sportif, mais aujourd'hui on honore sa mémoire car il était avant tout un grand champion de la vie."
Le Tour de France au Pérou dans dix ans?
Une raison historique, peut-être, mais le Giro en Israël, c’est aussi pour l'argent. L'organisateur aurait reçu au moins 10 millions d'euros pour accueillir ce départ : "Ces événements sportifs sont à acheter. Est-ce que tous les régimes vont désormais pouvoir acheter un départ ou des étapes ? Est-ce que, comme on le pense, dans dix ans, le Tour de France démarrera au Pérou avec quelques étapes au Mexique avant de revenir dix jours en France ? La question est donc de se demander ‘qui l’organise’ et ‘est-il bon d’y aller ou non ?" explique Jean-Michel De Waele.
Avec plus d'un milliard de téléspectateurs, c’est avant tout une opération médiatique. "C’est un vrai coup de com’. C’est l’achat de minutes de télévision. Je pense que pour le gouvernement israélien, il s’agit de parler d’autre chose que du conflit en court, de la violation du droit international et de rappeler les beautés du pays en tentant d’attirer des touristes du monde entier".
Un enjeu diplomatique?
L'Etat hébreu a même mis sur pied une équipe israélienne en 2015. Elle est forcément au départ. Ce Giro en Israël, c'est aussi un enjeu diplomatique. Deux équipes de Bahreïn et des Emirats arabe unis sont présentes sur la course, toutes deux sponsorisées par des pays qui ne reconnaissent pas l'Etat d'Israël.
Le Giro a un coût. Il est supporté par un homme d'affaires canadien, proche du pouvoir en place. Il a même construit un tout nouveau vélodrome. "Nous espérons donc développer le cyclisme chez les jeunes et atteindre le plus haut niveau du sport", explique Sylvan Adams, Président d’honneur du "Grand départ d’Israël".
Ce départ fait donc polémique. Israël n'a encore jamais accueilli un événement sportif de cet ampleur mais pour le pays, l'objectif est clair : redorer son image sur le plan international.