Judith Delafontaine enseigne dans un milieu défavorisé. Certains indices ne trompent pas : "Ce qui est visible directement, ce sont les vêtements des enfants et les chaussures abîmées “avec la bouche ouverte”, qui laissent passer l’eau quand il pleut et qui trempent les pieds."
C’est ce qui est visible aussi, explique Judith, c’est le contenu des boîtes à tartines :
On voit des enfants avec des tartines où il n’y a rien dedans… même pas du beurre. C’est juste du pain sec.
Certains enfants n’ont parfois rien du tout à manger. Heureusement, les enfants se serrent les coudes. "La solidarité marche. Il y a des enfants qui ont deux fois trop. Donc on partage, on échange et voilà…". Judith participe aussi à installer ce niveau d’entraide dans sa classe et travaille cette valeur fondamentale avec ses écoliers. En plus des bonnets et des écharpes, elle prévoit également des collations pour celles et ceux qui n’en ont pas.
"Ce qui est plus interpellant, c’est de se rendre compte que les parents ne demandent pas d’aide. Ils font ça de façon cachée, en ne donnant pas aux enfants ce qu’il faut et en se disant "sans doute qu’ils auront". Sans doute par pudeur ou par gêne…" poursuit l’institutrice.
Judith ne leur en tient pas rigueur : "C’est quelque chose qu’on comprend. On ne les pointe pas du doigt et je ne mets pas dans le journal de classe “votre enfant n’avait pas de dîner aujourd’hui” ! Parce que pointer du doigt les difficultés des familles, ça ne les aide pas."