Post-confinement : l’heure est au bilan et les entreprises commencent à réfléchir à l’organisation du monde d’après. Le Covid-19 pose la question de l’abandon à court ou moyen terme de l’open space, espace de bureau ouvert où les salariés travaillent les uns à côté des autres et où le virus peut se propager facilement. Allons-nous vers la généralisation du flex office ou du 100% télétravail ?
Le phénomène de l’open space est né dans les années 80, avec l’idée d’améliorer le confort des salariés par un bureau plus lumineux, mais aussi dans le but d’augmenter les interactions entre les personnes et les services, explique Jean-Olivier Collinet, de Jobyourself.
L’open space critiqué
Si l’idée était belle, les défauts de cet environnement se sont très vite manifestés. Certains se plaignent d’être dérangés, jusqu’à 150 fois par jour. Il expose par ailleurs les salariés à ce que l’on appelle 'les conflits d’usages', entre ceux qui ont besoin de se concentrer et les autres qui passent leur temps au téléphone ou à raconter leur vie.
L’open space a vu le jour dans les grandes entreprises et s’est répandu et modifié au fil du temps. Certains employés redoutent ce type de travail, tandis que des chefs d’entreprise remettent aujourd’hui en question l’utilité et la force de ce type de travail.
En Belgique, 66% des travailleurs sont encore dans un bureau fermé, seul ou avec un ou deux collègues, avec un espace correct. 30% seulement des travailleurs sont dans un open space.
Mais avec les nouvelles mesures sanitaires qui s’imposent, l’entreprise est-elle prête aujourd’hui à accueillir les travailleurs, ou bien l’open space est-il amené à disparaître ?
Le flex office, la solution ?
Jacques Séguela disait dernièrement que l’open space était mort et qu’on allait plutôt vers le flex office. Le concept est celui-ci : vous avez un bureau à vous, où vous êtes seul, mais il n’est pas le vôtre. Vous le réservez à la journée et vous ne pouvez pas y laisser vos affaires. Il y a donc un espace commun ouvert et des bureaux individuels qu’on partage et qu’on réserve à la journée.
Le flex office, cet aménagement sans place attitrée, n’est qu’une nouvelle version de l’open space traditionnel. Il est critiqué car il renvoie le travailleur à la notion d’employé objet, il fait naître un sentiment d’interchangeabilité.
Vers davantage de télétravail ?
L’open space a beaucoup évolué ces dernières années. Il est aujourd’hui conçu de façon à répondre à un besoin d’intimité des salariés et ainsi éviter les difficultés d’usages. Il prévoit des zones de concentration, de détente, de bureau individuel, de réunion….
"Donc je trouve que dire que l’open space est mort, c’est malhonnête. Je trouve aussi qu’il y a une forte évolution qui s’adapte beaucoup plus au travailleur. Une vraie problématique, c’est l’overbooking. Beaucoup d’entreprises ont choisi l’open space pour gagner de la place, le m² est cher : pour 100% de travailleurs, on offre 80% de postes de travail.
Mais aujourd’hui que l’espace doit être plus important par personne, ils ne peuvent plus accueillir que 60% des travailleurs. Que fait-on de ceux qui restent ?" interroge Jean-Olivier Collinet.
Dans les centres de coworking, qui ont vu le jour au début des années 2000 en Région bruxelloise, les espaces offrent jusqu’à 90% de l’espace pour du bureau individuel. Les choses vont évoluer positivement pour répondre aux mesures actuelles au travail, mais avec du coup une obligation de télétravailler davantage, pour faire en sorte que tout le monde puisse venir au travail dans de bonnes conditions.
La fin du bureau ?
Ce qui inquiète Jean-Olivier Collinet, ce n’est pas la fin de l’open space, mais la fin du bureau tout court. Ce serait dommage, parce que si le télétravail marche bien, c’est souvent parce que les personnes ont été au bureau ensemble, le relationnel joue un grand rôle.
Si on les fait collaborer à distance, le télétravail trouvera ses limites. L’être humain a besoin de contacts. Le bureau en dur doit et va continuer à exister. Il faut simplement l’adapter à la situation actuelle qui demande plus de distanciation. Le télétravail, oui, mais à court terme.
Pourtant, certaines entreprises, comme Google, Facebook, ou encore de grandes banques, ont décidé que le télétravail serait la norme, et, dans le cas de Twitter, que leur personnel serait en télétravail à vie !
Par ailleurs, beaucoup d’entreprises ne sont pas encore prêtes à accueillir leurs employés avec les nouvelles mesures et prolongent le recours au télétravail. L’enjeu pour ces entreprises est de devenir Covid-compatibles, en prévoyant des salles de réunion adaptées, du plexiglas,… pour pouvoir prendre en compte l’importance de pouvoir se voir en live dans un cadre professionnel.
Peut-être allons-nous vers une évolution que nous n’avions pas imaginée, vers quelque chose de très créatif…
"Il y a toujours du positif à prendre dans chaque situation. On n’aime pas le changement, on est en plein dedans. Il y a du positif, il y a des zones de prudence, mais je crois que le lien va revenir. Le Covid-19 va peut-être changer nos habitudes, mais pas ce que nous sommes et qui nous sommes. Le naturel reviendra au galop mais dans un nouveau cadre", conclut Jean-Olivier Collinet.