Déclic

Le télétravail ferait perdre plus de douze milliards de dollars par an à Manhattan

Déclic et des claques

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Le télétravail s’est répandu mondialement depuis son instauration à grande échelle lors du confinement de 2020. Si de nombreux employés sont satisfaits de pouvoir travailler depuis chez eux, cette méthode entraîne aussi de lourdes conséquences économiques pour les quartiers d’affaires. C’est le cas à Manhattan et à la Défense.

Un tiers des travailleurs belges télétravaille au moins une fois pas semaine. Un acquis social du premier confinement en Belgique, annoncé le 17 mars 2020, qui a aussi d’autres effets : bureaux clairsemés ou routes désengorgées.

En effet, d’après une étude de SD Worx réalisée en 2022, les jours où les Belges préfèrent se rendre au bureau sont le mardi et le jeudi. Les lundis, mercredis mais surtout les vendredis, semblent privilégiés pour le travail à domicile.

Celui-ci a aussi été instauré dans d’autres pays dont les États-Unis. Bloomberg s’est posé la question trois ans après le début du confinement : Manhattan, l’archétype du quartier d’affaires et de bureaux survit-il au télétravail ?

Des chiffres de pertes astronomiques pour Manhattan

Si le souvenir du confinement s’éloigne désormais des esprits, se pose aujourd’hui la question de l’impact du télétravail sur les villes et particulièrement les quartiers de bureaux.

Manhattan est évidemment le laboratoire où se joue cette question de la manière la plus aiguë. Sur place, tout le monde se rend bien compte que la vie n’est plus ce qu’elle était. Le lundi et le vendredi, il n’y a plus que le vent pour s’engouffrer entre les tours de bureaux, là où, il y a trois ans encore, des hordes de costumes cravates et de tailleurs talons s’engouffraient encore dans les salad bar et dans les coffee shops à l’heure de midi.

Ce phénomène de Manhattan qui se vide, les journalistes de Bloomberg, média économique new-yorkais installé dans le quartier, y ont assisté médusés. Ils ont voulu se rendre compte de l’ampleur du phénomène qu’Emma Court, journaliste de Bloomberg, qualifie de tournant pour le quartier. L’équipe qui a travaillé dessus aboutit à ce chiffre hallucinant : 12 milliards de dollars de manque à gagner pour Manhattan. Chaque année, en moyenne, chaque travailleur dépense plus de 4500 dollars en moins par rapport à l’avant covid, autant pour les repas, pour le shopping, que pour les transports.

© Miguel Sanz / Getty Images

Les commerces et restaurants des quartiers d’affaires premiers touchés

On imagine que ce chiffre signifie que les employés font des économies en dépensant moins lors de leurs déplacements au travail. Il convient toutefois de nuancer prévient le média économique américain. Cet argent, les travailleurs le dépensent en partie dans leur propre quartier : dans le Queens, à Brooklyn… Ils relocalisent ces dépenses autour de leur domicile.

L’exemple de Manhattan, il est marquant parce que c’est un endroit iconique. Mais si on prend le quartier de la Défense… à Paris, plus grand quartier d’affaire d’Europe, en 2022, seuls 40 à 60% des 180.000 salariés d’avant-Covid étaient revenus travailler. Aujourd’hui, les commerces, les restaurants ferment les uns après les autres. Et c’est la même chose, les lundis et vendredis sont les jours noirs, les jours vides. Ces commerces-là, partout dans le monde, ils risquent bien de devoir s’adapter, se diversifier, parce que trois jours d’ouverture rentable par semaine, ce n’est pas suffisant.

Une reconversion difficile pour les quartiers d’affaires

Plus largement, on voit à quel point les quartiers mono-fonction, où il y a principalement des bureaux, ont des difficultés à être résilients : face à un choc, comme le covid, qui implique un changement sociétal tel que le télétravail.

On peut comparer ces conséquences aux zones industrielles dans le bassin de la Meuse ou celui de la Sambre. Une fois le choc de la désindustrialisation passé, il devient très difficile de se reconvertir. L’inertie elle est énorme. Reconvertir des usines ou des gratte-ciel de bureaux, c’est forcément compliqué.

On voit aussi dans les quartiers qui ont misé sur la mixité des fonctions, combinant logements, commerces et activités productives, qu’ils ont plus de chance de bénéficier du télétravail. Les habitants y resteront et consommeront sur place.

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