Le phénomène peut toucher a priori n’importe qui et est fortement déterminé par la culture environnante, mais il est plus caractéristique des grandes entreprises où les procédures, l’homogénéité, le cadre ne favorisent pas l’émergence de 'grands coquelicots'. Ce qui semble plus inquiétant encore, c’est qu’il concerne plus particulièrement les femmes qui osent briller.
L’entrepreneuse et chercheuse canadienne Rumeet Billan, dans une étude intitulée 'Le syndrome du grand coquelicot' analyse ce phénomène de jalousie dans le milieu professionnel.
87% des 1501 femmes sondées travaillant en entreprise ont l’impression que l’on sape tout particulièrement leurs réalisations professionnelles. 81% d’entre elles affirment même avoir été victimes d’hostilité et de punitions, en raison de leur réussite.
'Sortir du lot' se paie donc encore plus cher quand on est une femme. Rumeet Billan parle d’une misogynie internalisée et de stéréotypes de genre bien ancrés. Elle observe aussi que ce sont souvent les femmes elles-mêmes qui 'coupent' les coquelicots féminins qui dépassent.
On déplore souvent le fait qu’il manque de femmes dans le top management, dans les conseils d’administration. Mais si déjà, au premier niveau, on casse la performance et l’originalité, la confiance en soi disparaît progressivement et on ne doit pas s’étonner qu’on retrouve beaucoup moins de femmes au top de l’entreprise, souligne Jean-Olivier Collinet.
Dans le milieu scolaire aussi, on remarque souvent un regard négatif, une pression sociale sur le premier de la classe. Beaucoup de jeunes, qui ont les compétences pour être premiers, ne veulent pas l’être, de peur que le collectif ne les montre du doigt ou fasse preuve d’agressivité à leur égard.