Dans le sport, les constructions sociales de la masculinité et de la féminité sont encore bien ancrées. Associé à la virilité, le sport est, et reste un phénomène hyper genré. Si ses bienfaits ne sont plus à démontrer, sa pratique demeure vectrice d’inégalités. Et si on arrêtait d’invisibiliser les sportives ?
La petite au cours de danse ou à la gymnastique rythmique, le petit au foot ou au karaté. Stéréotypes vous dites-vous ? Oui, les traits sont un peu grossis, malheureusement les activités sportives sont encore trop souvent synonymes de biais de genre.
"Grâce, souplesse, agilité pour les filles ; endurance, rapport de force et esprit de compétition pour les garçons", indique une étude de l’Insee, chiffres à l’appui. Selon l’Etat des lieux sur la Mixité Filles/Garçons dans le sport, les loisirs et à l'école de la Direction de l'Egalité des Chances : 51,8 % des garçons de 5e et 6e primaire déclarent pratiquer une activité sportive plus de trois fois par semaine, contre 28,1% des filles. En secondaire, la pratique intensive du sport concerne 38,2% des garçons, contre 18,3% des filles. Des écarts dus notamment au manque de visibilité des championnes et à l’absence de rôles modèles féminins.
Représentations médiatiques
Quelle place les médias laissent-ils au sport féminin ? Selon le dernier Baromètre Diversité et Egalité : Programme TV, l’une des catégories professionnelles dans laquelle se concentrent les intervenants masculins est celle de sportif professionnel qui totalise 29,48% des hommes. En revanche, seulement 3,31% des femmes sont représentées en tant que sportives professionnelles.
Les Grenades ont creusé la question auprès de nos consœurs au sein de la rédaction RTBF Sport. Lise Burion est journaliste et commentatrice sportive, elle explique : "On nous a donné des instructions disant qu’il ne fallait pas oublier de parler de sport féminin. Il y a une volonté au sein de la boite, mais dans la pratique c’est parfois encore un peu compliqué à mettre en place. Cette ‘volonté’ de parler à la fois du sport chez les messieurs et chez les dames, c’est avant tout une question de personne".
On commence à jouer des coudes pour avoir les droits des matchs féminins et ça, c’est nouveau avant personne n’en voulait
"Pour moi ça coule de source, avec parfois l’envie de parler PLUS des femmes (comme pour ‘rééquilibrer’ ou ‘réparer’ le fait qu’elles restent moins présentes dans la sphère mediatico-sportive), pour d’autres collègues c’est pareil, il n’y a pas de biais, une performance est une performance, point. Et puis effectivement, il reste des gens qui ne se diront jamais ouvertement sexistes ou machos, qui ne s’en rendent sans doute même pas compte, mais qui ne feront jamais autant attention aux résultats féminins qu’aux résultats masculins."
En termes de diversité, la RTBF est néanmoins sur la bonne voie, y compris au sein des équipes puisque la rédac' des sports, si elle n’est pas à la parité compte plusieurs femmes, dont la responsable l’actu sportive Gaétane Vankerkom. Arrivée en 2001, elle a observé des changements, notamment autour du foot, grand moteur du milieu. "Le regard sur le football est en train de changer. On commence à jouer des coudes pour avoir les droits des matchs féminins et ça, c’est nouveau avant personne n’en voulait. La dernière coupe du monde féminine de football en 2019 a fait bouger les lignes, et on espère que les Belges, les Red Flames, vont performer au prochain Euro."