Jesse Armstrong, créateur showrunner (et donc scénariste en chef) de "Succession" a exprimé son soutien lors d’une interview sur NBC. Il comprend pourquoi les scénaristes manifestent et met en lumière la dure réalité de leur métier. Comme le résume le HuffPost, la popularité des plateformes de streaming a bouleversé l’industrie cinématographique. Or, les studios ne se sont pas adaptés à ces changements et ont rendu le quotidien des auteurs de scénarios bien plus difficile, avancent les principaux concernés. Pour dépenser le moins possible, les plateformes préfèrent engager un nombre réduit de scénaristes pour une très courte durée. On appelle cette pratique "les mini-rooms", à l'opposé des salles de scénaristes classiques qui peuvent voire une dizaine de scénaristes travailler au quotidien sur une série, de l'écriture au tournage. Aujourd'hui, certaines séries en prennent seulement deux ou trois pour quelques semaines.
Cette stratégie pose problème pour plusieurs raisons. D’abord, les personnes issues de minorités affirment qu’elles sont souvent mises de côté au profit de personnes privilégiées. Au-delà de cet aspect, le fait de travailler sur un laps de temps aussi court met les scénaristes dans une situation compliquée car ils doivent constamment chercher de nouveaux projets pour avoir un revenu. Vu qu’ils sont payés en fonction du nombre d’épisodes et qu’il y en a toujours moins par saison (les séries classiques comportaient de 22 à 24 épisodes par saisons, sur les plateformes on est plutôt à une moyenne de 8), ils peinent souvent à boucler leurs fins de mois.
Jesse Armstrong a refusé d’adopter cette pratique pour "Succession". Leur "writers room" est composée d’un bon nombre de scénaristes et ça fait partie des choses qu’il préfère dans sa série, avoue-t-il : "Notre salle n’est pas l’une de ces mini-rooms, c’est une grande salle, bien complète, qui est occupée pour une longue période. Ensuite, une partie des scénaristes qui écrivent dans la writers room viennent sur le tournage." Ce qui permet au besoin de changer certaines lignes de dialogue sur place, si on se rend compte qu'elles ne fonctionnent pas bien ou que les acteurs n'arrivent pas à se les mettre en bouche. "Ce genre de choses, même si elles coûtent de l’argent, ont aidé à faire de 'Succession' une série de qualité, et il y a tout un éventail de scénaristes qui risquent d’être exclus de l’action financière si la WGA (Writers Guild Alliance) n’obtient pas au moins une partie de ce qu’elle demande. Donc je soutiens leur position".
De fait, Succession, qui vient de s'achever sur HBO, est assurée de figurer dans l'histoire des meilleures séries grâce, entre autres, à la qualité exceptionnelle de ses dialogues.