Le début des années 1970 marque le début de l’opéra révolutionnaire en Corée du Nord. Un cocktail de thèmes issus du réalisme socialiste, l’éloge à la nation coréenne et, sans oublier, les louanges à la dynastie des Kim. Dans cet opéra au service de la propagande d’Etat, chaque auteur, acteur, metteur en scène, technicien est un employé officiel du gouvernement.
Chaque production est passée au crible par l’Etat et doit répondre aux critères fondamentaux définis dans "On the Art of Opera", écrit de la main de Kim Jong-il lui-même en 1974, pendant le règne de son père. Alors qu’il fait ses premiers pas dans l’industrie culturelle du pays, le fils du dirigeant nord-coréen en place y définit l’essence même de l’opéra : une solution au problème des masses populaires en lutte pour leur émancipation. Au diable donc le modèle pompeux et incompréhensible des opéras classiques, place aux chants répétitifs afin qu’ils puissent être entonnés par le commun des mortels.
Inspiré de la lutte antijaponaise, l’opéra révolutionnaire coréen ne lésine pas non plus sur les décors somptueux ainsi que sur les danses empreintes de traditions nationales.
Kim Jong-il aurait largement contribué à 5 productions, les dits "grands opéras révolutionnaires" du répertoire nord-coréen. Plusieurs sources racontent qu’ils auraient été joués plus de 1000 fois sur les planches du Grand Théâtre de Pyongyang. "Une véritable fille du parti" raconte le destin d’une militante pendant la guerre d’indépendance. "Mer de sang", qui a valu à Kim Jung-il le titre de "Cher artiste bien aimé", évoque la haine coréenne de l’ennemi impérialiste japonais, tandis que "La femme-fleur" est dédié à une Causette locale qui choisit la voie du socialisme. "Le Chant des monts Kumgang" raconte comment une famille a pu se réunir 20 ans après la fin de l’occupation japonaise. Le dernier opéra du corpus, "Dis-le, toi, forêt !", raconte comment un chef de village coréen a dupé l’occupant japonais en se faisant passer pour leur allié.