Chroniques Culture

Le saviez-vous : le dictateur Kim Jong-il était aussi compositeur

Kim Jong-Il à l’aéroport de Pyongyang après une visite avec le président chinois Yang Shangkun, 17 April 1992.

© COR / XINHUA / AFP

Sous l’œil attentif du pouvoir, la presse nord-coréenne parle d’un "pilote de chasse émérite, un producteur de films, un golfeur de niveau mondial". Ce que l’on sait moins de l’ex-dictateur et père de l’actuel dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-il, c’est qu’il était aussi un compositeur d’opéras.

La musique, un outil de propagande

Comme tout état totalitaire, la Corée du Nord a fait le choix de la propagande. Reportages, photographies, films, affiches mais, aussi, la musique, sont au service de la glorieuse nation. Sans surprise, les éloges à la nation et l’idolâtrie du peuple pour son leader cachent un régime totalitaire aux frontières hermétiques derrière lesquelles se trouvent des conditions de vie désastreuses, comme le rapporte cet article du Monde.

Kim Il-sung, prédécesseur et père de Kim Jung-il, était également convaincu de l’utilité de la représentation théâtrale comme un parfait outil de propagande. De la même manière que le théâtre révolutionnaire français avait servi la Révolution à la fin du XVIIIe siècle, l’opéra révolutionnaire coréen devait réaffirmer l’identité nationale.

Kim Jong-il, dictateur et compositeur d’opéras

Le début des années 1970 marque le début de l’opéra révolutionnaire en Corée du Nord. Un cocktail de thèmes issus du réalisme socialiste, l’éloge à la nation coréenne et, sans oublier, les louanges à la dynastie des Kim. Dans cet opéra au service de la propagande d’Etat, chaque auteur, acteur, metteur en scène, technicien est un employé officiel du gouvernement.

Chaque production est passée au crible par l’Etat et doit répondre aux critères fondamentaux définis dans "On the Art of Opera", écrit de la main de Kim Jong-il lui-même en 1974, pendant le règne de son père. Alors qu’il fait ses premiers pas dans l’industrie culturelle du pays, le fils du dirigeant nord-coréen en place y définit l’essence même de l’opéra : une solution au problème des masses populaires en lutte pour leur émancipation. Au diable donc le modèle pompeux et incompréhensible des opéras classiques, place aux chants répétitifs afin qu’ils puissent être entonnés par le commun des mortels.

Inspiré de la lutte antijaponaise, l’opéra révolutionnaire coréen ne lésine pas non plus sur les décors somptueux ainsi que sur les danses empreintes de traditions nationales.

Kim Jong-il aurait largement contribué à 5 productions, les dits "grands opéras révolutionnaires" du répertoire nord-coréen. Plusieurs sources racontent qu’ils auraient été joués plus de 1000 fois sur les planches du Grand Théâtre de Pyongyang. "Une véritable fille du parti" raconte le destin d’une militante pendant la guerre d’indépendance. "Mer de sang", qui a valu à Kim Jung-il le titre de "Cher artiste bien aimé", évoque la haine coréenne de l’ennemi impérialiste japonais, tandis que "La femme-fleur" est dédié à une Causette locale qui choisit la voie du socialisme. "Le Chant des monts Kumgang" raconte comment une famille a pu se réunir 20 ans après la fin de l’occupation japonaise. Le dernier opéra du corpus, "Dis-le, toi, forêt !", raconte comment un chef de village coréen a dupé l’occupant japonais en se faisant passer pour leur allié.

Kim Jong-il, un compositeur jusqu’à son dernier souffle

En 2010, un an avant sa mort qui mettra un terme à son règne, Kim Jong-il est en visite à Pékin. Dans sa valise, un opéra de sa composition et pas n’importe lequel : l’adaptation de "Rêve dans le pavillon rouge", un opéra chinois né d’un roman considéré par Mao Zedong comme l’une des plus grandes fiertés artistiques de Chine.

Un an plus tôt, Kim Jong-il aurait également piloté la production d’un autre opéra à l’occasion du 10e anniversaire de la coopération entre la Corée du Nord et la Russie.

Le 19 décembre 2011, les médias officiels du régime communiste ont rapporté que le dictateur avait "succombé à un grand épuisement mental et physique" deux jours plus tôt.

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