Le 6/8

Le saut à ski : une discipline affrontée historiquement avec… de l’alcool

Les JO d’hiver 2022 démarrent bientôt, peu de temps après la fin du mois sans alcool. Les spiritueux ont souvent été consommés par des athlètes de haut niveau, notamment dans une discipline hivernale phare, le saut à ski.

La fin du mois de janvier 2022 marque le terme d’un nouveau Dry January, le fameux mois sans alcool. Les prochains jours seront aussi marqués par le début des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin.

Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef de Sport & Vie et du magazine Zatopek s’intéresse donc à la question suivante : l’alcool et le sport font-ils bon ménage ? Focus sur le saut à ski.

Le sport de haut niveau exige beaucoup de sacrifices et un mental d’acier. La tentation de l’alcool pour se donner du courage et affronter les épreuves sert parfois de solution de facilité. Mais il semblerait que ce sport hivernal ait souvent été entaché par des problèmes liés à la consommation d’alcool.

Nykänen : l’homme de tous les records et de toutes les frasques

Matti Nykänen est l’incarnation parfaite du champion qui a ensuite sombré dans l’alcool.

Le Finlandais a tout simplement tout gagné dans les années 80 : 4 médailles d’or aux Jeux Olympiques dont un triplé historique à Calgary en 1988 sur grand et petit tremplin et par équipes, il reste le seul à avoir remporté les 5 plus grandes compétitions de saut à ski. Ses performances ont bien été aidées par 5 records du monde. Nÿkanen, qui a popularisé la technique du saut en V du Suédois Jan Böklov, est même devenu le premier homme à dépasser la barre des 190 mètres en planant à skis.

Puis arrive la retraite en 1991. S’il tente une reconversion dans la chanson, il ne sera ensuite connu que pour ses frasques : ivresse, bagarres, et deux détours par la case prison, notamment pour tentative de meurtre sur son ex-femme. Il est fauché et vend même ses médailles pour subvenir à ses besoins. Il s’essaie à différents métiers pour remonter la pente avant de décéder en 2019 à l’âge de 55 ans.

Matti Nykänen s’impose sur grand tremplin en 1984 aux JO de Sarajevo
Matti Nykänen s’impose sur grand tremplin en 1984 aux JO de Sarajevo © EPU / AFP

Le saut dans le (verre) vide

Cependant, Matti Nykänen est loin d’être le seul sportif de cette discipline qui a été addict à l’alcool. L’Allemand Sven Hannawald ou le Norvégien Lars Bystøl ont connu des destins aussi tragiques.

Existerait-il un lien entre la dépendance à l’alcool et le saut à ski ? Pour Gilles Goetghebuer, plusieurs facteurs favoriseraient ce basculement, davantage que dans un autre sport de haut niveau : "C’est très difficile d’être sauteur à ski parce qu’il faut tout le temps surveiller son poids. C’est donc beaucoup de renoncements et de volonté. Il y a toutes les heures d’attente, le froid".

Le journaliste sportif pointe aussi une dimension culturelle à l’alcool dans cette discipline : "Aujourd’hui c’est peut-être moins le cas mais dans le temps, on buvait pour se donner du courage avant de sauter d’un tremplin de cette hauteur. Ils prenaient une petite rasade de rhum ou de schnaps. C’était dans les mœurs (depuis les années 50)".

Gilles relate d’ailleurs l’histoire, plus ou moins romancée, du sauteur à ski Hemmo Silvennoinen. Le 1er janvier 1956, il concourait à Garmisch-Partenkirchen pour la 'Tournée des 4 tremplins'. Encore saoul du réveillon de la Saint-Sylvestre, les juges de la compétition ne voulaient pas qu’il saute, mais le skieur était convaincu d’être sobre. Résultat : il saute et remporte la victoire la plus prestigieuse de sa carrière.

© Pressefoto Ulmer / Getty Images

Retrouvez les histoires sportives de Gilles Goetghebuer, et bien d’autres chroniques dans Le 6-8 en semaine sur La Une.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous