Le Salvator Mundi de Léonard de Vinci, porté disparu, refera-t-il bientôt surface en Arabie saoudite ?

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la toile aura fait parler d’elle depuis sa vente record, pour quelque 450 millions de dollars, en 2017. Les spéculations vont bon train pour savoir qui l’a achetée, où elle sera exposée, et surtout si elle est réellement de la main du maître de la Renaissance italienne ou non. Des questions toujours sans vraie réponse, mais tout le monde de l’art a sa propre idée sur le sujet.

Voilà qu’à présent, une nouvelle rumeur vient agrandir les rangs la caravane de spéculations. Et si le Salvator Mundi s’apprêtait, dans quelques années, à être exposé en Arabie saoudite ?

Pourquoi l’Arabie ? Car le mystérieux propriétaire ne serait autre que le prince Mohammed Ben Salmane. L’homme fort du royaume saoudien est, depuis le départ, soupçonné de s’être offert la toile la plus chère au monde. C’est en tous les cas la piste la plus probable.

Or, au milieu du désert du Wadi al-Fann, se tient la spectaculaire oasis d’AlUla et sa cité antique d’Hégra. Un site impressionnant, qui a peu à envier à Petra ou Louxor, et qui a été ouvert au public pour la première fois de son histoire il y a un an à peine. L’endroit est appelé à devenir le fer de lance de la stratégie touristique des autorités saoudiennes. Rappelons que le pays ne s’est ouvert aux touristes de l’étranger qu’en 2019 seulement. Et depuis, malgré la crise sanitaire qui est passée par là, des milliards sont injectés dans des projets colossaux destinés à faire de l’Arabie la nouvelle destination immanquable sur la péninsule. De quoi détrôner Dubaï, et surtout de quoi préparer un avenir décarboné où les principaux clients du royaume ne veulent plus de son pétrole.

L’un de ces projets se situe donc naturellement à proximité d’AlUla. Un titanesque centre culturel, sorti du sable d’ici 2024, qui devrait accueillir un espace muséal d’envergure pour abriter, en star absolue, le Salvator Mundi.

Tout ceci, rappelons-le, n’est encore que supposition. Mais la rumeur est enflée ces derniers jours par un article du Times. Le journal britannique affirme qu’un expert internationalement reconnu, Martin Kemp, a été convoqué en Arabie saoudite pour inspecter l’œuvre d’art. L’homme n’est pas étranger au Salvator, puisque c’est lui qui, en 2009, avait authentifié le tableau comme étant de Léonard de Vinci. Une certification depuis lors remise en question de nombreuses fois.

Professeur d'Histoire de l'Art à Oxford, Kemp a pourtant réfuté la rumeur auprès du magazine The Art Newspaper.

Je n’ai aucun contact direct avec qui que ce soit en Arabie saoudite au sujet du Salvator, et je n’ai certainement pas reçu de "convocation". Je n’ai toujours aucune preuve irréfutable sur la propriété ou l’emplacement du tableau.

Le chef-d'œuvre contesté deviendra-t-il la nouvelle "Joconde" du désert ? Il faudra attendre 2024, au moins, pour avoir une réponse.

Entretemps, le Salvator Mundi sera peut-être un jour une star de Broadway ! En août dernier, une compagnie a en effet annoncé plancher sur un projet de comédie musicale adaptée de son histoire. Une chose est sûre, on n'a pas fini d'entendre parler de cette fameuse toile.