Si on vous dit "logopède", à quoi pensez-vous ? Peut-être (sans doute ?) à un praticien soumettant des exercices à un enfant pour lui apprendre à bien articuler. Il en existe – et heureusement ! –, mais les unions professionnelles insistent : la logopédie, ce n’est pas que ça. Des logopèdes, on peut en trouver ailleurs, et pour d’autres missions. Dans les services de soins aigus des hôpitaux, par exemple. Là, leur rôle est même essentiel.
Le travail du logopède en soins intensifs (SI) concerne surtout la déglutition. Cet acte anodin au premier abord fait appel à des mécanismes complexes et fragiles qui, une fois mis à mal peuvent être lourds de conséquence : pneumonie d’inhalation, déshydratation, dénutrition… autant de choses à éviter à tout prix lorsqu’un patient est déjà au plus mal.
Au début de la prise en charge, le praticien effectue donc ce qu’on appelle un testing déglutition. Cette évaluation permet de déterminer, à partir de critères spécifiques, si une réalimentation du patient est possible et, si c'est le cas, quelle texture alimentaire peut convenir. "S'il n’y avait pas de logopèdes, on réduirait fortement les chances de nos patients de pouvoir une réalimentation ou une alimentation normale", développe Chloé Hugé, logopède aux Soins intensifs et en neurologie aiguë à l’hôpital Epicura de Hornu. "Le travail des logopèdes aux soins intensifs va aussi va aussi permettre au patient d'augmenter ses chances de récupérer sa voix après une intervention chirurgicale, un intubation ou une trachéotomie (NDLR: ouverture de la trachée pour faciliter la respiration)".
En fonction de l’état du patient, l’alimentation est adaptée (aliments plus ou moins solides ou alimentation artificielle) et les organes liés à déglutition sont stimulés. Le défi : réalimenter le patient en toute sécurité.
Le but est similaire en unité de neurologie aiguë, laquelle accueille des patients qui viennent de subir un AVC. Là aussi, la déglutition du patient est souvent lourdement altérée et il faut donc s’assurer qu’il puisse s’alimenter en sécurité afin que son état ne se dégrade davantage. Des premières stimulations langagières peuvent également être opérées pour préparer le long travail de revalidation…